Politique

Sept personnalités politiques qui ont marqué l’année 2017

Durant l’année 2017, notre agence de nouvelles en ligne s’est renforcée. Notre équipe s’est agrandie. Notre réseau s’est élargi jusqu’à atteindre aujourd’hui près d’un million d’internautes. JUNO 7 est devenue au fil des années une source d’information en ligne fiable consultée par des millions d’Haïtiens tant en Haïti que dans la diaspora. Le format de notre nouveau  site web www.juno7.ht a été bien reçu par nos visiteurs sur la toile. Pour clôturer une année riche en évènements politiques majeures, notre rédaction a décidé de mettre en exergue des personnalités du monde politique qui ont marqué l’année 2017.

Notre choix sera certainement qualifié de subjectif. Comme de fait, il l’est car il a été fait sur la base de notre évaluation, de nos valeurs et de nos principes que tous ne partageront pas. Désormais chaque année, notre rédaction se fera le devoir de publier sa liste des sept  personnalités ayant marqué l’actualité politique par leurs actions eussent-elles été bonnes ou mauvaises, populaires ou impopulaires… Cependant, Nous aurons toujours un parti pris pour celles et ceux qui auront brillé par des actes positifs et patriotiques qui participent au rayonnement de la nation, au renforcement des institutions, à l’unité nationale et au bien-être de la collectivité.

 

1 – Jovenel Moïse

 

Cinquante-huitième président d’Haïti, l’ancien PDG devenu chef d’État boucle une année 2017 difficile.  Après avoir prêter serment le 14 février 2017, suite a une très longue et laborieuse campagne de vingt-deux mois, Jovenel Moïse a essayé d’imprimer sa marque de très tôt. Suspicieux de la lourdeur administrative de l’état, il a fait de la caravane du changement son outil de développement en essayant par tous les moyens de « vendre » cette politique comme étant celle capable de sortir le pays de l’ornière de la misère. Même ses partisans les plus zélés attendent de voir puisqu’en général, la caravane laisse assez perplexe et ses résultats restent encore difficiles à évaluer.

 

Pour faire bouger les choses, durant toute l’année, le président Moise a choisi d’utiliser un langage autoritaire souvent excessif qui n’a pas aidé pas à apaiser l’ambiance nationale toujours lourde et morose. Tout le monde se rappelle du fameux « le président a parlé point barre » qui restera dans l’histoire comme une boutade malheureuse au même titre que celle de Preval (Naje pou’n sòti) ou d’Aristide (wòsh nan dlo pral konn doulè wòch nan solèy).

 

Malgré le support aveugle d’une majorité tant au sénat qu’a la chambre des députés, l’année 2017 a été semé d’embûches pour le jeune président qui a du faire face à une grogne populaire notamment contre le budget du gouvernement de Jack Lafontant, chef de gouvernement effacé par l’hyperactivité et l’omni présence du chef de l’état sur tous les fronts notamment en province. De plus, l’ombre de Michel Martelly continue à  planer sur sa tête l’empêchant de camper sa propre autonomie notamment par rapport à la famille politique PHTK. Même quand il a manifesté par moment des tentatives de démarcation de l’ancien président Martelly, son avenir politique semble inexorablement lié à celui qui l’avait choisi comme dauphin dont il dépend à plus d’un titre.

 

Pour marquer de son rythme l’année 2017, le président Jovenel Moise a choisi de faire de la lutte contre la corruption un leitmotiv récurrent ! La nation apprécie mais bien des  observateurs avisés attendent les actes concrets devant suivre les promesses. A date, ce qui a marqué l’opinion publique, ce sont des diatribes du président et de ses proches contre certaines entreprises du secteur privé, notamment des fournisseurs d’énergie qui ont avec l’Etat des contrats en bonne et due forme. Ces attaques en règle contre des entrepreneurs ayant pignon sur rue ont refroidi un secteur privé déjà craintif dans un pays en quête désespéré d’investissements pour résorber le chômage. Un des défis de 2018 pour le  Président Moïse sera de restaurer la confiance des acteurs du secteur privé, de la société civile et des partis politiques, et tous les autres citoyens qui comme eux restent sur leurs faims bien que toujours disposé à donner au président le bénéfice du doute.

