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Les haïtiens dans la lutte quotidienne contre l’inflation
Depuis des années, les haïtiens notamment ceux qui vivent dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, se battent chaque jour pour satisfaire à un besoin aussi fondamental celui de se nourrir. À travers un micro-trottoir réalisé par la rédaction de Juno7, des voix se font entendre, décrivant les défis quotidiens engendrés par l’inflation galopante et l’augmentation incessante des prix des produits de première nécessité.
“Depuis ce matin, je n’ai rien mangé. Ma mère n’a pas d’argent pour nous nourrir, moi et mes deux petites sœurs. On crève de faim. On ne sait pas comment on va dormir ce soir si on ne trouve pas quelque chose à grignoter cet après-midi”, nous a expliqué tristement un adolescent de 13 ans que nous avons rencontré à proximité de la Delimart de Delmas 32.
Selon le dernier rapport de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI), l’Indice Général des Prix à la Consommation (IPC), qui était de 373,6 en février 2024, a augmenté de manière significative pour atteindre 391,3 en mars, ce qui représente une augmentation mensuelle de +4,7%, comparativement à +3,1% le mois précédent. Sur une base annuelle, l’inflation s’élève désormais à 26,7% en mars 2024, contre 23,0% le mois précédent.
L’inflation en Haïti a atteint des niveaux alarmants, laissant de nombreuses familles dans un état de précarité extrême. Les témoignages recueillis révèlent une réalité brutale : même le simple fait de se procurer de la nourriture est devenu un défi insurmontable pour de nombreux Haïtiens. “On ne peut pas cuisiner quotidiennement en Haïti. On n’a pas d’argent et les prix des produits ont nettement augmenté. Ces derniers temps, manger un plat de riz est devenu un privilège et un luxe”, a raconté une mère de quatre enfants.
Dans ce contexte difficile, les haïtiens font preuve d’une résilience remarquable. Chaque jour, ils jonglent avec leur budget limité pour trouver des moyens de nourrir leur famille. “On se débrouille avec les moyens du bord. Lorsque j’ai 500 gourdes, je fais soit un spaghetti ordinaire soit je fais frire des œufs que je mange avec du pain en famille. Nous n’avons pas vraiment les moyens, la situation devient difficile dans le pays. Je me suis résignée, je ne peux pas voler les affaires des autres”, a déclaré une dame habitant à Christ-Roi.
Certains travaillent de longues heures et sont mal rémunérés, tandis que d’autres cherchent des solutions créatives pour subvenir à leurs besoins alimentaires. “Je vends du pain, du lait et du sucre pour subvenir à mes besoins. Mais c’est très difficile parce que ce commerce ne me permet pas de subvenir aux besoins de ma famille, car j’ai une femme et deux enfants. Cependant, je m’efforce de satisfaire un peu ma famille car je n’ai pas vraiment de métier, et autrefois j’ai travaillé de longues heures pour un salaire de misère”, a raconté un jeune de 35 ans, assis devant son petit commerce à Delmas 32.
L’impact de la crise alimentaire ne se limite pas à une simple question économique. La malnutrition et la sous-alimentation sont devenues des réalités quotidiennes pour de nombreux Haïtiens, en particulier les enfants et les personnes âgées. L’insécurité alimentaire chronique a des conséquences dévastatrices sur la santé et le bien-être de la population, compromettant l’avenir même du pays.
D’après l’ONU, la dernière analyse de l’IPC révèle que 1,6 million de personnes sont confrontées à des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë en Haïti, ce qui accroît le risque d’émaciation et de malnutrition infantile, notamment dans huit zones du pays.
Face à cette crise humanitaire, les Haïtiens cherchent désespérément des solutions durables. Ils appellent les autorités à prendre des mesures concrètes pour stabiliser l’économie et contrôler l’inflation. “C’est aux dirigeants de prendre des mesures qui seront bénéfiques à la population. Les citoyens ne peuvent plus résister, les membres du Conseil présidentiel de transition doivent agir au plus vite dans l’intérêt de la nation qui croupit dans l’insécurité, la misère et le chômage”, a déclaré un sexagénaire.
De plus, les citoyens demandent aussi un soutien de la part de la communauté internationale pour faire face à l’urgence alimentaire qui sévit dans le pays. Dans un article publié le vendredi 10 mai sur le site des Nations Unies, en un mois, environ 30.000 enfants de moins de cinq ans ont fait l’objet d’un dépistage de la malnutrition, dont plus de la moitié 16.000 ont reçu des soins appropriés pour lutter contre l’émaciation.
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