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Rencontre avec Marc-Evens Lebrun, lauréat du prix Chaffanjon

Rencontre avec Marc-Evens Lebrun, lauréat du prix Chaffanjon

Rencontre avec Marc-Evens Lebrun, lauréat du prix Chaffanjon

Port-au-Prince , Haïti .- A tout juste 27 ans, Marc-Evens Lebrun a déjà raflé plusieurs prix dans le domaine du journalisme. Il a été, en 2018, lauréat du prix du Journalisme d’investigation de l’USAID (JSSP) en 2019, lauréat du prix du journalisme des droits humains organisé par l’OPC et tout récemment en septembre, lauréat du  prix Chaffanjon 2020.

Originaire de Port de Paix, Marc-Evens Lebrun est rentré à Port-au-Prince en 2012 pour effectuer ses études universitaires à l’UEH. Il a ainsi étudié les sciences juridiques à la faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) et il a été également à la Faculté linguistique appliquée (FLA). Il est aujourd’hui journaliste, co-fondateur de Imedia, une agence en ligne. Avant de fonder cette agence en 2020, il a été reporter à loop news, présentateur à radio solidarité de Port au Prince, rédacteur en chef à la salle des nouvelles de RCH 2000.

Marc-Evens Lebrun fait preuve d’une objectivité et d’une rationalité exemplaire dans  l’exercice du métier de journaliste. Cette année, son reportage, ” A la rencontre des filles vendues”, mettant en lumière la pratique “Alantran”, qui est une forme de traite des personnes, a été primé par le jury du prix Chaffanjon.

Juno7: Dites nous, qu’est-ce que cela vous fait d’être champion de ce prix ?

Marc-Evens Lebrun : J’ai reçu le prix avec un sentiment de fierté et de satisfaction. Fier de pouvoir, grâce à ce reportage, inscrire mon nom sur la même liste que d’autres journalistes célèbres aussi bien en Haïti qu’en France. Je suis satisfait de voir mon travail bénéficier de cette marque de reconnaissance auprès de mes congénères de journalistes.

Je suis satisfait de pouvoir apporter ma contribution dans la construction d’une nouvelle société en levant le voile sur cette pratique violant les droits des femmes et filles qu’est “Alantran” et qui, par conséquent,  nécessite une attention particulière de l’Etat Haïtien, des institutions évoluant dans le domaine de la traite des personnes, dans la protection de l’enfance et de tous les citoyens haïtiens en général.

Je tire aussi une très grande satisfaction de mon travail parce qu’il met en relief le rôle important que joue  l’enquête dans le travail journalistique. C’est à la fois une preuve que le journalisme en Haïti peut être effectué à un niveau standard contrairement à ce que pensent plus d’un et une invitation à certains de mes confrères journalistes à emprunter la voie du professionnalisme.

Juno7 : qu’est ce qui vous a plu dans cette expérience ?

Marc-Evens Lebrun : découvrir cette mode de vie totalement différente de celle des citadins à Port-au-Prince m’a beaucoup plu sans oublier cette  solidarité entre les habitants. Mais une chose qui a attiré mon attention, a été de rencontrer quelqu’un qui, dans le passé, a été un adepte de Alantran, prendre le contre pied la critiquer aujourd’hui. Je parle de Pierre Rustin qui, quoiqu’avoir payé pour avoir sa femme, juge que cette pratique est une entrave au développement de la localité et à l’épanouissement des jeunes filles dont leur avenir est hypothéqué.

Juno7: comment avez vous eu connaissance du phénomène “alantran?”

Marc-Evens Lebrun : la journaliste Sophonie Louis également travailleuse sociale a tourné, dans le cadre d’un travail, une vidéo dans laquelle un homme faisait mention de la pratique d’Alantran. La vidéo était devenue virale sur la toile. C’est ainsi que J’ai eu connaissance du phénomène qui m’a tout de suite interpellé. Grâce à des amis journalistes j’ai pu géolocaliser la vidéo et entrer en contact avec les gens de la zone.

Juno7: pourquoi avoir fait choix d’un pareil sujet?

J’ai constaté que la pratique Alantran faisait entorse à la loi du 2 juin 2014 interdisant la vente, le trafic des mineurs, la traite des personnes. Suite à de longues réflexions sur les violations des droits humains, la traite des personnes, j’ai décidé de faire choix de ce sujet.

Juno7: Dans l’article, on remarque très peu de temoignages des hommes qui pratiquent “Alantran” , Pourquoi?

Marc-Evens Lebrun : Deux raisons expliquent cela. D’abord, Ils n’ont pas voulu temoigner, le seul qui acceptait de le faire voulait que ce soit en coulisse. Ensuite l’emploi du temps des hommes n’était pas favorable au tournage des vidéos. Ils partaient  très tôt au jardin et rentraient tard le soir au foyer.

Juno7: comptez-vous en faire une cause personnelle ?

Oui. je compte approfondir des études dans les droits humains, notamment la traite des personnes. Aussi, compté-je continuer ma lutte dans la rédaction des travaux journalistiques sur cette thématique et aider ainsi la société à avoir un regard réprobateur  sur la traite des personnes sous toutes ses formes. Je continuerai à éduquer, à travers mes écrits, mes lecteurs et réveiller ainsi la conscience collective sur ce crime qu’est la traite.

Juno7: D’autres projets à venir ?

Marc-Evens Lebrun : De concert avec d’autres institutions nationales et internationales, des ONG évoluant dans le domaine de la protection de l’enfance et de la traite des personnes, je compte lancer, d’ici les 12 prochains mois, une application mobile qui servira comme outil technologique dans la lutte contre la traite des personnes. Nous avons déjà entamé les discussions avec les autorités dominicaines afin d’avoir leur collaboration puisque le phénomène de la traite des personnes est très présente sur la frontière haitianno dominaicaine.

Cette application facilitera un accès efficace rapide et simple à ses utilisateurs. Elle permettra aux populations des deux pays de se renseigner à partir des modules et de textes imagés sur ce qu’est la traite.

Ce sera aussi une application d’alerte qui permettra à ses utilisateurs de contacter rapidement, via un centre de contrôle avec des lignes téléphoniques gratuits, la police de leur pays respectif  pour signaler les cas de traite des personnes. Pour l’instant il nous reste que les suivis administratifs à effectuer auprès du CNLTP( Haïti) et CITIM ( RD).

En savoir plus:

19 octobre 1806. Assassinat de François Capois dit Capois-La-Mort

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