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Pradel Henriquez exige justice pour Jovenel Moïse qui n’avait pas ses mains souillées de sang

Pradel Henriquez exige justice pour Jovenel Moïse qui n'avait pas ses mains souillées de sang
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L’ancien ministre Pradel Henriquez exige justice pour Jovenel Moïse qui n’avait pas ses mains souillées de sang.

Pradel Henriquez, ancien ministre de la culture et de la communication de Jovenel Moïse, a, dans un texte en hommage au chef de l’État assassiné, exigé que justice soit faite. Entre souvenir partagé avec le président lors des conseils des ministres, l’expérience d’avoir servi à ses côtés pendant plus d’un an, et sa soif de justice, Pradel Henriquez laisse parler sa tristesse Nous publions in extenso son texte.

HOMMAGE
À
JOVENEL MOÏSE ASSASSINÉ

ET QUE JUSTICE
SOIT FAITE ….

Par Pradel HENRIQUEZ

Dans la nuit du 6 juillet au 7 juillet, entre1h30 et 2h30 du matin, à peu près, un commando constitué de mercenaires colombiens et d’haitianos américains, a exécuté le Président de la République, Jovenel Moise tout en le torturant et en l’humiliant.

Cette exécution crapuleuse réalisée visiblement par des professionnels du crime international sous l’instigation d’acteurs économiques et politiques haïtiens, a pu avoir lieu en la résidence privée du couple Jovenel Moise et Martine Moise, sise à Pèlerin 5, non loin de Pétion – Ville.

Il n’y a pas de doute que Jovenel Moise, Président de la République dont le mandat devait arriver à terme le 7 février 2022, avait commis beaucoup d’erreurs .

Et l’une des plus graves erreurs du Président Jovenel Moise, a été qu’il avait toujours vécu en voulant faire une ” confiance aveugle”. Tandis que certains médias et des éléments de la classe intellectuelle, politique et économique se sont mis ouvertement d’accord pour lyncher Jovenel Moise, de sa campagne électorale, 2015 et 2016, à nos jours, lui, Jovenel Moise, pourtant, n’avait jamais cessé de vivre comme un ange, sur une autre planète.

De fait, en Conseil des ministres, Jovenel Moise, en bon philosophe, était toujours fier de rappeler à ses ministres et à ses collaborateurs que ses mains ne sont nullement souillées de sang. Tandis qu’une partie de l’opposition s’amusait à présenter chaque crime commis sur le territoire comme un crime signé Jovenel Moise personnellement. Elle a donc tenté ainsi systématiquement de salir l’image du Président, comme elle l’avait toujours fait auparavant pour tous les autres Présidents d’Haiti, de notre époque actuelle, tout en essayant de faire passer le Président Moise pour un assassin afin de préparer psychologiquement la voie à son assassinat tragique.

Entretemps, ce Président qui fait l’objet de tous les complots, s’est engagé “tête baissée” dans des réformes majeures comme celles liées à la Constitution, à la justice, au code pénal, à l’électricité ou à l’énergie, aux infrastructures, aux eaux de surface… pour ne citer que ces secteurs qui pour Jovenel MOÏSE, étaient en fait de véritables priorités politiques.

Il annule des contrats juteux, s’attaque aux intérêts des classes traditionnelles corrompues croyant pouvoir réformer Haiti qui avec le temps, n’est devenu rien d’autre qu’une véritable mafia.intraitable et farouche.

Jovenel MOÏSE, l’ex-Président, s’imaginait à peine que ces actes à caractère réformiste, pourraient engendrer des répliques à ce point, violentes comme celles qui ont conduit à son assassinat crapuleux.

Madame Martine Moise, épouse de Jovenel MOÏSE, avoue lors de l’une de ses entrevues, que Jovenel Moise, son époux, était loin de penser que la haine suscitée par ses projets, par ses programmes, par son désir de réformes, par sa foi en un lendemain meilleur, par son discours, par son optimisme en son pays, pouvait déboucher sur un crime aussi violent.

