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Depuis plus de 4 ans (2017-2021) l’Église épiscopale d’Haïti est impliquée dans le trafic d’armes et de munitions qui tuent et font plonger le pays dans le chaos, révèle la DCPJ.
Cela fait plusieurs mois depuis que l’Église Épiscopale d’Haïti fait l’objet d’une enquête dans le d’un scandale lié au trafic d’armes et de munitions. La police vient d’apporter des détails montrant que la saisie de juillet 2022 n’est que la pointe de l’iceberg d’un important trafic d’armes orchestré par des dirigeants de l’Eglise épiscopale en Haiti depuis plus de quatre ans à travers différents ports du pays en utilisant de façon malhonnête la franchise accordée par l’Etat Haïtien.
Tout est parti de la découverte le 15 juillet dernier par les douaniers haïtiens d’un container contenant 18 armes automatiques dont six AK-47, des Galil et M4, un fusil de calibre 12, des pistolets de calibre 9mm, près de 20 000 cartouches de différents calibres, 120 chargeurs, un viseur et des faux billets de banque totalisant 50 000 dollars américains, le tout dissimulé dans des cartons de vêtements. Les premières personnes écrouées par les agents de l’ordre dans le cadre du traitement de ce dossier vont permettre aux enquêteurs de tisser la toile de cette importante organisation qui, sous couvert d’oeuvres humanitaires, a orchestré un trafic meurtrier pour le pays.
L’enquête ouverte par le Bureau des affaires financières et économiques (BAFE), une structure de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour trafic d’armes et de munitions, contrebande, fraude et évasion fiscale, enrichissement illicite, faux billets, blanchiment des avoirs, infractions graves, abus de confiance et associations de malfaiteurs contre l’Etat haïtien a conduit à une liste de suspects long comme le bras. Il s’agit en effet de : Jean Gilles Jean Mary, le père Frantz Cole, Gina Jean-Louis Rolles, Lovenie Louis Jean, le Zimbabwéen Sikhumbuzo Vundla, Alan Dorcé, Alerte Issac, Samson François, Franklin Batista, Fernand Jean Pierre, Rémy Lindor, Rubens Vilmond, le père Jean Mardoché Vil, Camion Saint Germain, Fritz Desiré, Djanicka et Kleber Jules entre autres.
Parmi les suspects seulement cinq et n’ont des moindres ont été arrêtés. Après l’arrestation de Gina Rolles, broker attitré de l’Eglise épiscopale en Haiti, Samson François, Jean Lovenie Louis, père Frantz Cole, secrétaire exécutif diocésain de l’EEH et de Jean Gilles Jean Mary, comptable de l’institution; en septembre 2022, le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Jacques Lafontant, avait émis un mandat d’amener contre le père Jean Madoché Vil, président du comité permanent de l’église épiscopale d’Haïti (EEH) pour trafic d’armes et de munitions. Pour l’instant, il est dans le maquis.
Selon la PNH Madame Gina Jean-Louis Rolles, lors de son audition avait indiqué que c’est le père Frantz Cole qui lui avait contactée. Pour le comptable de l’institution Jean Gilles Jean Mary, la police avait informé que son interpellation est survenue à la suite de l’analyse de plusieurs documents qu’il a signés de 2017 à 2021, autorisant le décaissement de fonds à partir du compte de l’Eglise Episcopale sur le compte d’un trafiquant d’armes international, recherché par la DCPJ, à savoir le Zimbabwéen Sikhumbuzo Vundla. Toujours selon la PNH, l’enquête du BAFE révèle que des transactions ont été réalisées tous les mois vers le compte de ce trafiquant d’armes. Les différents dépôts s’élèvent à environ 30 000 $ américains. Des transactions que l’église épiscopale n’a pas pu justifier aux enquêteurs de la police judiciaire. Mais, considérant que le container d’armes et de munitions a été découvert en juillet dernier on peut supposer que ce trafic s’étend sur environ cinq ans.
La PNH informe aussi avoir procédé à l’interpellation de Djanicka et Kleber Jules, deux individus qui avaient pour mission de réaliser des transactions au nom du trafiquant d’armes africain, Sikhumbuzo Vundla indexé dans ce dossier. Malgré le fait que les responsables de l’église épiscopale ont nié toute relation avec le trafiquant d’armes parce qu’il a été démis, d’après leurs propos, de ses fonctions depuis 2018, mais une perquisition faite par les enquêteurs, là où il s’était réfugié, a montré qu’il avait en sa possession des papiers à en-tête vierge de l’église et des franchises douanières récentes et sa voiture est enregistrée au nom de l’EEH.
Le père Frantz Cole, un homme pas très catholique
Le secrétaire exécutif diocésain de l’EEH,Frantz Cole qui a lui-même été placé en détention est, selon la PNH, très impliqué dans ce trafic, en utilisant les franchises douanières de l’église épiscopale pour favoriser l’entrée illégale des armes et des munitions à travers les différents ports du pays. Cet homme d’église dispose également de plusieurs comptes bancaires tant en Haïti qu’à l’étranger, dont un disposant d’une grosse somme d’argent en dollar américain. Il a également en sa possession plusieurs maisons. D’après la PNH, le père Frantz Cole recevait chaque mois environ 300 000 gourdes du Parlement haïtien, mais l’institution policière n’a donné aucune précision sur les raisons pour lesquelles il recevait ce montant ni s’il s’agit de transaction illégale.
La police n’y va pas de la main morte en donnant plus de détails sur la façon dont l’église alimente le marché illégal d’arme et de munitions dans le pays. Elle précise que les armes et munitions, une fois déchargées du bateau, sont stockées dans une école avant d’être transférées à Carrefour Marasa (Croix des Bouquets). L’enquête révèle également que le réseau de trafiquants d’armes de l’église épiscopale en Haïti, a des connexions avec des gangs criminels, tels que village de Dieu, Torcelle etc. La DCPJ avance aussi que l’un des avocats qui a entrepris des démarches pour le Frantz Cole est aussi l’avocat du chef du gang « Kraze Baryè » Vitelhomme Innocent activement recherché par les forces de l’ordre. Lovenie Louis Jean, deuxième personne interpellée dans ce dossier, habite dans le fief de Vitelhomme Innocent qui a sa tête mise à prix.
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