Connect with us

Hi, what are you looking for?

Opinion

Haïti/PetroCaribe : l’Immense responsabilité de la génération post 86 …

Par: Witzer MESADIEU 

La dynamique enclenchée, sur les réseaux sociaux comme dans les rues de PORT-AU-PRINCE, des villes de province et dans la communauté ‘’diasporique’’ haïtienne contre les dépenses du fonds Petrocaribe, aura été perçue, pendant longtemps comme l’une des premières démonstrations du réveil de la population, la Jeunesse haïtienne, en majeure partie, face à ses responsabilités. Quelle magnanimité d’avoir compris l’urgente nécessité de prendre en main la ‘’Petrogate’’ ! Après le drapeau, ce n’est pas une catastrophe, mais une cause enfin, nous unit, et toute la nation comme un seul homme, à l’exception, bien sûr, des ‘’Indexés’’, d’une façon ou d’une autre dans ce méga dossier de corruption et de détournements de fonds.

L’utilisation abusive ou le vol de biens publics, commis par quiconque à partir d’aide étrangère ou d’un programme de prêts, empêche aux citoyens d’avoir accès aux services de base, tels soins de santé adéquats, éducation, eau potable. La mauvaise gestion diminue les investissements et les opportunités économiques et perpétue la pauvreté. Le saviez-vous? Bref, la corruption sape la confiance dans les institutions publiques et le soutien à la démocratie et à la réforme politique et économique.

Tout compte fait, quel que soit le stratagème utilisé dans l’ultime objectif de faire obstacle à l’avancement du dossier, inexorablement nous aboutirons pour une fois dans l’histoire de la justice haïtienne, à un procès juste et équitable où la responsabilité de chacun sera fixée en fonction de son degré d’implication dans la gestion des ressources du programme Petrocaribe.

Incontestablement les mouvements des acteurs sociaux relatifs aux fonds Petrocaribe, comme tous les autres de la planète, sont la somme de ce qu’on appelle : «La Théorie de la frustration relative individuelle». C’est-à-dire du décalage entre l’attente de la population haïtienne et la réalité à laquelle elle fait face depuis bon nombre d’années. Cette théorie s’inscrit ici, sur un double désajustement : la dégradation de la situation socio-économique du pays et l’augmentation des attentes de la population.

Au cours de ces années de misère et de pauvreté extrême, la société haïtienne a souffert à cause de l’absence d’infrastructures nécessaires par suite de l’incurie et de la corruption. Pour le monde scolaire et universitaire, le dossier est jusque là accablant. L’école primaire et secondaire a vivoté selon les événements politiques. La qualité de l’offre ne correspond nullement aux exigences du siècle. L’Université n’est pas épargnée non plus. La problématique de la production nationale n’a jamais été posée et planifiée véritablement. C’est la violation systématique des droits sociaux, culturels, économiques et politiques de tout un peuple. Bref, l’échec d’une «transition» politique.

Cependant, dans cette période extraordinairement difficile, la volonté constante de transformer tous ensemble, de manière collective, solidaire, notre Haïti et en faire un espace où nous ferons beaucoup mieux que survivre, où nous pourrons vivre ensemble, en paix, en liberté et dans le bien-être est bien visible.

À la génération post 86 d’Haïti et à la diaspora haïtienne, face à l’étonnante ampleur nationale et internationale que prennent les mouvements sociaux contre l’évidente dilapidation des fonds PetroCaribe, désormais, il faut mobiliser toute une machine de ressources nécessaires pour que cette lutte soit inscrite, une fois pour toutes, dans une perspective d’un renouveau politique porteur d’un projet commun et viable pour le destin haïtien et éviter du coup l’ubuesque erreur de la génération 86, malheureusement, sans aucun projet de transition politique, de démocratie et de société après le départ des Duvalier. Cela est dû, peut-être, soit par amateurisme ou manque de Leadership politique. En tout état de cause, les leaders sont toujours à la pointe du changement, ils se retrouvent certaines fois dans des situations complexes et dynamiques. La petrogate, sans doute, en est une ! Les situations complexes exigent que les leaders prennent en compte plusieurs facteurs déterminants. Ainsi, suite à une analyse approfondie, cinq types de ressources ont été rapidement identifiées pour la transformation positive du pays avec de nouvelles idées rationnelles et pragmatiques pouvant permettre de mieux aborder les mouvements sociaux relatifs à petro ; elles sont matérielles, morales, organisationnelles, humaines et culturelles.