En effet, les classes traditionnelles ont depuis toujours imprimé à notre pays, un système mafieux et ont juré de dénigrer , de détruire, de tuer sans état d’âme, quiconque toucherait à ce système. Ces classes n’ont jamais vraiment aidé à construire notre pays. Au contraire, on aurait dit de vrais flibustiers, ils ont tout torpillé…
Et nous voilà aujourd’hui, dans un trou sans fond.

Métaphoriquement, ils ont leurs élèves, ils ont fait école. Ils ont leurs universités, leurs sous-fifres, afin de renouveler le système mafieux avec ses injustices et ses violences par tous les moyens. Ils ont leurs chiens de garde, leurs antennes, ils ont des pépinières de voyous et de délinquants, des pépinières d’assassins et des laquais qui ont finalement réussi à rendre le pays invivable. Ils ont tout. Ils ont le beurre, l’argent du beurre et la beurrerie comme aurait l’immortel Marc Bazin.

Les dieux du mal ont gagné.
Champagne, mesdames et messieurs, champagne…

Ainsi, Jovenel Moise est assassiné dans la nuit du mardi 7 juillet 2021. N’était- ce que le méchant finit toujours par faire une oeuvre qui le trompe et que le Gouvernement précédant celui de Ariel Henry, au lendemain du 6 juillet, n’avait pas jugé bon de déserter en accomplissant ce que notre réalisateur cinématographique, l’immortel Jean Gardy Bien- Aimé aurait appellé sans doute un ” miracle de la foi”. Il a décidé de traquer magistralement les mercenaires, en les stoppant, en les conservant au frais comme des ” pièces à conviction “, en les montrant au peuple, seul détenteur de l’histoire et de la vérité.

En quadrillant le pays à temps, en fermant ports et frontières, en réclamant illico que les rues soient
” blanches”, en cernant comme des vieux rats, ces petits mercenaires qui se sont retrouvés dans leur mission comme dans une impasse sans issue, le Gouvernement de Claude Joseph a montré que quelque part, il y avait encore une gestion de la crise. Si non, on en serait aujourd’hui au chaos le plus brutal et le plus inhumain avec, par dessus tout, des délinquants étrangers lourdement armés, en quantité indéfinie jusque-là, en ce matin triste petit matin du mercredi 7 juillet 2021, qui errent à travers nos rues. Ils auraient le pouvoir de frapper à toutes nos portes, de violer nos femmes et nos enfants, de tuer qui ils veulent , d’éxecuter leur fameuse liste de personnalites à eliminer, de faire irruption où ils veulent y compris peut-être au ministère de l’économie et des Finances, à la BRH, Banque nationale de la République d’Haiti et qui sait, au fantasmatique Palais national.
waou…

Dieu seul sait que le dimanche 4 juillet 2021, lors de son dernier Conseil des ministres, juste avant son assassinat, soit exactement deux ( 2) jours, Jovenel Moise commentait avec nous, les limites de la Constitution de 1987, en la qualifiant d’ouvrage destiné à satisfaire la soif jamais assouvie des
” Oligarques corrompus”.

Il a repris nommément pour le Conseil des ministres de ce dimanche 4 juillet 2021, les cinq (5) familles haïtiennes gardiennes du système, tout en rappelant que ces cinq (5) noms de famille étaient en fait les cinq (5) articles de la Constitution de 1987 qui n’existe pas en réalité, selon Jovenel Moise.
Il n’y a pas une Constitution haïtienne de 1987, nous dit Jovenel Moise, ce dimanche 4 juillet 2021, il n’y a que cinq (5) articles de la Constitution correspondant à cinq (5) grandes familles bourgeoises haïtiennes qui ont pris d’assaut, selon lui, notre budget annuel, notre trésor public, notre système politique et économique.

