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« Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte » d’Arnold Antonin à l’affiche ce 23 février au Karibe

« Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte » Arnold Antonin à l'affiche ce 23 février au Karibe
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«Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte », un film documentaire d’Arnold Antonin, à l’affiche ce 23 février au Karibe.

Le film documentaire « Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte » du célèbre cinéaste haïtien Arnold Antonin sera à l’affiche le 23 février 2022 au Karibe Convention Center à 16h00. Juno7 a rencontré le réalisateur dans le cadre de la première projection du premier film consacré au père de la patrie haïtienne.

L’un des plus prolifiques parmi les cinéastes haïtiens va donc permettre au public de découvrir sa soixante-deuxième production cinématographique depuis le début sa carrière en 1973. Qu’est-ce qui explique que l’homme qui a été honoré en 2021 comme « Père du cinéma haïtien » produise autant? « Je travaille pour la plupart du temps sur plusieurs films à la fois. Et dès fois celui que je finis avant c’est celui que je commence en dernier. J’ai toujours une liste de dix films surtout des documentaires à réaliser », a-t-il révélé.

D’ailleurs, le cinéma est pour lui une façon de s’adresser aux autres avec des sons et des images tout comme certains écrivent des livres ou peignent des tableaux. « Je fais des films parce que j’ai beaucoup de choses à dire. Et ce pays a beaucoup de choses sur lesquelles faire des films et parler. Je crois que je fais des films pour ne pas sombrer dans le désespoir dans lequel ce pays pourrait porter n’importe qui à sombrer », confie celui qui a été obligé de fuir la dictature duvaliériste en 1960.

Ce dont  » Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte » est le nom

C’est un film qui évidemment raconte la vie de Dessalines et ses luttes. Mais la motivation du cinéaste était d’abord personnelle. « C’était pour moi l’occasion de mieux connaître Dessalines. Tout mon documentaire est basé sur de la recherche. J’ai dû lire tout ce qui avait été écrit sur le personnage pour ensuite y mettre de l’ordre. J’ai voulu réfléchir sur cet homme qui a donné son allure à l’histoire de ce pays, qui a vaincu l’armée de Napoléon Bonaparte », explique-t-il.

Mais aussi parce que Jean Jacques Dessalines est le personnage fondamental dans l’histoire d’Haïti et aussi dans celle de tous les peuples coloniaux. « Dessalines est une figure universelle qu’on a essayé ou bien d’occulter, vilipender ou bien transformer en un dieu. Moi au milieu de tout cela, j’ai essayé de trouver la vérité de Dessalines et ma vérité à moi de façon à la présenter aux publics haïtien et étranger pour qu’on en discute », a relaté Arnold Antonin.

Le producteur précise par ailleurs qu’il fallait mettre en lumière l’homme non pas en réalisant une « biographie sainte mais en le présentant comme un être de sang et de chair, un homme du 18ème siècle d’une fine intelligence, grand militaire et grand politique mais qui était un homme de son temps, empêtré dans les contradictions de l’époque. Un homme avec un destin hors du commun parce qu’il a défié tout ce qui aurait pu être les schèmes de l’époque parce que la révolution haïtienne a été un chambardement de tout l’univers politique, philosophique, religieux et social de l’époque ».

Et avec ce premier film de l’histoire sur Dessalines, le cinéaste espère inciter d’autres projets du genre. « Pour moi, c’est une incitation à ce qu’on fasse beaucoup plus de films sur lui », affirme M. Antonin qui révèle avoir voulu faire un film de fiction, mais ce genre coûte beaucoup plus et a plus d’exigences. Néanmoins, quelques séquences de fictions sont présentes le long du documentaire.,

Si l’auteur admet que le film est produit pour tous les publics, il reconnaît toutefois qu’il s’adresse particulièrement aux jeunes haïtiens. L’auteur du film « Le Président a-t-il le sida ? » souhaite qu’ils apprennent à « connaître la portée de l’œuvre de Dessalines ». « En même temps, la nécessité de réfléchir sérieusement sur notre histoire, sur l’héritage de Dessalines et l’héritage colonial. Et surtout les instrumentalisations qu’on a faites du personnage », a-t-il dit.

Aussi dans la conjoncture actuelle, le cinéaste estime que ce documentaire est une occasion pour tous les Haïtiens.nes de réfléchir sur l’histoire du pays, dans la mesure où Dessalines est quelqu’un à qui on a recours dans chaque moment de crise depuis qu’il a été réhabilité. « C’est difficile de se construire un avenir si on ne connaît pas son histoire », croit-il. En outre, M. Antonin considère ce documentaire surtout comme un appel à protéger les sites historiques haïtiens qui sont en sérieuse difficulté.

La Bataille de Vertières occupe une place de choix dans le film

La Bataille du 18 novembre 1803 menée par les troupes indigènes contre l’armée française tient une place centrale au sein du documentaire. Pourquoi ? « Parce que d’abord, c’est la bataille finale contre l’armée de Leclerc, contre Rochambeau. Ensuite, parce qu’elle a été pensée et menée par Jean Jacques Dessalines. Et comme le film tourne autour de Dessalines, il était extrêmement important de donner une place spéciale à cette bataille », justifie M. Antonin.

Citant l’historien Pierre Buteau, le cinéaste rappelle que la bataille de Vertières n’est certes pas la plus belle des prouesses militaires de Dessalines mais c’est certainement la plus importante. « Cette bataille a été un tournant dans l’histoire moderne de l’humanité et dans l’histoire des guerres modernes, a-t-il paraphrasé. Dessalines y a donné toute la mesure de son talent militaire ».

