Le MENFP et le MCC ont célébré le 40e anniversaire de la réforme « Bernard »

Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la formation professionnelle a célébré les 40 ans de la réforme « Bernard »

En collaboration avec le Ministère de la culture et de la communication (MCC), les responsables du MENFP ont célébré ce lundi 4 avril 2022 au lycée national de Pétion-ville le 40e anniversaire de la réforme Joseph C Bernard, décret organisant le système éducatif haïtien en vue d’offrir l’égalité des chances à tous et de refléter la culture haïtienne.

Dans son discours de circonstances, le ministre de l’éducation nationale et de la professionnelle a rappelé que le décret « Bernard », 40 ans après, continue de susciter des débats, de l’intérêt et même des controverses. Mais pour Nesmy Manigat, cette réforme demeure très importante pour le système éducatif haïtien.

« L’une des plus grandes innovations sociales et culturelles de cette réforme est d’avoir permis au créole, langue nationale, d’être non seulement enseigné à l’école mais qu’il sert également comme langue d’apprentissage des autres matières », a indiqué le titulaire du MENFP.

La langue créole, selon le ministre Manigat, permettrait de maîtriser plus rapidement n’importe quelle langue. «Pour comprendre n’importe quelle discipline, il faut la comprendre ; et pour la comprendre, il faut l’étudier dans la langue de votre environnement », a expliqué Nesmy Manigat.

« Et dans tous les pays du monde, l’on commence à apprendre dans la langue maternelle, a ajouté le ministre. Et c’est si et seulement si celle-ci ne se trouve pas parmi les premières langues scientifiques les plus utilisées dans les publications, l’on fait une transition dans une année choisie vers une langue scientifique internationale. Et c’est ce que promeut la réforme « Bernard ».

« L’on enferme pas les écoliers haïtiens en les empêchant de maîtriser le français, l’anglais ou l’espagnol. Mais pour qu’ils aillent plus vite dans leur apprentissage, ils doivent comprendre ce qu’ils étudient », a plaidé Nesmy Manigat, rappelant au passage que cette réforme a coûté à Joseph C. Bernard son poste de ministre à l’époque, en raison de l’incompréhension que suscitait sa proposition.

Le ministre Manigat a par ailleurs annoncé que le MENFP mettra sur pied une commission de réflexion sur le choix du meilleur moment de la transition de langue créole à la langue internationale. Et selon M. Manigat, la société doit se questionner sur le choix de cette langue. « Aujourd’hui, je constate que trois quart des jeunes choisissent l’anglais, l’espagnol pour apprendre et se développer », a déclaré M. Manigat.

Par ailleurs, le ministre a rappelé, sur la base de cette réforme, que l’État haïtien ne devrait plus accorder de diplôme qu’après neuf années à l’école. « Les écoles peuvent continuer à évaluer les élèves en sixième année mais l’État n’accordera de diplôme qu’après la neuvième année fondamentale », a dit Nesmy Manigat.

Dans l’objectif d’appliquer l’esprit de ce décret, le MENFP en a profité pour installer des dizaines de professeurs pour les nouvelles filières du lycée comme : le créole, l’éducation à la citoyenneté, les arts et la musique, l’économie, entre autres, en attendant les cours pour les licences techniques et professionnelles.

Pour la titulaire du MCC, ces installations sont une bonne nouvelle pour le système éducatif qui a tellement besoin des jeunes cadres. « Quand on voit des géologues entrer dans ce système, on se dit que la lutte n’est pas perdue parce que l’on a tellement de choses à faire pour sensibiliser aux menaces naturelles multiples pour la gestion des risques et désastres », a-t-elle déclaré.

En savoir plus :

Musique: “AntolOmaj”, une démo qui rend hommage à trois grands poètes haïtiens