Taraji P. Henson retrace la chute psychologique d’une mère célibataire confrontée à la perte de son enfant, dans une interprétation magistrale qui dépasse la fiction.
Le film Straw plonge le spectateur dans l’intimité déchirante de Janiyah, une mère célibataire qui perd sa fille unique, Aria. Dès les premières images, le ton est donné si vous suivez bien le scénario: la fillette est déjà morte, victime d’une crise survenue alors que sa mère l’avait laissée seule dans la baignoire. Ce n’est pas une histoire sur la mort d’un enfant, mais sur ce qui suit : le choc, le déni, la perte de repères et le combat d’une mère dont l’univers s’effondre.
Dans Straw, Janiyah ne fait pas que pleurer sa fille. Elle tente de survivre dans un monde où plus rien n’a de sens. Elle continue sa routine, comme si Aria était encore là. Chaque matin, elle dépose une enfant absente à l’école, sous le regard de la directrice. Elle va au travail, se bat contre les conséquences d’un quotidien qu’elle ne maîtrise plus. Tout ce qu’elle vit semble réel, mais l’est-il vraiment ?
Le film adopte un regard presque clinique sur l’état de dissociation mentale de Janiyah. À travers elle, le spectateur est confronté à la manière dont le cerveau peut rejeter l’insupportable. Même les dettes scolaires deviennent un prétexte pour se sentir encore utile, capable de protéger son enfant, même au-delà de la mort. Ces fameux 40 dollars, autour desquels elle bâtit tout un drame, n’ont jamais existé. C’est une invention, une tentative désespérée de garder un semblant de contrôle.
La mise en scène frappe par sa justesse. Chaque élément : la scène à la banque, les trajets répétitifs, les dialogues avec des personnages déroutés, montre une femme en chute libre. Et c’est lors d’un appel de sa propre mère, qui lui dit avec force : « chérie … Aria est morte hier soir », que la bulle éclate. La dissociation s’effondre, la douleur brute fait irruption. Tout ce qu’elle pensait avoir vécu n’était qu’un cauchemar psychique, une dernière défense contre l’insupportable vérité.
À travers le personnage de Janiyah, le film met en lumière la violence silencieuse que vivent tant de mères seules. La perte d’un enfant y est montrée non comme un point final, mais comme le début d’un effondrement total : perte d’emploi, précarité, errance psychologique, solitude.
Taraji P. Henson livre ici une performance bouleversante, au-delà du jeu d’actrice. Elle incarne Janiyah avec une intensité rare, puisant dans son propre passé de mère célibataire en difficulté. Ce rôle résonne profondément avec sa propre vie, à une différence près : elle, n’a pas perdu son enfant. C’est cette vérité intérieure qui rend son interprétation aussi déchirante que crédible. Elle ne joue pas Janiyah. Elle la vit.
Straw n’est pas un film de plus sur le deuil. C’est une immersion dans l’invisible : ce qui se passe dans l’âme d’une mère quand tout s’écroule. Un cri étouffé, une douleur qui n’a pas de mots. Et un film qui, lui, trouve le courage de les dire.
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