Aussi, dans ce documentaire, le producteur fait intervenir des intellectuels, des historiens, des professeurs, des politiques de façon, dit-il, à créer une dialectique autour du personnage. Ce qui a été aussi important, selon M. Antonin, était de filmer les sites où Dessalines est passé, où l’armée des indigènes est passée. « Aller sur les traces de Dessalines a été quelque chose de très important. Marchand-Dessalines a été un endroit crucial pour nous de filmer en ce sens. C’est là que l’on retrouve l’emplacement de la maison de Dessalines, celles de Claire Heureuse et de Charlotin Marcadieux et surtout les forts construits autour de ce site », raconte-t-il. Et le film essaie de montrer une partie de ce site qui est une partie essentielle de notre patrimoine, selon ses dires.

« Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte », un brouillon pour un film de fiction

Comme pour ses films de fiction, Arnold Antonin a réalisé de nombreux documentaires les uns plus enrichissants que les autres. De « Duvalier accusé » (1974), en passant par « Jacques Roumain, la passion d’un pays » (2008), pour arriver à « Ainsi parla la mer » (2020), ces œuvres de sont comme une espèce de brouillon pour des films de fiction, selon ses dires. « Toute l’architecture narrative et toute la dramaturgie d’un film de fiction y sont déjà. Il y a tous les éléments d’une vie romanesque : il y a l’amour, la lutte, les antagonismes, les intérêts matériels, les sentiments, la violence, des fins tragiques et d’autres moins », explique-t-il.

« Quand je fais mes documentaires, j’essaie de construire une dramaturgie qui pourrait toute de suite servir de matériau pour faire une fiction », ajoute-t-il. Par exemple, dans le cas de « Dessalines, le vainqueur de Napoléon Bonaparte », il y a tous les éléments pour un film de fiction. La différence c’est que dans un film de fiction il y a souvent un scénario bien ficelé alors que pour un documentaire, l’on est obligé d’improviser plus en raison des imprévus surtout au moment des interviews ou du tournage. « Et quand je les monte, je le fais comme si c’était un film de fiction avec l’idée que si un jour j’ai l’argent nécessaire, je pourrai faire de ces documentaires une fiction.»

À la question pourquoi « Jean Jacques Dessalines le vainqueur de Napoléon Bonaparte » est un documentaire et non pas une fiction, Arnold Antonin explique que tout est une question de budget. À titre d’exemple, « pour tourner un documentaire pendant trois ans, il me faut quelques milliers de dollars, pour un film de fiction il me faudrait des millions de dollars. Ça fait une belle différence ».

Pas de fonds publics pour ce genre de projets en Haïti

Outre le fait d’avoir été braqué par des gamins armés d’engins de guerre en revenant du tournage à Marchand-Dessalines, Arnold Antonin concède avoir rencontré quelques écueils pour produire ce documentaire. Entre l’insécurité et le coronavirus qui ont freiné la production, le cinéaste et son équipe ont mis trois ans avant d’accoucher cette œuvre. En outre, M. Antonin indique ne pas avoir voulu de financement d’aucune institution commerciale pour « Dessalines, le vainqueur de Napoléon Bonaparte ». « Tout le financement, à part mon temps de travail et tous ceux qui ont contribué bénévolement, provient de la Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL) », a-t-il fait savoir. Toutefois, au dernier moment, le producteur a reçu un « petit » soutien financier de la Banque centrale pour la campagne d’affichage autour du documentaire.

Pour produire des documentaires, M. Antonin explique qu’il n’y a pas de fonds publics pour ce genre de projet en Haïti. En général, il essaie d’avoir le soutien de la FOKAL. Comment s’adapte-t-il pour ses films ? « L’on reçoit des petits financements d’institutions sensible à l’art, confie-t-il. Des montants modestes mais qui sont indispensables parce qu’on réalise des films avec des budgets dérisoires. » Mais c’est la seule condition, admet-il, car si l’on attend d’avoir de gros budgets pour faire du cinéma en Haïti, même des films documentaires on en ferait jamais.

C’est un problème qui traverse tout le cinéma haïtien. « Je connais des cas de jeunes actuellement qui ont fini de tourner des documentaires mais qui ont d’énormes difficultés pour la post-production », témoigne-t-il. C’est pourquoi, il a toujours plaidé pour la mise en place d’un fonds d’appui à la création cinématographique. «Une fois l’an, il y aurait un comité de sélection qui choisirait un film de fiction long-métrage, un court-métrage, un documentaire. Comme ça, on serait certain d’avoir une production à ce niveau », prône-t-il. Ce serait déjà un grand pas même si l’exhibition des films pose toujours problème en raison de l’absence de salles pour montrer ces œuvres.

Après « Dessalines, le vainqueur de Napoléon Bonaparte », le public devrait pouvoir prochainement se rejouir devant un film sur un artiste haïtien ou sur un autre politique haïtien et peut-être un film sur l’environnement à l’image d »Ainsi parla la mer ». M. Antonin qui aura bientôt 80 ans dit vouloir continuer à mener ce combat pour l’environnement et contre la dégradation des conditions de vie de la population surtout par rapport aux menaces de changement climatique, de cyclones ou de tremblement de terre comme nous les subissons en Haïti.

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1 Comment

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  1. Jean pierre john steevestre

    7 février 2022 at 12h55

    C’est très intéressant d’avoir un film documentaire sur le père fondateur de la nation,mwen salue reyalizasyon sa a,chapo ba ak tout moun ki rann li posib,yon mèsi espesyal ak monsieur Arnold Atonin

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