Lors d’une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU, Pékin a pointé la responsabilité de Washington dans la montée en puissance des gangs armés en Haïti et appelé à une solution portée par les Haïtiens eux-mêmes.
Lors d’une séance de travail tendue au Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la situation sécuritaire en Haïti, la Chine a vivement pointé du doigt les États-Unis, les accusant d’être directement responsables du chaos dans lequel se trouve actuellement le pays caribéen.
Le représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, Fu Cong, a dénoncé « l’ingérence prolongée » de Washington dans les affaires haïtiennes et a imputé à cette politique l’explosion de la violence des gangs. Il a notamment rappelé que les armes qui alimentent les groupes criminels proviennent majoritairement des États-Unis, et a reproché à l’administration américaine de ne pas appliquer sérieusement l’embargo sur les armes pourtant officiellement adopté.
« Les gangs sont aujourd’hui mieux équipés que la Police nationale d’Haïti », a-t-il regretté, affirmant que la situation est le résultat direct de l’inaction et des choix politiques des États-Unis. M. Fu Cong a également critiqué la décision du président américain Donald Trump d’imposer un tarif douanier de 10 % sur les produits haïtiens, une mesure qui, selon lui, aggrave l’effondrement économique du pays.
Alors que plusieurs membres du Conseil, dont les A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie, Guyana), la France et la Russie, appellent à un renforcement immédiat de l’assistance internationale par une éventuelle mission de maintien de la paix de l’ONU, la Chine a tenu une position différente. Pékin a exhorté Haïti à « former sans délai un gouvernement légitime » et à cesser de compter sur une aide étrangère systématique.
« La République d’Haïti est une nation souveraine », a insisté l’ambassadeur chinois, appelant à un changement de paradigme dans la réponse internationale. Selon lui, la solution ne peut venir que d’une réappropriation nationale de la gouvernance et de la sécurité.
Le délégué haïtien, Éric Pierre, a pour sa part exprimé l’urgence de la situation, décrivant un pays « mourant à petit feu sous l’action combinée des gangs armés, des narcotrafiquants et des trafiquants d’armes ». Il a néanmoins réaffirmé l’ouverture d’Haïti à toute initiative de ses partenaires traditionnels pour éliminer la menace des groupes armés.
Malgré le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), dirigée par le Kenya, la situation demeure critique. La Mission peine à contenir l’offensive de la coalition de gangs Viv Ansanm, qui continue de terroriser Port-au-Prince et d’autres régions.
Face à cette crise, le Conseil de sécurité reste divisé sur la meilleure stratégie à adopter, avec une Chine fermement décidée à rappeler les principes de souveraineté et à dénoncer ce qu’elle considère comme les dérives interventionnistes des États-Unis.
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