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Haïti-Crise : L’économiste Gérald Germain critique l’attitude jusqu’au-boutiste du pouvoir en place et de l’opposition

Invité à réagir sur la conjoncture actuelle du pays ce lundi sur les ondes de Radio Vision 2000, l’ancien ministre des Affaires sociales et du Travail Gérald Germain a déploré la tournure que prend la crise. Il a critiqué l’attitude d’un Président entêté qui veut continuer à diriger même après avoir perdu son pouvoir de convocation.

Le président de la République, selon Gérald Germain, devrait tirer les conséquences de sa mauvaise gouvernance. Jovenel Moïse, selon lui, devrait chercher à résoudre son problème de légitimité auprès des forces nationales. Car, explique-t-il, le chef de l’État ne gouverne pas. Ce qui, selon lui, est dû en partie à sa gestion « ponctuée » d’arrogance depuis le début de son mandat.

Gérald Germain a également critiqué la position de l’opposition qui ne veut pas s’asseoir pour dialoguer. Celle-ci, selon lui, est trop imbue d’elle-même. « Le fait qu’elle réussit à mobiliser quelques milliers de gens, l’opposition croit qu’elle n’a plus besoin de s’asseoir avec le président de la République. C’est une culture jusqu’au-boutiste qui nous a amené à une impasse. Et jusqu’à présent, on ne voit aucune porte de sortie ».

Un dénouement de cette crise passerait par le parlement, à en croire l’économiste. Cette institution, rappelle-t-il, est l’un des remparts de la démocratie. « Lorsque l’Exécutif est contesté sur des sujets bien précis, la seule institution placée pour dire un mot c’est le parlement » a-t-il déclaré, invitant députés et sénateurs à prendre leurs responsabilités.

Gérald Germain a émis des doutes quant à un réel support de la communauté internationale vis-à-vis de Jovenel Moïse. « La première chose qu’un président dans le monde doit faire s’il veut soutenir un régime est de le financer pour qu’il puisse atteindre ses rêves pour son peuple. Si un président américain, un président français […] dit être d’accord avec l’administration de Jovenel Moïse, les décaissements en faveur du pouvoir sont l’un des indices qui permettrait de le vérifier».

Le professeur argumente ses propos en se référant à la promesse faite par la communauté internationale pour le budget 2017-2018. 29 milliards de gourdes étaient prévus en guise d’appui à ce budget alors que seulement trois milliards gourdes ont été décaissés.

En ce sens, le professeur Gérald Germain dit ne pas attendre grande chose de l’international. Il invite la population à ne pas accorder du crédit aux initiatives des organisations régionales sur la résolution de la crise. Il affirme que très souvent, elles ne font que la volonté du pouvoir en place. « Les gens ne doivent pas être dupes, car c’est souvent à la demande de la diplomatie haïtienne que naissent ces initiatives » a-t-il prévenu.

Abordant la question de la mise en place d’un nouveau gouvernement, l’ancien ministre du commerce estime que cette démarche n’a rien à voir avec les revendications populaires. S’il admet qu’un nouveau gouvernement aidera à poser des actions, il estime qu’il ne mettra pas fin à la crise.

Face à cette crise, l’économiste dit craindre que la population ne perde confiance dans le régime démocratique. C’est quelque chose de grave, estime-t-il. Il explique que cette perte de confiance va se manifester aux prochaines élections où le taux de participation va encore diminuer.

Dans le même ordre d’idée, Gérald Germain invite les personnalités en position de leaders à prendre conscience que ce système est arrivé à son terme. Ils pourront éviter que la situation critique de la population ne soit résolue de manière sanglante.

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