2 – Jerry Tardieu

En 2017, à la Chambre des députés, institution républicaine souvent ankylosée par les  rivalités politiques, le député de Pétion-Ville Jerry Tardieu s’est distingué par son dynamisme hors-norme et ses qualités uniques de rassembleur. A la tête d’une puissante commission en charge de mener une consultation nationale afin de formuler des recommandations d’amendement constitutionnel, Tardieu et ses collègues de la commission ont réussi le pari difficile de mettre quasiment tous les secteurs de la vie nationale et les institutions du pays autour d’une table pour discuter des amendements à apporter à la loi mère.

Tâche des plus difficiles dans un pays aussi polarisé qu’Haïti ou le scepticisme et la suspicion  vis-à-vis de l’autre sont permanent ! Le Sénateur Turnep Delpé, inlassable promoteur du dialogue national, grand apôtre d’une conférence nationale, n’a pas vécu assez longtemps pour voir au moins poindre les germes de ce dialogue national qu’a initié avec succès Tardieu et ses pairs. C’était toute une gageure de mettre sur une table de dialogue étudiants, entrepreneurs, recteurs, paysans, ASEC, CASEC, institutions républicaines, organisations des droits de l’homme, vodouisants, catholiques, syndicats, paysans, secteur populaire…. 

Quel que soit l’issue de cette initiative d’amendement, elle a déjà le mérite d’avoir inclus tous les secteurs du pays. Même nos anciens premiers ministres vivant au pays (huit au total) ont fait fi de leurs différences idéologiques et personnelles pour  accepter l’invitation de la commission à travailler sur l’amendement. Historique ! 

Tardieu est un pur produit de l’institution Saint-Louis de Gonzague ou il a fait toutes ses études. Il est détenteur d’une maitrise en administration publique et spécialisation en économie de l’Université de Harvard.

Sur tous les fronts au Bicentenaire, le député de Pétion-Ville s’est distingué par son leadership au sein de la commission spéciale ayant travaillé sur la loi de l’UCREF, sur la loi de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, toutes deux votées par le Parlement. Sans le vote de ces deux lois, le système bancaire Haïtien était menacé de figurer sur une liste noire du GAFI. 

Durant toute l’année, Jerry Tardieu a mené une bataille pour que soit votée sa proposition de loi sur le crédit bail bloquée par la majorité sur demande de l’exécutif qui insiste pour déposer sa propre loi. Sa proposition de loi sur la nationalité Haïtienne, qu’attend la diaspora avec impatience, est un grand rendez-vous législatif de 2018.

Battant têtu, tribun éloquent et respecté par ses pairs, les prises de parole de Tardieu à la tribune de la Chambre durant l’année 2017 l’ont consacré comme une figure de proue du parlement et un député fonceur à la hauteur des Emile Saint-Lot, Dumarsais Estimé ou Charles Fombrun.

 

3 – Antonio Cheramy

 

Pour sa première année au parlement, le sénateur de l’Ouest, Antonio Chéramy,  s’est fait remarquer par son opposition farouche au projet de loi des finances du gouvernement Moïse-Lafontant qu’il qualifie de criminel, son combat contre le salaire minimum dérisoire imposé aux ouvriers de la sous-traitance et sa guerre déclarée à la gabegie dans l’administration publique.

 

Surfant sur ces trois vagues très populaires dans l’opinion publique et en diaspora, l’ancien chanteur vedette de Brothers Passe a accumulé rapidement un capital de sympathie énorme en politique. Son image déchirant la feuille du budget du haut de la tribune du sénat a été un moment phare de l’année législative de 2017 tant elle est chargée de symbolisme et a charrié bien des remous.

 

Tout au long d’une année marquée par un discours contre la corruption tant de la part du gouvernement que de l’opposition, le Sénateur Cheramy, également président de la commission des affaires sociales du sénat, ne s’est pas fait prier pour traquer au quotidien les anomalies graves qu’il dit déceler au niveau de l’Office nationale d’Assurance (ONA). Durant toute l’année, il a occupé le haut du pavé de la contestation anti gouvernementale tant au bord de mer que dans les médias de la capitale.

