Alors que l’insécurité cloue au sol les vols domestiques réguliers, Sunrise Airways continue d’opérer des charters facturés entre 800 et 1200 dollars.
Face à une insécurité persistante dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, la compagnie aérienne Sunrise Airways, tout comme d’autres compagnies étrangères, a décidé de suspendre ses vols réguliers domestiques. Pourtant, dans un paradoxe qui ne manque pas de faire réagir, la compagnie continue d’opérer des vols charters privés, dont les tarifs varient entre 800 et 1200 dollars américains, soit presque dix fois plus chers que les vols réguliers, jadis proposés à environ 150 dollars.
Ces vols, organisés depuis l’aéroport Guy Malary, sont accessibles à toute personne capable de s’acquitter de ce montant élevé. Selon les informations obtenues par la rédaction de Juno7, ils sont réalisés aussi bien en avion qu’en hélicoptère. Mais malgré leur prix, ces vols ne sont pas garantis : certains passagers sont parfois contraints de patienter quelques jours en raison de reports ou d’indisponibilités.
Dans ce contexte d’exclusion économique pour la majorité des citoyens, une initiative gouvernementale attire l’attention. Selon une source officielle jugée fiable, le gouvernement dirigé par Alix Didier Fils-Aimé envisage de soutenir la relance des vols domestiques réguliers. Un fonds de garantie de plus de 10 millions de dollars américains est déposé dans une banque commerciale aux Etats-Unis, et un protocole d’accord pourrait être signé officiellement dans les jours à venir avec Sunrise Airways pour soulager la souffrance des passagers. L’objectif : permettre une reprise des vols réguliers sur les axes Port-au-Prince–Les Cayes, Port-au-Prince–Cap-Haïtien et Cap-Haïtien–Les Cayes.
Toutefois, une question reste en suspens : si la compagnie juge le climat sécuritaire trop instable pour opérer des vols réguliers accessibles à tous, pourquoi continue-t-elle à proposer des vols privés à un prix exorbitant, au départ du même espace aérien ?
La situation du transport aérien en Haïti reste critique. Depuis que le gang « Viv Ansanm » a ouvert le feu sur un avion à l’aéroport international Toussaint Louverture, plusieurs compagnies étrangères ont suspendu leurs liaisons vers le pays, invoquant des risques trop élevés pour les passagers et les équipages.
Aujourd’hui, arriver ou quitter Port-au-Prince relève du parcours du combattant. Pour les Haïtiens souhaitant se rendre du Sud au Nord ou inversement, les routes restent bloquées, et l’alternative aérienne, réduite aux seuls charters hors de prix, demeure inaccessible à la majorité. Une réalité qui pose de sérieuses questions sur l’équité, la sécurité et les priorités des politiques de transport en Haïti.
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