Est-ce pour cela, entr’autre, qu’il était urgent pour Jovenel MOÏSE, de changer la Constitution haïtienne et d’en avoir une nouvelle Constitution qui permettrait d’appliquer le principe de l’équilibre des pouvoirs et d’intégrer la diaspora , la jeunesse et les femmes haïtiennes.

Ainsi, Jovenel Moise , sans se rendre compte que sa philosophie et sa démarche stratégique pouvaient nuire à celles et ceux qui détenaient chez nous, depuis toujours, tous les monopoles possibles et impossibles, a parfaitement milité lors de son mandat présidentiel pour que les chances soient égales pour toutes et pour tous.
Il était prompt à parler d’inclusion et absolument prêt dans sa logique, à inclure même les Oligarques qu’il avait hâte pourtant de critiquer, certes, pas pour leurs richesses régulièrement acquises, mais plutôt , comme des prédateurs parfois, pour leur propension à faire main basse sur tout ce qui bouge. Tandis que la misère collective et le sous-développement sont cruels et les élites, tel que cela se passe ailleurs, détiennent traditionnellement une bonne partie des réponses aux problèmes cruciaux de nos sociétés.

Pourquoi ailleurs et pas ici ? Pourquoi pas ici ? Autant se demande Jovenel Moise qui a touché à tout en même temps parce qu’il voulait faire vite. Il a compris trop tard qu’un mandat de cinq (5) dans un pays qui souffre amèrement comme le nôtre, ne devait être croqué qu’à belles dents . Il s’époumonnait, s’impatientait, il s’épuisait à penser aux solutions , à réfléchir aux ressources, à bousculer sans cesse ses ministres qui , dans le temps imparti, ont des obligations de résultats , en particulier au profit des plus faibles, des marginaux, des paysans qui représentent en fait ses semblables. Il s’identifiait à eux constamment.

Il est bel et bien assassiné, Jovenel Moise, dans la nuit du 6 au 7 juillet pour sa vision, ses origines sociales ou sa couleur de peau. A tout cela, j’ajouterais que les circonstances relatives au financement de sa campagne , s’il en est, comme potentiel Président de la Republique, n’auraient peut-être jamais dû exposer Jovenel MOÏSE, à la merci de ces gourous de notre économie sans scrupule . Bien sûr qu’à l’époque électorale, soit vers 2015 et 2016, années de campagne, ces familles étaient en fait loin encore d’être considérées par Jovenel MOÏSE, comme des oligarques corrompus.

Dans mes propos illustrant le catalogue destiné au Barrage de Marion (dans le Nord Est du pays), en date du 1e mai 2021, j’avais en fait voulu attirer l’attention du Président de la République, Jovenel MOÏSE qui a d’ailleurs personnellement supervisé la conception et la réalisation du catalogue à travers son service de communication.
Inutile de rappeler ici par ailleurs que le Barrage Marion était son dada.

Laissez- moi en passant rappeler que l’inauguration de ce barrage hydroélectrique est pour les habitants de la région du Nord-est et du Grand-Nord en général, une énorme satisfaction tenue par le chef de l’État, Jovenel MOÏSE, s’appuyant sur le modèle cubain qui a développé tout un réseau de micro centrales électriques en régions isolées pour être connectés.

De l’Antiquité à nos jours, il est prouvé que gouverner un pays n’est jamais une chose simple. Et pire encore, gouverner Haiti…

On l’a vu depuis plus de 200 ans où justement, 200 ans plus tard, c’est l’être haïtien qu’il faudrait quasiment réformer pour donner leurs chances aux générations futures. Tant nous sommes méchants et violents. Certes les générations d’avant ont beaucoup souffert , mais elles nous ont foutus aussi dans une horrible souffrance dont nos enfants porteront longtemps les séquelles.

