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Un requin-baleine dépecé par la population des Abricots

Un requin-baleine pris dans les filets de pécheurs dans la commune des Abricots, a été dépecé par la population ce matin. Ces trois dernières années, ce genre d’incident devient récurrent et inquiétant. Les autorités gouvernementales, dont le Ministère de l’Environnement, ne semblent pas concernées par la perte des grands poissons ou des mammifères marins qui font la beauté et la richesse de notre faune marine, de plus en plus en danger.

Haïti dispose de 75 villes côtières et de neuf départements qui ont une façade sur la mer. Les ressources marines de notre pays pourraient donc constituer un important apport de richesses pour un pays aussi pauvre que le nôtre.

Mais, encore une fois, les négligences humaines et l’absence de décisions gouvernementales, ont de lourdes conséquences sur notre environnement et notre faune marine. Depuis des années, la pêche non contrôlée et la pollution, menacent constamment notre écosystème marin.

Ce matin, un requin-baleine a été capturé dans les filets des pécheurs de la commune des Abricots, traîné sur la plage et abattu par les pécheurs. Il a ensuite été dépecé par la population nous a confirmé Bernard Chauvet, un militant environnemental qui a œuvré des années dans le secteur de la pèche en Haïti, notamment pour Food for the Poor.

Ceci s’est bien passé dans le village des Abricots et non à Jérémie comme voulaient le faire croire les réseaux sociaux, nous a-t-il confirmé.

Si le manque d’éducation est une des raisons pour lesquelles les grands poissons et les mammifères marins sont abattus et dépecés en Haïti, Bernard Chauvet dénonce aussi l’utilisation des filets. « Ils sont illégaux partout dans le monde sauf en Haïti. De plus, il n’y a ici aucune sanction ou loi qui soit renforcée pour les gens qui tuent ces poissons ou mammifères. C’est ainsi qu’une petite baleine a aussi été tuée sur la Côte des Arcadins en novembre 2017. Cela nous a laissé un très mauvais souvenir car sa mère a longé la côte pendant des semaines pour retrouver son bébé », explique-t-il.

Rappelons que le 11 septembre dernier, un bébé femelle lamantin – une espèce menacée et qui a disparu  des Caraïbes au début du XXème siècle, a été capturé par des pêcheurs de Grand Boucan, dans le département des Nippes.  Torturé et mutilé à coups de machettes pendant des heures, l’équipe de Haiti Ocean Project – une organisation à but non lucratif qui fait le monitoring des mammifères marins dans cette région – a essayé de le sauver des mains des pêcheurs ; mais trop tard pour sauver ce bébé lamantin, dont la mère, qui cherchait désespérément son petit, a été repérée jusqu’à Jérémie.

Tant le lamantin que le requin-baleine sont des animaux marins qui ne présentent aucun danger pour l’homme. Le requin-baleine, considéré comme le plus grand poisson vivant actuellement sur Terre- il mesure de 4 à 14 mètres et peut atteindre exceptionnellement 20 mètres de long- est parfaitement inoffensif pour l’homme. À l’image de la baleine bleue, son équivalent chez les mammifères de la mégafaune maritime, ce géant des mers se nourrit principalement de plancton, d’algues et d’animaux microscopiques, qu’il absorbe par sa large bouche.

« Je me suis toujours battu pour la faune marine mais il faut beaucoup de motivation. Le Ministère de l’Agriculture a des représentants dans tous les départements de ce pays, mais cela ne suffit pas », insiste Bernard Chauvet. « Quant au Ministère de l’Environnement, on n’a qu’à regarder les carapaces de tortues qui sont vendues à Pétion-Ville pour constater que, même si ce Ministère ne pouvait pas interdire la vente de ces carapaces en province, le faire à Pétion-Ville pourrait déjà aider ».

Bernard Chauvet attribue la recrudescence de ces captures à la prolifération des filets des pêcheurs près des côtes. «  Il y en a de plus en plus et il n’y a aucune réglementation pour ces filets. Or, plus il y en aura dans l’eau, plus ils captureront des mammifères et des tortues; or ces filets sont mis dans la mer en toute saison et n’importe où. »

Selon M. Chauvet, la présence de ces filets a également beaucoup diminué la pêche migratoire. « On ne peut plus pêcher comme avant car ces filets détruisent tout: ce sont des passoires qui déciment tous les poissons qui serviraient d’appâts aux poissons migrateurs qui viendraient se nourrir sur la côte. Ces derniers ne viennent plus parce qu’il n’y a plus rien à manger à cause des filets.»

Sur les réseaux environnementaux, on apprenait aussi aujourd’hui que quatre lamantins auraient été capturés, le 8 octobre dernier, dans la commune d’Anse-à-Foleur, plus précisément sur les côtes de la Pointe des Icaques. Ces lamantins, auraient nagé pendant quatre jours dans la rade avant que les pêcheurs tendent leurs filets mortels. Cette espèce, disparue de la Caraïbe et qui réapparaît pour la seconde fois en Haïti en l’espace de deux mois, n’a eu aucune chance de survivre, à l’exception d’un seul lamantin qui a réussi à fuir. Les trois autres ont tous été massacrés par les pêcheurs et vendus à la population.

Tous nos efforts pour joindre Mme Altidor, Directrice générale du Ministère de l’Environnement, depuis une semaine, sont restés vains. Idem pour le ministre lui-même que nous essayons de joindre depuis 48h.

Nancy Roc

 

 

 

 

 

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