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11 ans après, un autre goudougoudou meurtrier frappe le pays, mais nous ne sommes toujours pas prêts.
Samedi 14 août 2021, un autre goudougoudou, de magnitude 7.2, plutôt proche de celui du 12 janvier 2010 (7.3), a sorti le pays de son calme apparent. Le pays s’était pourtant bien réveillé. Alors qu’on était entrain de digérer l’effroi suscité par l’assassinat du président de la République en son domicile, les soubresauts de la lutte pour combler la vacance présidentielle et les remous causés par la procédure pénale devant aboutir à un procès de ce crime, un coup sec et violent nous a reveillés. Les secousses d’un goudougoudou.
La terre qui se met à trembler en Haïti n’est pas nouveau. Mais à chaque fois, les réactions des gens – quand c’est violent – les dégâts laissés dans son sillage, les vies emportées, les villes meurtries comme les Cayes ou Jérémie ce fut le cas pour Port-au-Prince, prouvent qu’en plus d’être pris au dépourvu, le pays se morfond dans une torpeur. Comment réagir? Que faire ? Qui est chargé de le faire ? On invente bêtement le plus souvent, on tâtonne toujours à l’haïtienne, on attend impatiemment l’aide de l’extérieur et les résultats mitigés sont surtout au détriment des victimes.
Pendant environ 38 secondes que la terre a tremblé, maisons, bâtiments publics et infrastructures scolaires ainsi que des Églises sont détruits. Plusieurs milliers de morts (1419) et blessés (6900) viennent grossir les bilans toujours partiels de nos autorités. Certes nous sommes très loin des 200 000 morts causés par le séisme meurtrier du 12 janvier 2010. Ce goudougoudou (mot tiré du créole pour qualifier un séisme) qui a mis complètement le pays et particulièrement le centre économique du pays à genoux. Mais celui du 14 août nous a rappelé qu’il faut apprendre à vivre avec le tremblement de terre qui est un phénomène récurent. Mais hélas! nous ne sommes pas prêts.
Dans la gestion de l’urgence, tout de suite après les secousses dévastatrices, nous avons accusé un sérieux manque de préparation. En absence de plan de contingences pour une catastrophe de cette ampleur, dans un pays qui y est pourtant habitué, le ministère de la planification dans un premier temps et le premier ministre par la suite ont voulu que toute aide passe par la direction générale de la protection civile (DGPC). Cette structure habituée à remonter les informations, décréter les alertes, et déployer des brigadiers pour des interventions de faible envergure n’était pas préparée à assumer une telle responsabilité. Depuis 11 ans, elle ne s’est jamais vue confier une telle mission.
C’est pourquoi 48 heures après cette décision, la DGPC n’avait pas rempli ce rôle qui relève de l’improvisation. Pour preuve, lundi 16 août, alors que la dépression tropicale Grace touchait le département du Sud, des images montraient des gens dans des abris de fortune sous la pluie. Même la distribution des tentes en urgence, face à la menace du mauvais temps n’avait pas encore commencé.
L’initiative de centraliser la distribution de l’aide est plus que louable quand on se souvient de l’après 12 janvier 2010 et l’aide qui affluait. Les milliards dépensés seulement pour l’urgence en oubliant le long terme. Le gaspillage et les mauvaises décisions qui font que des familles sont toujours logées dans des camps d’hébergement et qui ont facilité la création du vaste bidonville de Cannaan; 2010 est l’exemple à ne pas suivre.
Mais à trop vouloir se démarquer de cette gestion qui laissait libre cours aux ONG et agences internationales pour toute sorte d’expérimentation on risque de pénaliser les victimes en essayant de tout centraliser. Surtout quand on considère que des gens qui veulent aider dans un élan de solidarité n’ont pas toujours trouvé d’interlocuteur au niveau du Centre d’opération d’urgence national (COUN).
L’autre piège à éviter, c’est la reconstruction à la CIRH, la fameuse commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, mise sur pied en 2010, pour canaliser entre 5 a 10 milliards de dollars américains mobilisés dans le cadre du fonds pour la reconstruction d’Haïti, alors que rien n’a été reconstruit, les mairies n’ont pas été renforcées pour qu’elles veillent au respect des normes de construction des logements dans les villes touchées par ce séisme notamment ni les autres mairies à travers le pays. Car, depuis 11 ans, le nombre d’années qui sépare les deux goudougoudou, Haïti a perdu le pari de reconstruire mieux.
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