 

Pour tous ces combats suscités, et tous les autres qu’il a mené au profit de la transparence dans la gouvernance haïtienne, il est incontestable que le sénateur Kato (de son nom d’artiste) mérite amplement sa place parmi le cercle fermée des acteurs politiques haïtiens ayant marquer l’année 2017.

 

4 – Wilson Jeudy

Durant l’année 2017, le premier citoyen de la commune de Delmas s’est distingué à nouveau par ses prouesses au niveau de la perception fiscale record, de l’électrification de zones préalablement négligées, du nettoyage de la commune et du financement de plusieurs infrastructures (routes, parcs, espaces publics, etc).

En général, les communes haïtiennes sont pauvres donc dépourvues de moyens financiers permettant aux cartels municipaux d’en assurer le développement et le progrès. Ce n’est pas le cas de Delmas, commune la plus riche d’Haïti, qui génère des recettes fiscales permettant au maire Wilson Jeudy de réaliser des performances qui valent à Delmas d’être considéré en 2017 encore comme la plus propre, la mieux structurée et organisée de nos communes.

Né aux Gonaïves en 1963, marié et père de famille, diplômé en Sciences Juridiques, cet Artibonitien natif natal a été successivement Juge de Paix, Directeur de Douane, Chargé de Mission à la TNH, Superviseur de projets au Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications. Après un parcours exemplaire dans l’administration publique une candidature malheureuse à la Présidence,  Le maire Wilson Jeudy continue de jouir d’une bonne réputation et a fait de sa commune une référence en Haïti bien que beaucoup reste à faire.

Malgré les protestations souvent violentes dirigées contre lui, pour 2018, Wilson Jeudy promet de continuer à désencombrer les rues de Delmas des marchands ambulants informels qui provoquent des situations d’insécurité.  D’une main de fer,  il a mené une guerre au commerce informel et son cortège d’operateurs occupant illégalement les trottoirs de Delmas, ce qui lui a valu un capital d’appréciation des résidents de la commune.

 

5 – Moise Jean Charles

S’il est une personnalité politique ayant occupé la une de l’actualité politique en 2017, c’est bien l’ex sénateur Jean Charles Moise. Natif de Milot ne en Avril 1967, chef de file du parti politique Pitit Desalines, Moise a fait ses études classiques à l’école nationale de Milot et au Lycée Philippe Guerrier au Cap-Haïtien. Diplômé en sciences comptables de l’université adventiste de Diquini, rien ne laissait alors présager que ce nordiste réservé et timide aurait un parcours aussi fulgurant dans la politique haïtienne.

Élu maire  de Milot  à  trois reprises et sénateur de la république, cette personnalité qui se revendique d’une gauche révolutionnaire a été à l’avant garde de l’opposition anti-tet kale face à l’ex président Martelly d’abord et aujourd’hui face au président Jovenel Moise… qui fut d’ailleurs un conseiller de l’ex sénateur.

En 2017, on a retrouvé le sénateur Moise a la tête des manifestations contre le pouvoir notamment dans la lutte contre le budget de la république, la question du salaire minimum. Dans son discours musclé et radical, l’ex père conscrit n’a donné aucun répit à l’administration Moise–Lafontant jusqu’à ce qu’il tombe malade en fin d’année.  Les ennuis de santé l’ont obligé à voyager pour Cuba et à prendre du repos selon ses proches. Certains le considèrent comme le fer de l’anse de l’opposition. D’autres relativisent son influence en faisant valoir que sa popularité est fabriquée par des medias acquis à sa cause. Ils en veulent pour preuve ses résultats décevant aux présidentielles et le fait que « Pitit dessalines » n’a aucun représentant au parlement.

En tout état de causes, popularité surfaite ou pas, le natif de Milot reste et demeure un acteur politique qui a marquée l’année 2017. Il continuera certainement à le faire et restera une autre de nos figures « clivantes » et « polarisantes » qui conçoit le combat politique comme une arène entre ennemis où tous les coups sont permis. 

