Si vous aviez des doutes, soyez-en sûr désormais. Des Haïtiens qui tiennent à leur communauté et qui ont le cœur sur la main, ils en existent. C’est le cas de Wilkensy Olivier, 43 ans, qui vit à carrefour-Feuilles. Ce citoyen jouit du respect total de son entourage. Juno7 dresse à travers ce papier un portrait de cet humaniste.
Né en 1976 à Carrefour-Feuilles, Kensy de son surnom, a vécu presque toute sa vie dans ce quartier de la Capitale. Il y a, d’ailleurs, effectué ses études primaires, secondaires et universitaires. Depuis plus de neuf ans, il œuvre dans le développement de sa communauté. Malgré le terrible séisme du 12 janvier, alors que certains cherchaient à quitter le pays, il a décidé de rentrer chez lui après des études en sciences informatiques à Long Island University. C’est précisément à partir de ce moment, constatant les besoins de ses concitoyens, qu’il a commencé à les aider.
Il se rappelle des difficultés qu’éprouvaient certains membres de la communauté à trouver un toit où dormir. Il s’est démené pour les trouver des tentes. Très connu dans le quartier, il reçoit souvent des visites, des lettres sollicitant une aide financière ou matériel. Récemment, après le massacre de plusieurs habitants de Carrefour-Feuilles par le gang de Ti Je, c’est lui qui a organisé une veillée collective à la mémoire des victimes. Il nous confie aussi qu’il apporte toujours sa contribution quand il faut assainir son quartier, qu’il s’agisse de soucis d’électricité, d’insalubrité. En somme, il est très souvent sollicité lorsque la communauté fait face à des difficultés.
S’il n’est membre d’aucune association ou d’organisation, Wilkens admet toutefois qu’il ne fait pas seul ce travail. En ce sens, il nous confie qu’il reçoit l’aide de particuliers. Certains d’entre eux parrainent des enfants dont ils financent les études ; d’autres octroient des dons en matériels. Ceux-ci peuvent être des matériels scolaires ou d’autres servant à organiser des activités en faveur des jeunes de Carrefour-Feuilles.
Élevé dans une famille chrétienne, Wilkensy affirme que ce travail ne s’inscrit pas dans la pratique communément appelée « Fè sosyal ». «Je le vois dans une perspective humaniste ; lorsqu’on a des opportunités que l’autre n’a pas, il faut l’aider». Et d’ajouter que ces actions sont une redevance morale envers sa communauté.
Il révèle en ce sens qu’il n’a aucune prétention politique, il est plutôt motivé par les bénédictions qu’il reçoit. « L’initiative n’est pas politique » déclare-t-il. Si c’était le cas, indique-t-il, il aurait déjà posé sa candidature pour un poste électif comme on le lui a souvent suggéré. Il dit vouloir éviter qu’on assimile ses actions à des fins politiques même quand il n’écarte pas cette possibilité si l’opportunité se présente arguant que se présenter aux élections n’est pas mauvais et que cela reste une prérogative citoyenne.
Malgré ses efforts, Wilkensy admet qu’il n’est pas encore satisfait du résultat de ses interventions. Il explique que la situation du pays reste inchangée. « La misère reste criante, elle a même augmenté » déplore-t-il. Il appelle ses concitoyens ayant des opportunités à suivre la même voie que lui.