C’est une évidence, la politique «institutionnelle» haïtienne est aujourd’hui en crise ; elle est contestée. Se développe alors de plus en plus une politique que l’on pourrait qualifier de volontaire, dans la mesure où elle est le résultat d’une délibération d’acteurs sociaux. De façon modeste mais effective, nous, acteurs sociaux pouvons contribuer à réhabiliter le primat de la politique. Voilà donc la responsabilité morale des jeunes générations intellectuelles post 86.

Cette conjoncture est une occasion à ne pas rater sous aucun prétexte pour une issue favorable à la crise du pays. À ce point culminant, la Théorie des Cadres, s’impose! Appliquée aux mouvements sociaux, les cadres permettront de désigner des grilles de lecture scientifique du monde social que l’on vit depuis plusieurs décennies comme peuple dans l’ultime objectif de fournir un cadre de compréhension susceptible de faire naître une nouvelle idéologie en vue de l’avènement d’une autre forme d’organisation de l’État. (Moderne et institutionnalisé au service du pays).

Parce qu’un mouvement social est réussi quand l’activité de cadrage reçoit un écho dans la population. Crédibilité et honnêteté de ces cadres faciliteront davantage la tâche aux yeux de la population en quête d’un mieux être depuis fort longtemps. Inconditionnellement, il y a émergence et réussite d’un mouvement social quand il y a congruence entre croyances de l’organisation et valeurs des individus. Utiliser tact et intelligence pour la pleine et entière adhésion de la population à l’idéologie du mouvement.

Sans vouloir tenter de rentrer dans une infernale guerre intergénérationnelle puisqu’il ne saurait y avoir de génération spontanée, je crois qu’il est venu le temps pour la génération post 86 de s’organiser sans délai en vue d’offrir au pays une alternative inclusive et meilleure. C’est à vous de prendre les devants, parce que nombreux d’entre vous sont compétents, honnêtes et dignes avec des visions de développements. Profitez désormais de la quatrième Révolution industrielle pour mieux planifier, coordonner et exécuter les travaux relatifs à la construction de l’Haïti où il fera bon vivre en toute dignité et en toute quiétude. Ces cadres lanceront alors un grand panel de haut niveau de consultations de la population, pour l’agenda d’un plan de développement inclusif avec des recommandations qui détermineront alors toute une série d’objectifs à atteindre.

La politique est essentiellement l’œuvre d’institutions. Elles produisent les décisions, règlent les conflits d’intérêt. Cependant, un sentiment d’inefficacité de la politique hante les esprits. Les citoyens conscients de l’enjeu actuel souhaitent donc s’engager autrement. C’est le réveil citoyen! Vous acteurs sociaux, vous avez l’impérieuse obligation de devenir les cadres de la participation politique, par carence des institutions traditionnelles. Vous allez donner un sens à l’action politique parce qu’elle sera menée dans un cadre collectif ; car la mission des intellectuels, comme je le répète souvent c’est de proposer des solutions novatrices. C’est de là qu’ils tirent leur légitimité. Hommes et femmes sérieux de la génération post 86, il est venu le temps de vous retrouver donc pour le grand sursaut national dans l’objectif de construire une vision globale de la société haïtienne pour les années à venir. Cette politique « institutionnelle » désuète doit être remplacée ; le pays a besoin de vous, acteurs sociaux, qui cultivez les valeurs républicaines pour une rupture des mauvaises pratiques de gouvernance. Sinon, ce sera le même scénario, la même tragédie. Il faut en ce sens continuer à maintenir le flambeau de la mobilisation citoyenne pour que lumière soit faite sur les fonds du PetroCaribe. Ensemble, pour une nouvelle société haïtienne juste, équitable et durable.

Witzer MESADIEU

Plus de contenu