“Jovenel Moïse aurait dû annoncer sa démission dans son adresse à la nation. Et l’appel au dialogue du président aurait dû avoir pour tâche de préparer le pouvoir de transition”, voilà ce que pense Michelet Nestor, spécialiste en Droit International des Affaires. Une telle démarche calmerait, selon lui, toute cette colère populaire qui paralyse le pays depuis près de deux semaines.
“En agissant ainsi, le chef de l’Etat, Jovenel Moïse, éviterait au pays de patauger encore plus dans cet état chaotique dans lequel il submerge depuis des temps. Une telle action favoriserait un climat de paix, propice au dialogue. Et les activités pourraient reprendre leur cours”, soutient Michelet Nestor dans son analyse de la dernière adresse à la nation très décriée du président.
De l’avis de ce spécialiste en Droit International des Affaires, le fait pour le locataire du Palais National de s’accrocher autant à son pouvoir, fragilise encore plus la vie sociale. Il prend comme exemple les violentes réactions populaires du mercredi 25 septembre en réponse à son adresse à la nation qui selon
Michelet Nestor, n’a fait que mettre de l’huile sur le feu.
“Face à cette délégitimation de son autorité de président, face à la méfiance populaire, Jovenel Moïse devait profiter de cette adresse pour convier les secteurs de la vie nationale à dialoguer sur la transition, celle qui anticiperait les moindres détails de l’après Jovenel Moïse”, ajoute-t-il.
Plusieurs personnes pensent que le discours n’a pas comblé les grandes attentes. Le président a fait omission de la rareté du carburant, alors qu’il s’agit d’un problème grave ayant paralysé le pays. Aucun mot n’a été placé sur l’inondation de la commune de Petit-Goâve qui a fait beaucoup de dégâts, dont deux morts.
“Le président ne s’est pas prononcé sur l’implication présumée de deux cadres de l’exécutif, Fednel Monchery et Pierre Rigaud Duplan dans le massacre de La Saline, indexés dans le rapport de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), alors que sa décision de garantir la mise à disposition de la justice de ces cadres, prouverait en quelque sorte sa volonté de lutter contre l’impunité. Pire encore, Jovenel Moïse n’a pas garantit la poursuite des enquêtes sur la gestion des fonds PetroCaribe. Il n’a non plus évoqué son intention de se mettre à la disposition de la justice ainsi que tous ses proches collaborateurs cités eux aussi dans la dilapidation de ces fonds”, argumente Michelet Nestor qui estime que de tels éléments pourraient contribuer à pallier la situation actuelle du pays sachant que les citoyens et citoyennes ne réclament que l’arrestation des dilapidateurs et le remboursement de ces fonds.
“Occultant tous ces aspects, Jovenel Moïse, après plusieurs mois de silence revient avec cet appel au dialogue au moment où la vie de la population se détériore à un rythme effréné, et au moment où l’adversité devient encore plus prononcée et renforcée. Un discours fatiguant et lassant qui alimente la colère des citoyens et citoyennes; une colère populaire résultant de l’irresponsabilité et de la corruption pratiquée par les autorités étatiques”, déclare-t-il.
Michelet Nestor critique les autorités étatiques qui dit-il n’ont pas saisi les opportunités offertes par le programme PetroCaribe pour mettre le pays sur la voie du développement. Il y voit une occasion ratée par les gouvernements haïtiens.
Francisco BONHOMME