Alors que le mandat de la MINUJUSTH s’achève demain, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a annoncé ce lundi que l’ancienne diplomate du Département d’Etat, Helen Meagher La Lime, présidera le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH).
Selon le Miami Herald, dans ses nouvelles fonctions, Madame La Lime devrait travailler sur des questions relatives aux élections, qui ont été retardées en raison de troubles politiques, et contribuer à renforcer le bilan de la Police nationale d’Haïti (PNH) en matière de droits de l’homme et de respect des obligations internationales. Son bureau se concentrera également sur le problème croissant des gangs dans le pays et lancera un effort de désarmement. Parmi les 125 membres du personnel affectés au BINUH figureront des conseillers en droits de l’homme et 25 conseillers de police.
Si le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits de l’homme (RNDDH), Pierre Espérance, n’est pas étonné par la reconduction de Madame La Lime, il espère toutefois que « cette nouvelle mission aidera à renforcer les institutions haïtiennes et non l’impunité comme on a pu le voir avec la MINUSTAH », a-t-il déclaré à notre micro.
En ce qui concerne le renforcement de la PNH, « il s’agit surtout de renforcer la chaine pénale. Or, nous n’avons pas vu des efforts en ce sens de la part de la MINUJUSTH », déplore Espérance.
« L’un des problèmes avec les missions des Nations Unies, c’est qu’elles coûtent beaucoup d’argent et ne donnent que très peu de résultats. J’espère donc que cette fois-ci, le BINUH va vraiment aider à combattre l’impunité et non la cautionner ; combattre la corruption et non la cautionner. » Car précise Pierre Espérance, « combattre la corruption passe forcément par le renforcement des institutions de l’État. De même que si nous avons tous ces gangs armés, c’est à cause de la contrebande et de la corruption », conclut-il.
Gangrené par plusieurs scandales de corruption, Haïti ne dispose que d’un gouvernement démissionnaire depuis plus de six mois et les élections locales et législatives prévues fin octobre n’auront pas lieu, faute de vote sur la loi électorale.
La nomination de La Lime intervient à la veille de la fin de la présence américaine du maintien de la paix en Haïti après 15 ans dans le pays et au moment où le pays entame son deuxième mois de paralysie suite aux demandes de démission du président haïtien Jovenel Moïse.
Rappelons que le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté, le 25 juin dernier, le projet de résolution 2476, rédigé par les États-Unis, et visant à créer le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Le mandat de cette Mission Politique Spéciale, qui remplace la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) à partir de ce 16 octobre 2019, aura un mandat initial d’un an.
Nancy Roc