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Ti Kajou, Saint Jude, Tara’s, le calvaire des usagers de la route de Carrefour

Ti Kajou, Saint Jude, Tara's, le calvaire des usagers de la route de Carrefour
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Ti Kajou, Saint Jude, Tara’s, le calvaire des usagers de la route de Carrefour

Entre deux cents gourdes à mille gourdes varie le trajet Fontamara – Centre ville (par Ti Kajou, Saint Jude ou Tara’s) depuis que les guerres entre les gangs armés ont obligé la population à fuir Martissant. Cette troisième circonscription de Port-au-Prince, située à moins de 10 kilomètres du palais national est devenue, par la seule volonté des bandits, l’un des endroits les plus dangereux du pays que seuls les plus braves ou plus résignés fréquentent.

Depuis plus de neuf mois, une bonne partie de la population de Carrefour, Gressier, Léogane et du Grand Sud sont obligés d’emprunter les routes cahoteuses et poussiéreuses de Ti Kajou ou Saint Jude pour se rendre en ville ou vice versa.

Un premier trajet Fontamara- anba mòn assuré par des minibus hiace au prix de 50 gourdes, un deuxième trajet anba mòn- bò antèn assuré seulement par les taxis motos au prix de 100 gourdes et un dernier trajet bò antèn-bò stad assuré par des tap-tap au prix de 50 gourdes, ainsi est détaillé le parcours de ceux qui empruntent la route de Ti Kajou.

Sous un soleil de plomb, Nadine, qui habite à Mariani, évite les taxis motos qui pullulent les coins de rue de Fontamara 43, pour se diriger vers le minibus qui attend d’être complètement rempli de passagers, avant de déraper. Elle dépense au moins 400 gourdes tous les jours pour se rendre en ville, à la rue des miracles où elle vend des fruits.

Il est 11h31 quand, après plus d’une demi heure d’attente, le chauffeur décide enfin de partir avec cette place pour laquelle il n’a pas pu trouver de passager. A peine qu’on a roulé six minutes environ, le chauffeur s’arrête au premier « point de péage », sauf que l’argent ne servira pas à entretenir la route mais plutôt des jeunes garçons dans la vingtaine dans leurs actes de banditisme. Faute de monnaie, le chauffeur, d’une gentillesse née de la crainte, promet de payer à son retour.

Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés à un second poste de contrôle. Deux jeunes garçons tendent une corde en travers de la route, à hauteur du cou, de quoi obliger les chauffeurs à s’arrêter. Pour la seconde fois, faute de monnaie, notre bonhomme promet de payer à son retour.

« Ceux qui préfèrent passer par St jude ou Tara’s payent généralement entre sept cent cinquante gourdes et mille gourdes la course qui est assurée par les taxis motos. Mais moi, à l’instar de beaucoup d’autres personnes qui n’ont pas les moyens pour le faire, je passe par Ti kajou », nous explique Nadine, son panier vide en main.

« Parfois, quand j’ai pas assez d’argent pour me payer un taxi moto, je monte à pied. Cela me prend généralement entre 15 à 20 minutes tandis qu’à moto cela prend entre huit à dix minutes », poursuit- elle.

Certaines personnes préfèrent la route de Tara’s. C’est le cas de Marjorie, employée dans une institution publique, qui doit emprunter la route tous les jours pour se rendre au bureau. Elle raconte:  » cela me prend en moyenne une heure le trajet Taras- Petion ville. Mais c’est moins fatiguant que la route cahoteuse et poussiéreuse de Saint Jude ou Ti kajou. Quand il pleut, la situation est encore pire. C’était le cas ce lundi, on a pas pu traverser tellement la route était boueuse »

Les voitures privées préfèrent la route de Tara’s à celle de Ti kajou. « se pa nenpot machin ki ka monte mòn ti kajou a non », nous lance un chauffeur en pointant du doigt, pour appuyer sa déclaration, les nombreuses voitures garées « anba mòn » entre divers petits marchands de fritures, clairin, bonbons, d’eau etc., par leurs propriétaires qui sont obligés de poursuivre la route principalement le morne Kajou soit à pied soit à moto.

Abandonnée, la route de Martissant est envahie par des eaux malodorantes, des herbes et déchets de toutes sortes et parfois même des cadavres humains. Un silence total est observé dans les transports en commun quand ils traversent cette vallée de l’ombre de la mort. « Je sais que je suis en vie que quand je laisse derrière moi, ce désert de la mort », explique Yves, usager de la route, qui préfère se plaindre de la cherté de la vie plutôt de l’insécurité qui selon lui résulte de la pleine volonté des autorités.

Ti Kajou, Saint Jude, Tara's, le calvaire des usagers de la route de Carrefour

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