Nos élites ont depuis et jusqu’à nos jours, pris en otage la population, les classes moyennes, les classes politiques, le secteur socio-économique, et même, les quartiers pauvres devenus tantôt des communautés marginalisées, tantôt des zones de non- droit, tantôt enfin des ghettos livrés à la drogue, aux armes illégales, et aux violences diverses les plus meurtrières…Bref.

Je parlais plus haut , dans ce texte, des erreurs du Président Jovenel Moise. Dans la liste de ses failles, il est un fait certain que le Président Jovenel MOÏSE n’a pas réussi à juguler la vague de violences organisées par ce que lui, Jovenel MOÏSE, il appelait toujours les Oligarques corrompus, sans savoir qu’un jour ou l’autre, ce sont ces mêmes Oligarques Corrompus et ces mêmes violences traditionnelles d’ailleurs qui allaient l’emporter dans la tombe.

Jovenel Moise faisait une confiance aveugle , dis-je, alors que l’excès en tout nuit…

Parlant d’un ami commun, c’est Jovenel Moise lui même, qui m’a dit alors qu’il me recevait un soir, chez lui, à Pelerin 5, :

Ministre, je lui fais une confiance aveugle…

Quand de la bouche d’un Président de la République, j’ai entendu l’expression “confiance aveugle”, j’ai hoché la tête comme si je sortais brusquement d’un sommeil engourdi.

En passant, moi personnellement, j’ai toujours du mal à faire confiance encore moins une confiance aveugle.
C’est ce qui m’a fait tiquer chez le Président ce soir-là.

Mais, franchement, avec Jovenel Moise, j’ai une expérience riche et nettement différente de ce qu’une certaine presse traditionnelle a bien voulu formater justement pour préparer psychologiquement son assassinat . Pour moi, ce fût un homme simple. Un homme sage. Il avait sa manière d’ètre ” malin” comme tout bon paysan d’ailleurs, pour échapper peut -être, à la foudre. Mais il était toujours profondément franc et transparent.

Ce fût, comme on dit vulgairement, un bon paysan de souche, et fier de l’être. Voire même, fier de devoir retourner vivre le reste de sa vie, dans sa campagne.

Voilà pourquoi, Jovenel MOÏSE a dédié presque toute sa vie à la paysannerie, quitte à négliger parfois la capitale de Port au Prince, “source de tous nos malheurs…”

Il le savait d’ailleurs , que Port au Prince était la source de nos malheurs, et il ne cessait en Conseil des ministres de le répéter , incluant cette obsession pour les Oligarques corrompus .

En banalisant les intrigues de la capitale Port au Prince, il a payé ainsi le prix de sa vie et nous fait encore penser de nos jours à ce proverbe créole savoureux :

Nan la vi, ti paille ou pa we a , se li ki kreve zye ou…

Car, qui peut disposer de 20 à 30 millions de dollars américains en juillet 2021, en Haiti, pour assassiner un Président de la République ? Qui peut mettre au point une machine aussi huilée qu’infernale pour éliminer physiquement un chef d’Etat ?
Franchement, quand elles font le mal, nos élites, elles le font bien.
Cet assassinat de Jovenel Moise, aujourdhui et à l’avenir, doit servir d’exemple à tous les chefs d’Etat de la planète , à toutes les femmes et les hommes au pouvoir.

Encore une fois, à partir de l’assassinat de Jovenel Moise planifié, orchestré, réalisé, evalué et suivi par une frange de la bourgeoise haïtienne, on reste et demeure un mauvais exemple pour toutes celles et pour tous ceux qui dirigent un pays ou qui sont appelés à le faire.

Je disais que mon expérience aux côtés de Jovenel MOÏSE, président de la République entre février 2017 et le 7 juillet 2021, est extraordinaire. Je découvre un homme loyal, qui a le sens de la parole donnée, un homme nettement différent de ce qu’une certaine presse et parfois, de ce que des éléments des réseaux sociaux veulent me vendre pour me manipuler.

