Depuis déjà une semaine, le pays est en mode « lock » à cause des mouvements de protestation pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse. L’école, le commerce, le transport en commun fonctionnent au ralenti. Face à cette situation, les réactions ne manquent pas. Le jeune président Rosny Cadet lui aussi, dans une lettre ouverte en date du 17 juin, a fait part de ses préoccupations au chef de l’État.
« Aujourd’hui, nous sommes en train de vivre l’une des situations les plus difficiles de notre histoire de peuple. Cette situation est marquée par une crise sans précédent pour notre jeune démocratie. Elle est caractérisée notamment par l’instabilité politique, la violence généralisée sur tout le territoire, l’incapacité à renouveler le personnel politique et la corruption. Cette situation occasionne une chute accélérée de notre monnaie nationale, une dégradation des conditions de vie de la population et un taux de chômage de plus en plus grandissant » constate le jeune président.
« N’importe quel observateur peut constater que nos institutions sont à genoux quand elles ne sont pas inexistantes. Le parlement est décrié, l’appareil judiciaire est lié et ne peut pas rendre justice à qui de droit, l’exécutif pour sa part peine à se reconstituer. En somme, le pays n’est pas dirigé » poursuit-il.
Interpellé par cette situation chaotique, le jeune président estime qu’il faut des efforts surhumains pour sortir Haïti de l’abysse. « Point n’est besoin de vous rappeler que l’heure est grave, nos institutions perdent toutes leurs dimensions symboliques ». « La nation attend que vous soyez à la hauteur des défis de l’heure. Ce moment qui pourrait être l’ultime occasion pour vous de marquer à tout jamais l’histoire de ce pays ne devrait pas vous échapper, de peur que demain ne soit définitivement trop tard » écrit-il.
S’il admet que les protagonistes de cette crise luttent tous, pour un demain plus prometteur, il rappelle toutefois que la jeunesse demeure l’avenir de la nation. Une jeunesse qui, selon ses dires, est en train d’écrire cette page de son avenir, en exigeant une meilleure condition de vie sociale, en rejetant la corruption, l’inégalité sociale, le chômage et l’insécurité. « À l’heure où les autres nations sont en train de réfléchir sur l’avenir de leur pays, de leur jeunesse et des générations futures, nous en tant que jeunes, nous devrions porter nos préoccupations sur les grands défis de l’heure tels que : les grandes innovations, la technologie, l’énergie renouvelable, etc. Malheureusement nous ne savons pas de quoi notre demain sera fait » déplore Rosny Cadet.
Ainsi, demande-t-il au premier mandataire de la nation de prêter attention au cri de désespoir de la jeunesse. « Cette jeunesse à laquelle j’appartiens, Monsieur le Président, est en train de signifier son désaccord à ce système incapable de faire prospérer la nation, mais apte à reproduire la misère. Elle veut être partie prenante de cette nouvelle direction que doit prendre la barque nationale. Elle s’est invitée au cœur des débats politiques et personne ne saurait l’ignorer aujourd’hui. Elle s’attaque à cette configuration socio-économique et politique féroce qui ne cesse de broyer son avenir et celui de la génération future » écrit Rosny Cadet.