À l’occasion du trentième anniversaire de la Police nationale d’Haïti (PNH), le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) publie un rapport accablant sur les conditions de travail des agents et la gestion de la lutte contre les gangs.
Dans ce rapport publié à l’occasion des 30 ans de création de la Police nationale d’Haïti (PNH), le RNDDH dresse un état des lieux préoccupant. L’organisation y examine notamment l’impact de la situation sécuritaire sur les policiers, le budget alloué à l’institution pour l’exercice fiscal en cours, les efforts de renforcement des capacités et l’efficacité de la lutte contre les gangs armés.
Selon le RNDDH, les agents de l’ordre, en première ligne contre les bandes criminelles, figurent eux aussi parmi les déplacés internes. Des quartiers tels que Carrefour-Feuilles, Delmas ou Solino ont été la cible d’attaques répétées de 2019 à 2024, obligeant de nombreux policiers à fuir leur domicile. Certains vivent dans des conditions inacceptables, logés dans des commissariats qui manquent du strict minimum en matière d’infrastructure.
D’un point de vue salarial, la situation est tout aussi alarmante. Les policiers, hommes et femmes, perçoivent une rémunération largement insuffisante au regard des responsabilités et des risques encourus quotidiennement. Ils opèrent dans un environnement extrêmement hostile, marqué par la prolifération de gangs lourdement armés et des attaques ciblées contre les forces de l’ordre. Malgré des horaires de travail contraignants, leur salaire ne reflète en rien les exigences et les dangers du métier, déplore l’organisme de défense des droits humains.
Le rapport évoque également les efforts de formation entrepris par l’institution. Outre les 33e et 34e promotions sorties en 2024 et 2025, plusieurs formations continues ont été organisées, notamment avec l’appui de partenaires étrangers. À l’initiative de l’Ambassade de France en Haïti et grâce à l’expertise de l’unité d’élite RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de la Police nationale française, au moins 360 agents issus d’unités spécialisées ont été formés dans la maîtrise des armes à feu, l’utilisation de drones et la lutte contre le grand banditisme.
En matière d’équipement, le RNDDH indique que la PNH a reçu entre juin 2024 et juin 2025 divers matériels : armes, munitions, véhicules blindés et équipements de protection. Toutefois, les blindés acquis sous le gouvernement d’Ariel Henry sont décrits comme de très mauvaise qualité, inadaptés au combat, ne servant qu’au transport de troupes. Le gouvernement actuel a annoncé, le 29 mars 2025, l’achat de nouveaux matériels, mais ceux-ci ne sont toujours pas distribués aux forces de l’ordre.
Le RNDDH critique également la communication gouvernementale autour du soi-disant « budget de guerre » de la transition. Selon l’organisme, ce budget n’a de « guerre » que le nom, puisque la PNH ne reçoit que 10 % du budget national. Sur ce montant, 73 % sont affectés aux salaires et charges sociales, ne laissant que 27 % pour les investissements : achats de matériel, construction ou réhabilitation d’infrastructures, etc.
Pendant ce temps, dénonce le RNDDH, des sommes faramineuses sont allouées à l’Exécutif, au Conseil présidentiel de transition (CPT), à la Primature et aux différents ministères, qui mènent un train de vie luxueux sans résultats tangibles pour la sécurité publique.
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