Avec lui, Jovenel MOÏSE, comme avec Jean Bertrand Aristide , déjà, entre 2001 et 2004 et même avec René Préval , entre 2006 et 2011, ou enfin, parfois, avec Michel Martelly, en 2011, 2012, j’apprends désormais que la Presse peut bel et bien vous diaboliser au point de faire de vous, un monstre dont vous êtes fier vous-même…

En mars 2020, Jovenel Moise fait choix de moi comme Ministre de la culture et de la communication au sein du Gouvernement dirigé par Joseph Jouthe.

Jovenel MOÏSE ne m’avait jamais rencontré pas une fois avant de me nommer. Vu que je suis un personnage public depuis une trentaine d’années dans mon pays, peut-être qu’il me connaissait de loin.
Je n’en sais rien.

Tout compte fait, l’un fuyant l’autre par discrétion, et réserve, je suis resté ministre durant au moins 1 an sans jamais avoir eu un tête-à-tête avec le Président de la République, Jovenel Moise qui nous avait filé pourtant ses coordonnées téléphoniques très tôt en mars 2020, juste avant la catastrophe pandémique.

En effet, la Covid19 a été une véritable épreuve pour le Gouvernement Jouthe qui a bel et bien réussi à sauver la population du désastre sanitaire qui la menaçait.

Comme je ne l’ai jamais appelé pour solliciter un rendez-vous ou autre chose, il m’a fallu donc attendre près d’un an pour que le Président Jovenel Moise, à l’inverse, m’appelle un jour par téléphone, avec une gentillesse incroyable en vue de me solliciter avec moi, une rencontre.

Apparemment, il était prêt à venir chez-moi, ce jour là, un samedi aux environs de trois (3) heures pm. On finit par convenir que ce serait mieux que moi, je me rende chez lui de préférence, à Pèlerin 5, à partir de 9 heures pm. J’arrive ainsi dix ( 10) minutes avant l’heure. La sécurité présidentielle était visiblement prévenue de mon arrivée. Elle a ouvert très vite la barrière pour me donner accès à la cour de la résidence présidentielle en attendant que le Président puisse réellement me recevoir. A 9 heures pile, on fit appel à moi. Le Président me fit un accueil chaleureux dans son bureau , autour d’une longue table. Enfin on était en tête à tête…Il était épuisé, son visage miné, ses yeux cernés, ses joues crevées, il se battait psychologiquement, ce soir-là pour paraitre heureux, mieux me rassurer, me mettre à l’aise. La conversation eut lieu essentiellement sur la situation sécuritaire du pays qui paraissait paniquer le Président de la République au lendemain de l’échec des opérations policières de Village de Dieu où des agents de Swat Team ont spectaculairement été humiliés par les Gangs criminels de ce Village redoutable situé à l’entrée sud de notre pays. Il avait besoin de comprendre ce que moi, je pensais de la situation gênerale du pays, au titre de ministre de la culture et de la communication qui a une connaissance de l’histoire universelle, de l’histoire de l’humanité, et qui connait aussi très bien l’histoire contemporaine agitée de son pays, ou encore, qui était absolument appelé à prendre la parole au nom de toute l’équipe gouvernementale.

Notre unique rencontre de ce genre, en seize ( 16 ) mois de ma collaboration avec le Président Jovenel Moise, dura alors trois ( 3) heures, soit de neuf (9) pm, à minuit.

Au moment de partir, le Président m’offre une accolade chaleureuse en me rappelant que désormais, notre relation devrait plutôt être celle de deux (2) frères, deux complices. Car, tout compte fait, il estima que je venais de lui apporter une bouffée d’oxygène…

Il m’a même dit :
“ministre, ma rencontre avec toi, a changé ma vie. ..”

