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Insécurité

Insécurité : Claude Joseph écrit aux représentants du corps diplomatique en Haïti

Insécurité : Claude Joseph écrit aux représentants du corps diplomatique en Haïti

Insécurité: Le Ministre des Affaires Etrangères écrit aux représentants du corps diplomatique en Haïti, des pays amis et institutions partenaires de la démocratie haïtienne.

Le ministre des Affaires Etrangères, Dr. Claude Joseph a adressé une correspondance aux représentants du corps diplomatique en Haïti autour de la remontée des actes de criminalité dans le pays, notamment l’assassinat révoltant du bâtonnier Monferrier Dorval en sa résidence. Pour lui, cette recrudescence de l’insécurité est aussi liée à la stratégie du chaos mise en œuvre par un secteur de la vie politique dans la perspective de fragiliser l’organisation des élections dans le pays. Nous publions in extenso la lettre en question.

Excellences, Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs
Distingués membres du corps diplomatique accrédités en Haïti
Distingués représentants des pays amis et institutions partenaires de la démocratie haïtienne,

J’ai l’honneur de m’adresser à vous en cette circonstance particulière où la République d’Haïti est rudement frappée par le retour de vieux démons anti-démocratiques et rétrogrades. Le climat d’insécurité actuel, orchestré et entretenu par des groupes d’intérêts inavouables, a emporté Me Monferrier DORVAL, bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince. Ce lâche assassinat de ce fervent défenseur des idéaux démocratiques a révolté toute la famille haïtienne. Car, il s’agit d’un violent assaut lancé contre la démocratie haïtienne en construction, le projet de réforme constitutionnelle et la stabilité politique dont Me Dorval était le valeureux héraut.

Une fois de plus, le pays est frappé par le monstre aveugle de l’insécurité qui se réveille à chaque fois qu’il faut organiser des élections pour préserver la démocratie. Ce dernier ne jure que par le pouvoir anti-démocratique de la transition.

Comme le dit le vieil adage : « ceux qui ne tirent pas les leçons du passé sont condamnés à le reproduire ». J’espère sincèrement que, du passé agité de notre laborieuse édification de la démocratie, mon pays ainsi que ses partenaires et amis puissent tirer quelques leçons afin de préserver les acquis démocratiques.

Alors que la nation haïtienne se penche sur les blessures que lui infligent les forces d’inertie, alors que nous nous recueillons devant les dépouilles de ceux qui, comme Me Monferrier Dorval, tombent au front du combat pour la démocratie, nous avons la noble tâche de ne pas céder au désarroi. Mais plutôt, le moment est venu de bien comprendre le jeu des forces anti-démocratiques afin d’enrayer leurs méfaits sur la société haïtienne.

À ces égards, il me semble impératif d’attirer l’attention des amis et partenaires d’Haïti sur les vrais enjeux de ce qui s’y passe. J’en profite pour les inviter à continuer à accompagner le gouvernement et le peuple haïtiens en vue de surmonter les obstacles.

L’heure est grave. La remontée du climat d’insécurité est due à un certain nombre de facteurs dont trois méritent d’être soulignés : d’abord, l’action de casser le monopole et les avantages indus dans les secteurs de l’énergie et du pétrole provoque la réaction de certains oligarques qui font tout pour maintenir leurs avantages ; ensuite, le recours à la stratégie du chaos est la carte maîtresse d’un secteur de la vie politique qui veut tout faire pour qu’il n’y ait pas d’élections dans le pays ; et finalement, si le monstre de l’insécurité a frappé l’un des plus fervents apôtres de la réforme constitutionnelle, c’est pour faire en sorte que celle-ci n’ait pas lieu.

Je voudrais que les pays amis et partenaires d’Haïti en général et le corps diplomatique en particulier comprennent que la démocratie haïtienne est aujourd’hui en proie aux pires menaces du fait de la convergence, entre autres, des trois facteurs précités.

Les bénéfices indus dans le secteur du pétrole sont révélés par l’enquête sur les pertes enregistrées dans le cadre des marchés d’acquisition de produits pétroliers entre mars 2010 et mai 2020. Une enquête conjointe menée par trois organismes étatiques: l’Inspection Générale des Finances (IGF), l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) et l’Unité Centrale des Renseignements Financiers (UCREF), a révélé que, pour la seule période d’avril 2019 à mai 2020, les compagnies pétrolières ont dégagé des bénéfices indus respectifs de quarante-six millions sept mille huit cent quinze dollars américains et 24/100 (46 007 815,24 USD) sur des cargaisons de gazoline et de quarante-huit millions trente-six mille trois cent seize dollars américains et 15/100 (48 036 316,15 USD) sur des cargaisons de diesel.

Ce qui fait un montant de quatre-vingt-quatorze millions quarante-quatre mille cent trente et un dollars américains et 39/100 (94 044 131,39 USD) pour un total de 7 128 853,74 barils de ces deux (2) produits. Et cette somme n’inclut même pas le kérosène qui représente 7,9 % du total des importations des produits pétroliers pour la même période.

En outre, sur la base des documents fournis par la Direction de l’Inspection Fiscale (DIF) impliquée dans les structures de prix des produits pétroliers, l’enquête a révélé que ces bénéfices indus constituent un manque à gagner de l’État d’un montant de cent treize milliards cinq cent sept millions cinq cent soixante-douze mille cinq cent cinquante et un gourdes et 73/100 (113 507 572 551,73 HTG).

Entre avril 2019 et mai 2020, les manques à gagner de l’État ont atteint un pic significatif représentant 35 % du montant total des pertes sur dix (10) ans.