 

6 – Youri Latortue

 

On l’aime où on ne l’aime pas. N’empêche, l’ancien militaire devenu sénateur de l’Artibonite est omniprésent sur la scène politique depuis plusieurs années malgré son jeune âge. Il a su jouer de sa capacité de négociation pour occuper la présidence du sénat en 2017. A partir de ce lieu, il a influencé  bien des décisions politiques durant l’année. Acteur incontournable de la scène politique tumultueuse de 2017, le sénateur  Latortue a pu manoeuvrer de telle sorte que le président Jovenel Moise a du  composer avec lui et son parti Ayiti an Aksyon pour diriger et sortir ses marrons du feu tout au cours d’une année politique tumultueuse ou le pouvoir a été ébranlé par des mouvements populaires et des revendications sociales en série.

 

Sous la présidence de Youri Latortue, les actions du sénat ont été plus visibles et médiatisées lors de cette deuxième année législative. Cette transparence a aussi mis a nu les faiblesses d’un parlement dont les élus ont prouvé en maintes occasions leurs faiblesses, carences et lacunes.

 

L’ancien élève de Saint-Louis de Gonzague, diplômé en droit et aujourd’hui Patron du parti AAA a le mérite de ne pas cacher ses ambitions dans un pays ou nos hommes et femmes politiques avancent en « pavillon masqué » pou répéter la formule du terroir. Il se voit à la plus haute magistrature de l’état. Pour lui, un parti politique n’a de raison d’être qu’à travers son ambition d’occuper le pouvoir … et le sénateur a raison.

 

S’il a été retenu comme une des personnalités politiques de l’année, il n’en reste pas moins vrai que le personnage reste et demeure très controversé. Le scandale des subventions trop gourmandes du parlement et les suspicions entourant le rapport Petrocaribe que d’aucun considère comme une vendetta politique ciblée lui valent des critiques acerbes de toutes part.

7 – René Préval

 

En 2017, Ti René est parti. Entendez René Préval ex président de la république en deux fois, fin stratège politique qui a pesé lourd sur la vie politique haïtienne durant les 30 dernières années. Sa carrière fut exemplaire en ce sens qu’elle a été marquée par des étapes successives dans la hiérarchie politico-administrative haïtienne. Préval a été  Premier ministre, ministre de l’Intérieur, directeur général du Fonds d’assistance économique et sociale avant de devenir président. Durant sa carrière politique hors-pair, René Préval n’a laissé personne indifférent. Il a suscité autant de haine que de passion.

 

Au delà des sentiments des uns et des autres, tout le monde est unanime à reconnaitre à René Préval des qualités d’intégrité, de stratège politique et de rassembleur comprenant bien la réalité politique haïtienne. En ce sens, il va manquer à notre pays en mal de personnages de ce calibre, capable de jeter des ponts, de concilier, d’apaiser. Contrairement à René Préval, nos récents chefs d’état ont manifesté une nature plutôt belliqueuse et provocatrice de Jean-Bertrand Aristide à Jovenel Moise en passant par Michel Martelly. D’ou les difficultés qu’ils ont éprouvé de pacifier la scène politique haïtienne et gouverner par consensus depuis que Préval a quitté le pouvoir. 

 

Durant les premiers mois de 2017, René Préval était très actif behind the scene et recevait régulièrement chez lui les acteurs de la vie nationale tant du monde politique que de la communauté internationale qui était avide de son point de vue. 

L’ex président avait initié une croisade nationale pour convaincre différents secteurs de la vie nationale de la nécessité d’un sursaut patriotique. En privé, il regrettait que les différentes plates-formes créées par son équipe n’avaient pas durées. A sa mort d’ailleurs, la plateforme vérité s’est fendue en deux. D’un coté, les frères Joanas et Jean Gué qui se sont rapprochés du pouvoir en place et de l’autre des fidèles de René Préval comme Paul Antoine Bien-aimé, Antonio Cheramy, Dimitri Vorbe, Jerry Tardieu, René Monplaisir et autres Fritz Longchamps. La rédaction de Juno7 a appris que ces derniers travaillent à la mise en place d’un nouveau parti politique qui ambitionnera d’offrir une alternative entre LAVALAS et TET KALE. 2018 nous le dira …

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