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Crise de carburant: marché noir et carburant mélangé, la double peine des consommateurs

La rareté de carburant persiste, le peuple haïtien aux abois
Illustration: @Tchooko_92
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Crise de carburant : marché noir et carburant mélangé, la double peine des consommateurs.

La pénurie de carburant persiste à travers le pays. La rareté mais aussi le prix exagéré du carburant compliquent le quotidien des haïtiens. De nombreuses stations-services sont fermées. Dans d’autres, il faut faire la queue pour espérer s’approvisionner en carburant. Parallèlement, seul le marché noir est bien alimenté en produits pétroliers avec un prix exorbitant et parfois avec le risque d’acheter du carburant mélangé avec d’autres substances.

Plusieurs de nos reporters ont constaté que dans les rares stations-services qui ont décidé de distribuer le carburant, les citoyens sont obligés de faire la queue sous un soleil de plomb. Dans certaines pompes à essence, les gallons jaunes affluent. Souvent, des échauffourées éclatent entre des consommateurs. “C’est pas possible. Je suis là depuis ce matin, je ne peux pas acheter un gallon de carburant. Je suis fatigué, l’Etat doit dire un mot. Avec cette rareté au niveau des stations-service, on nous oblige à aller acheter l’essence sur le marché informel”, se plaint un citoyen rencontré à Delmas.

Gallon de carburant sur le marché informel, un risque pour les consommateurs

La file d’attente est très longue dans les différentes stations-services de la capitale. Les consommateurs doivent patienter plusieurs heures pour espérer avoir de l’essence. Mais depuis quelque temps, les activités sont à l’arrêt dans quelques stations d’essence. Cette situation oblige les habitants à se tourner vers le marché informel où la vente illicite des produits pétroliers devient un commerce juteux pour les contrebandiers.

Malgré la hausse du prix du gallon de carburant sur le marché noir, les consommateurs sont obligés de l’acheter à leur risque et péril. Le prix d’un gallon d’essence varie entre 1 250 et 1 500 gourdes. Par ailleurs, certains revendeurs ont trafiqué le carburant en le mélangeant avec d’autres substances, ont déclaré des clients. “On est en grande difficulté à cause de cette pénurie. Il est difficile de s’approvisionner en carburant dans les stations-services à cause des échauffourées. Quand on est obligé d’aller sur le marché informel, le prix d’un gallon est triplé, le pire, des revendeurs ont mélangé l’essence avec d’autres substances. Les dirigeants doivent dire un mot”, a déclaré un chauffeur de taxi-moto.

Même son de cloche pour une dame qui se plaint de cette mauvaise pratique chez les détaillants. Elle se fait des soucis pour le moteur de sa voiture. “On n’est pas rassuré lorsqu’on va sur le marché informel pour acheter un gallon de carburant. Le gaz est trafiqué avec d’autres substances comme de l’eau, de l’huile ou autre. L’année dernière j’ai acheté une mauvaise essence, ça a été une douloureuse expérience”, se rappelle cette dame qui demande l’intervention rapide de l’État.

Pénurie de carburant, les passagers en paient les frais

Des individus qui n’étaient jamais dans le commerce du carburant, sont livrés à cette pratique sur le marché informel. Le marché noir du pétrole rapporte gros mais les passagers sont l’une des principales victimes.

Les chauffeurs de véhicules de transport en commun, les chauffeurs de taxi-moto se plaignent au quotidien pour le prix exagéré du gallon de carburant. Ils fixent les prix comme bon leur semble. Le prix des circuits est doublé, une situation qui met dos à dos les chauffeurs et les passagers. “À présent, je dois avoir au moins 250 gourdes par jour pour faire le trajet Route de Frères à Lalue. En sortant de chez moi je dois payer 50 gourdes pour une course de Frères/PV et 75 gourdes pour me rendre à Lalue”, a détaillé une mère de famille qui travaille au Centre-Ville de Port-au-Prince.

Frustrés par cette situation, des citoyens ont organisé des mouvements de mobilisation dans les rues de la Capitale et des villes de province

Pour exiger l’intervention des autorités face à cette pénurie, la route nationale numéro 1 a été bloquée de très tôt le mardi 30 août 2022 à proximité de la Royal Decameron. Des individus de la zone ont protesté contre la crise du carburant. Mécontents face à cette crise, les protestataires avaient placé des camions et des autobus en travers sur la route.

Des dizaines de chauffeurs de taxi-moto venus de la commune de Pétion-ville avait aussi protesté le jeudi 18 août 2022, contre la vente illicite des produits pétroliers sur le marché informel. Ils exigent l’intervention des autorités pour parvenir à une amélioration de cette situation qui handicape le bon déroulement du transport en commun.

Par ailleurs, des consommateurs estiment qu’il n’y a pas de pénurie de carburant mais plutôt un stratégie pour détourner l’essence vers le marché noir. “Ce n’est pas vrai. Il y a de l’essence. C’est une stratégie pour faire plus d’argent sur le marché noir. On doit réveiller notre conscience. On ne doit pas accepter toutes sortes de choses. Il y a du carburant, on ne doit pas accepter qu’ils nous fassent payer un gallon de gazoline à 1 500 gourdes. On doit se demander comment c’est possible de trouver facilement du carburant tout près des stations-services tandis que c’est une casse tête pour s’approvisionner chez eux”, a demandé un jeune universitaire.

Si le carburant devient rare dans les stations d’essence, le Terminal Varreux continue d’annoncer la livraison qui a été effectuée. Pour la journée de mardi, un total de 85 camions-citernes ont été chargés au centre de stockage pétrolier de WINECO.
Pour la journée du 30 août, 67 camions-citernes ont été chargés tandis que 79 ont été chargés pour la journée du 29 août. Au total, 231 camions-citernes ont été chargés au centre de stockage pétrolier de WINECO durant les trois derniers jours du mois d’août.

Des dispositions ont été prises par les autorités

Les autorités judiciaires ne font pas la sourde oreille face à la problématique des produits pétroliers. Dans un communiqué publié le 19 août 2022, le parquet de Port-au-Prince ayant à sa tête le commissaire du gouvernement Jacques Lafontant dit constaté la recrudescence de la vente illicite de produits pétroliers sur le marché informel et fait injonction aux vendeurs et acheteurs de cesser cette pratique sous peine d’être frappés de mesures privatives de liberté. Il a passé des instructions formelles aux juges de paix et leurs suppléants remplissant la fonction d’officier de police judiciaire et les responsables des commissariats de la juridiction de Port-au-Prince de prendre toutes les dispositions pour faire respecter cette nouvelle mesure du parquet en conformité au décret du 20 décembre 1946 concernant le marché noir et la spéculation illicite.

Parallèlement, le CSPJ dans une circulaire datée du 31 août 2022 portant la signature de Jean-Robert Constant, Secrétaire Technique, a passé des instructions formelles aux Juges titulaires des tribunaux de paix et leurs suppléants afin de prendre toutes les dispositions légales pour freiner la vente illicite des produits pétroliers en conformité à la loi du 20 décembre 1946 mentionné ci-dessus par le commissaire du gouvernement Jacques Lafontant.

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