De même, durant la relative durée de quatorze mois marqués par la libéralisation du marché pétrolier, l’État a subi des pertes de l’ordre de trente-neuf milliards six cent vingt-huit millions cinq cent quatre-vingt-dix mille six cent trente gourdes et 65/100 (39 628 590 630,65 HTG).

Il convient de noter que, durant cette même période, le premium des compagnies, qui s’achetait en moyenne à 0,12 centime/gal, a connu aussi une hausse considérable qui a atteint en moyenne 0,22 centime/gal. C’est-à-dire, en considérant la quantité moyenne d’importation mensuelle, soit un million (1 000 000) de barils, un écart de trente-deux millions cinq cent dix-sept mille cinq cent quatre-vingt-huit dollars et quatre-vingt-neuf centimes (USD 32 517 588,89) est constaté dans le coût du prix de revient des produits pétroliers à l’importation.

Il y a donc lieu de comprendre que les oligarques qui dominent ce secteur sont prêts à tout pour continuer à bénéficier de ces avantages indus au détriment des intérêts de l’État et du peuple haïtiens. Il en est de même pour le secteur énergétique où les oligarques essayent de torpiller la réforme mise en œuvre par le chef de l’État en vue de faire échec au projet visant à changer la matrice énergétique du pays.

Par ailleurs, la remontée de l’insécurité est aussi liée à la stratégie du chaos mise en œuvre par un secteur de la vie politique dans la perspective de fragiliser l’organisation des élections dans le pays. L’objectif de ce secteur, comme chacun le sait, est de conduire le pays au retour des pouvoirs inconstitutionnels et antidémocratiques dits de transition.

La corrélation entre la montée de l’insécurité et la volonté de faire obstacle aux joutes électorales par les contempteurs de la démocratie représentative par les urnes n’est plus à démontrer. Bien avant la crise du coronavirus, le secteur politique radical se donnait pour mission de renverser le président élu et démonter les acquis démocratiques. Malgré le fait que le mandat constitutionnel de cinq (5) ans du président Moïse (7 février 2017/7 février 2022) soit en cours, les radicaux ne jurent que par l’installation d’un président provisoire en lieu et place du président élu. Ils se livrent ainsi à un travail de sabotage des acquis démocratiques.

Cependant, je tiens à réitérer la volonté farouche du président Jovenel Moïse à réaliser les élections afin de protéger l’alternance démocratique et passer le pouvoir à un autre président élu, conformément aux prescrits de la constitution, le 7 février 2022. Le Chef de l’État croit dans la vertu du dialogue politique et tend la main à tous les protagonistes en vue d’aboutir à un consensus pour éviter que le pays ne retourne à la case de départ.

Le retour de l’insécurité et de la stratégie du chaos comme cheval de Troie des pouvoirs anti-démocratiques dits de transition ne devrait pas triompher de la seule voie légitime de la prise du pouvoir, à savoir l’organisation des élections en vue d’une alternance sans interruption du processus démocratique.

Nous renouvelons aux amis et partenaires d’Haïti la demande de leur soutien à la mise en marche du processus électoral. En effet, certains secteurs pensent pouvoir créer une situation de chaos qui serait de nature à convaincre la communauté internationale du bien-fondé de ne pas réaliser des élections. Le gouvernement haïtien continuera à croire dans la solidarité internationale à notre démocratie. Le Gouvernement haïtien restera toujours à l’écoute des doléances de toutes les parties prenantes, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de représentants de la communauté internationale avec lesquels elles auraient une relation privilégiée, dans le but de les rassurer de l’équité et de la transparence du processus.

Nous pensons également qu’un soutien de nos partenaires et amis est indispensable pour mener à bien le processus électoral au courant de l’année 2021 en vue de conserver les conditions de gouvernabilité du pays. Certains observateurs se réfèrent à Haïti comme étant un État faible. Nous sommes d’avis que si l’État est faible, c’est parce qu’il a été pendant longtemps en proie à des forces qui n’ont eu de cesse de l’affaiblir. Un État affaibli n’est donc pas un processus irréversible. Voilà pourquoi un soutien multiforme de nos partenaires et amis est urgent afin de renforcer la capacité des institutions publiques à poursuivre le processus électoral.

Il est donc d’une impérieuse nécessité de faire triompher les idées et les valeurs que défendait le professeur, constitutionnaliste et démocrate Monferrier Dorval. Le plus bel hommage que la nation puisse rendre à la mémoire de ce grand patriote haïtien est de réaliser la réforme constitutionnelle qu’il appelait de ses vœux maintenant. Nous avons la responsabilité morale, démocrates nationaux comme internationaux, de concrétiser le rêve de ce grand constitutionnaliste haïtien qui a consisté à donner au pays une nouvelle constitution qui soit à même de garantir la stabilité politique et institutionnelle. La plus haute justice doit lui être rendue dans ce sens. Les forces du chaos ne doivent pas avoir gain de cause.

Enfin, nous ne pouvons que remercier nos principaux partenaires et amis pour leur appui indéfectible à la démocratie haïtienne. Vous tous qui travaillez avec nous pour la réparation des réseaux électriques ; vous qui nous aidez dans les efforts pour stabiliser la dépréciation de la gourde ; vous qui nous promettez déjà une mission d’observation des élections ; vous qui soutenez l’État haïtien dans le cadre d’un appui budgétaire ; vous qui nous avez accompagnés dans notre victorieuse lutte contre la propagation du coronavirus, au nom du Président de la République SEM Jovenel Moïse, au nom du gouvernement et peuple haïtien, je vous dis de tout cœur : merci.

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