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À Port-au-Prince, les déplacés internes augmentent pendant que leurs conditions se dégradent et attirent de moins en moins l’attention de l’opinion publique, alerte le CARDH.
Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) continue de tirer la sonnette d’alarme sur la situation des déplacés internes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Environ un mois après l’exacerbation de la violence des gangs contre la population de certains quartiers de la capitale haïtienne, les déplacés internes ont augmenté et leurs conditions de vie se sont considérablement dégradées, tandis qu’ils retiennent de moins en moins l’attention de l’opinion publique et les interventions humanitaires sont systématiquement réduites.
Dans un nouveau document publié le lundi 25 septembre 2023, le CARDH souligne que les déplacés internes ont nettement augmenté depuis la résurgence des actes de banditisme dans la capitale haïtienne. Aujourd’hui, il y a 45 sites dont 38 à Port-au-Prince. Entre 30 à 35 000 déplacés internes y vivent. L’organisation de défense de droits humains estime que ce chiffre peut être révisé à la hausse parce que des déplacés ayant tenté de retourner dans leur quartier ont dû rebrousser chemin vu que leurs maisons ont été détruites ou pillées, ou encore en raison de la violence instaurée par des jeunes de ces quartiers intégrant nouvellement les activités criminelles.
Des conditions de vie de plus en plus difficiles
Dans son rapport, le CARDH a dressé un tableau assez sombre des conditions de vie des personnes logées au sein de ces sites. Des maladies telles la diarrhée, la grippe, la gratelle, la fièvre, le choléra s’y propagent. Des blessés par balle, des gens ayant des problèmes psychologiques n’ont pas accès aux soins de santé. Même les malades de la tuberculose chassés du Centre Sanatorium sont aussi dans des sites. « Ils n’ont pas accès aux soins réguliers et ne bénéficient non plus d’une prise en charge spéciale », observe le CARDH.
De plus, les sites comptent énormément de nourrissons et d’enfants en bas âge qui dorment parfois sous la pluie, compliquant leur situation, selon le CARDH. D’ailleurs, la moitié des sites contient des nourrices et des femmes enceintes et sur le point d’accoucher ayant besoin de soins spéciaux et urgents.
Outre des femmes qui se prostituent dans ces espaces, le CARDH affirme que des femmes et des mineures y font l’objet de violences sexuelles. Il y a eu au moins un cas de viol sur mineure identifié. Le problème d’éclairage confronté par ces sites favorise ces pratiques, selon l’organisation de défense de droits humains.
Cette situation attire de moins en moins l’attention de l’opinion publique
Le CARDH souligne certes les efforts des leaders communautaires, des bénévoles de la protection civile et des organisations investies dans l’humanitaire. Cependant, leurs interventions restent très limitées. « Ces interventions, largement insuffisantes, sont drastiquement réduites, alors que le nombre de déplacés et de sites augmentent ainsi que leurs besoins immédiats », déplore-t-il.
Le CARDH attire aussi l’attention sur la situation des bénévoles, pour la plupart des victimes aussi et qui travaillent dans des conditions difficiles, n’ont, jusqu’à présent, reçu aucun accompagnement ni encadrement.
Face à cette situation, le CARDH plaide pour une remobilisation autour de la situation des déplacés internes, une nouvelle évaluation des besoins (par secteur) et un plan de relèvement durable qui leur permettra de regagner leur maison (si possible) ou de les relocaliser dans la dignité, d’avoir une activité économique et qui prendra en compte la situation des catégories les plus fragiles.
L’organisation reconnaît que les opérations de la police à Carrefour-Feuilles ont conduit à un calme dans certains quartiers. Néanmoins, en dehors des opérations, elle préconise une présence constante de la police dans ces zones pour aider les déplacés, qui le souhaitent, à retourner chez eux.
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