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La CIDH préoccupée par la recrudescence de la violence en Haïti

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) se dit préoccupée par la recrudescence de la violence en Haïti, alors que le président Jovenel Moïse refuse catégoriquement d’adhérer aux appels de l’opposition l’invitant à se retirer.

Au moins une personne a été tuée ce week-end alors que des milliers de personnes ont participé dimanche à une manifestation organisée par divers artistes, dont le rappeur Izolan et le chanteur King Kino, appelant  Jovenel Moïse, soupçonné de corruption, à se retirer du pouvoir. Les artistes se sont engagés à organiser une démonstration chaque semaine jusqu’à la démission de Moïse.

Les manifestants ont marché sous une présence policière très discrète contrairement à la veille à Carrefour, où une foule répondant à l’appel de l’opposition a envahi la rue et érigé des barricades de pneus enflammés tout en dénonçant le chômage, l’insécurité et la corruption. Les banques, les magasins et les stations d’essence sont restés fermés.

Dans un communiqué conjoint publié ce week-end, la CIDH et son rapporteur spécial pour la liberté d’expression se sont déclarés préoccupés par la recrudescence de la violence dans le contexte de la crise politique qui sévit en Haïti depuis la mi-2018.

« Cette crise comprend des pressions pour mettre fin au mandat du président et un recours disproportionné à la force par la police pour réprimer les manifestations. La CIDH exhorte l’État à adopter toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit de réunion pacifique et à prendre des mesures urgentes pour préserver la vie et l’intégrité des Haïtiens, ainsi que pour que les journalistes puissent faire leur travail. La CIDH demande en outre à toutes les forces politiques en Haïti de reprendre des négociations politiques pacifiques et de préserver les institutions démocratiques du pays », ont-ils déclaré.

La CIDH a déclaré qu’elle partageait les préoccupations exprimées par les Nations Unies le 2 octobre, concernant l’accès difficile aux hôpitaux et aux services d’urgence et aux éventuelles pénuries d’approvisionnement en eau potable dans des installations critiques, telles que des orphelinats.

Le Sénateur Ralph Féthière tirant sur la foule devant le Parlement – Photo AP

Citant des reportages dans les médias locaux, la CIDH a ajouté: « Le scénario actuel marqué par un profond mécontentement politique et social a servi de toile de fond à la violence, qui a culminé en septembre avec au moins 17 morts lors de manifestations. La CIDH a notamment mis en lumière les événements du 23 septembre, lorsqu’un sénateur haïtien a ouvert le feu près du parlement  Deux personnes – un journaliste et un agent de sécurité – ont été blessés dans cet incident.»

La CIDH a noté que le Rapporteur spécial, dans sa déclaration du 14 juin, à la suite du meurtre du journaliste Pétion Rospide, avait indiqué que les différents actes de violence perpétrés lors des manifestations en Haïti avaient inclus des attaques contre des journalistes couvrant des manifestations publiques.

« La commission rejette profondément ces actes de violence et exhorte l’État haïtien à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la vie, l’intégrité personnelle et la sécurité de ses habitants. L’État doit prendre toutes les mesures nécessaires pour que les manifestations sociales restent pacifiques. »

« La CIDH et son rapporteur spécial insistent sur le fait qu’une manifestation ne devrait être dispersée que sur le devoir de protéger la population et que cela devrait être fait en utilisant les moyens les plus sûrs et les moins nocifs disponibles. Le recours à la force lors de manifestations publiques devrait être exceptionnel et ne devrait être exercé que lorsque cela est strictement nécessaire, sur la base de normes internationalement reconnues. Les autorités doivent rapidement et minutieusement enquêter sur les actions de la police lors de ces manifestations et imposer les sanctions qui s’imposent », ont-ils ajouté.

Haïti continue d’être paralysé, des entreprises et des écoles de la région métropolitaine et de plusieurs villes étant fermées. Des manifestants ont brûlé des pneus, dressé des barrages routiers et se sont affrontés avec la police dans le cadre de l’opération « Poze Sele», au cours de laquelle des partisans s’en sont aux bâtiments du gouvernement. dans le but de les empêcher de collecter des revenus indispensables.

La CIDH est un organe principal et autonome de l’Organisation des États Américains (OEA), dont le mandat émane de la Charte de l’OEA et la Convention américaine relative aux droits de l’Homme. La Commission interaméricaine a pour fonction de promouvoir le respect et la défense des droits de la personne dans le continent américain et servir d’organe consultatif de l’Organisation en la matière. La CIDH se compose de sept membres indépendants élus à titre personnel par l’Assemblée générale de l’OEA et ne représentant pas leur pays d’origine ou de résidence.

 

Nancy Roc

Source CIDH

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