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Éditorial

Haïti face aux gangs armés. La méthode « Bukele » peut-elle marcher ?

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La question est sur toutes les lèvres. C’est celle qui préoccupe la majorité des haïtiens vivant dans la zone métropolitaine encerclée par des gangs qui font la loi impunément. Depuis des années, la sécurité et l’ordre public en Haïti sont mis à rude épreuve. Les victimes se comptent par milliers. Les haïtiens vivent avec la peur au ventre craignant d’être kidnappés, extorqués, braqués, tués et violés. Selon plusieurs rapports crédibles d’organisations de droits humains, les violences exercées contre les femmes sont en hausse. Elles sont les principales victimes des bandes criminelles.

A cause de l’insécurité, l’économie s’écroule et le pays sombre chaque jour davantage dans le chaos. Plus d’un se demande si la PNH peut un jour restaurer l’ordre et la sécurité en Haïti. Une majorité d’experts consultés à ce sujet est sceptique. Sous équipés, démoralisés, corrompus pour la plupart, les agents de la PNH ne montrent pas encore les signes qu’ils peuvent relever ce défi. La menace sécuritaire à laquelle Haïti fait face nécessite vraisemblablement une réponse militaire alors que notre police est plutôt formée pour des tâches policières et administratives classiques.

Cette question obsède tant les haïtiens que les discussions sur les réseaux sociaux tournent souvent autour du cas de Salvador et de son président Nayib Bukele. Ce dernier mène une guerre sans merci contre les gangs de ce pays d’Amérique centrale également gangréné par la violence. A grands renforts médiatiques, des centaines de militaires et de policiers sont montrés à la télévision d’État en train de traquer les criminels pour les repousser dans leurs derniers retranchements.

Cette guerre contre les gangs a conduit à l’arrestation de plus de 60 000 personnes depuis plus d’un an pour leurs liens présumés avec des organisations criminelles, selon des chiffres officiels. Cette méthode ne plait pas à certains notables de ce pays. José Maria Tojeira, l’ancien recteur de l’Université centraméricaine du Salvador qualifie de “show publicitaire” la démarche de Bukele. Cependant, les internautes haïtiens sont d’un avis contraire. Bukele semble avoir non seulement la confiance de la population salvadorienne mais aussi des internautes haïtiens qui font l’apologie de cette stratégie de zéro tolérance.

Au début des années 2010, les gangs paradaient et s’exhibaient sur les réseaux sociaux. Tout puissants, ils étalaient leurs richesses et se vantaient de leurs méfaits avec arrogance. L’arrivée en 2018 du président Nayib Bukele a changé la donne drastiquement. En cinq ans, le Salvador est passé du plus fort taux d’homicide du monde au plus bas de toute l’Amérique. Pour offrir aux forces de l’ordre un encadrement juridique approprié, Bukele a fait voter l’état d’exception. Des droits constitutionnels ont été suspendus et, dans la foulée de cette décision très populaire, les forces armées vont arrêter 60,000 gangsters en 10 mois.

La méthode Bukele, c’est aussi une procédure judiciaire allégée aux fins de favoriser l’efficacité policière et judiciaire. Certaines arrestations peuvent désormais se faire sans mandat d’arrêt. Et Pour incarcérer les fauteurs de trouble, il a fait construire la plus grande prison du monde qui accueille 40 000 prisonniers. Surveillée par 800 militaires et policiers, cette prison est le symbole de la méthode Bukele. Elle est le cauchemar des délinquants qui veulent l’éviter à tout prix car il n’y existe ni droit de visite, ni droit de communiquer avec l’extérieur.

S’il est clair que le Salvador offre des pistes en matière de « politique sécuritaire », il n’en demeure pas moins vrai qu’il faut d’abord en Haïti une volonté ferme des autorités politiques de résoudre ce problème sécuritaire. Il faut aussi une proximité entre le peuple et sa police. La confiance doit régner. Pour le moment, elle n’est pas là. Le peuple haïtien doute de sa police.

Ensuite il faut un accompagnement de la communauté internationale. Il nous faut des drones, des hélicoptères, des munitions des instructeurs, des moyens technologiques et financiers. En dernier ressort, il nous faut un effectif adéquat. Il y a moins de 10,000 policiers en fonction pour une population de 12 millions d’habitants.

La méthode salvadorienne fonctionne parce que tous ses paramètres susmentionnés sont réunis. Haïti peut s’en inspirer. Haïti doit s’en inspirer. Pour qu’un jour revienne la stabilité la paix et le progrès au pays de Jean-Jacques Dessalines.

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