Comme pour le faire rire, j’en ai profité alors pour l’inviter à laisser le Palais national afin de nous rendre ensemble à Village de Dieu qui, de toute évidence, avait l’air de le traumatiser. Il me répondit que l’idée était merveilleuse , mais que le CSPN , Conseil Supérieur de la police nationale, devrait d’abord s’atteler à opérer un premier changement positif au Village ….

Pour lui, c’était anormal que l’entrée sud du Pays, notamment avec les gangs de Village de Dieu et de Grand Ravine, soit prise en otage de cette manière.

Mais, qui avait la charge de donner une réponse à tout cela ?

Pourquoi cela n’a jamais eu lieu jusqu’à l’assassinat du Président, et qu’ aucune réponse n’a été donnée à l’insécurité ?

Pourquoi ?
Pourquoi ?

Après 89 Conseils des ministres où l’ordre est toujours donné par le chef de l’Etat et adopté en Conseil, ce qui m’a le plus frappé comme ministre de la culture et de la communication de Jovenel MOÏSE, c’était justement son impuissance…
(je ne suis sûr de rien). Cette impuissance sensible à mon sens, à peine perceptible, face à l’insécurité qui a réussi de fait à le mettre à genoux. A nous mettre en genoux. Cette impuissance qui a régné en sous-main durant ses quatre (4) ans de pouvoir politique offrant tout un abri à l’insécurité.
Or, c’est cette insécurité qui finalement a eu raison de notre Président.

En résumé, dans nos Conseils des ministres, le mot insécurité / sécurité était toujours à l’ordre du jour et provoquait parfois des débats libres, ouverts, spontannés et même houleux. Le Président Jovenel Moise avait à la fois, un respect et une patience énormes à écouter ses ministres. Pour lui , tous les ministres devaient être libres de s’exprimer.

Il y en a qui sont allés jusqu’à rappeler au Conseil des ministres que c’était anormal et inacceptable que Maitre Montferrier Dorval par exemple, soit assassiné dans le quartier même de résidence du Chef d’Etat. Et que c’était mauvais signe, car les assassins de maitre Dorval, dans leur test, ( de fait, a posteriori, c’en était bien un test), pourraient bien être les mêmes qui auraient tué le policier Guerby Geffrard, les mêmes qui auraient tué le journaliste Diego Charles et mon amie Antoinette Duclair. Pas de doute, tuer spectaculairement est devenu une vraie politique appliquée par une frange de l’opposition politique supportée par une certaine économique et subie par tous les pouvoirs politiques en place dans notre pays, durabt les vingt ( 20) dernières années. Jean Bertrand Aristide (octobre 1994- février 1996) et (2001-2004) en a fait l’amère expérience qui l’a donc poussé du haut de sa chair, un jour de funérailles, à prononcer son fameux “JE VEUX ET JE PEUX ” pour montrer à ses adversaires-assassins que lui aussi, il était capable d’avoir leur peau et que ces adversaires n’avaient nullement le monopole de la violence. En tuant ainsi, les assassins savent que politiquement, cela peut destabiliser tout le pays. Sans oublier que ces assassins pourraient être aussi, toujours selon nos débats en Conseil des ministres, les mêmes qui attenteraient un jour à la vie du Président. Puisqu’ils ont réussi leur test- Dorval, il ne resterait alors qu’à passer à la phase d’assassinat de Jovenel Moise. Celui -ci n’étant pour un secteur toujours hostile, que la principale cible à abattre.

De sorte qu’au Conseil des ministres du dimanche 4 juillet 2021, soit deux (2) jours avant l’assassinat du Président Jovenel Moise, je lui ai suggéré personnellement de revenir avec la mesure d’état d’urgence sécuritaire. Car , par exemple, le massacre de Delmas 32 était révoltant et qu’il fallait absolument lui donner une réplique .
Aux grands maux , les grands remèdes….

A cette dernière recommandation, Jovenel Moise, le Président de la République, après un long et profond silence, me répondit en mentionant mon nom (pour une toute dernière fois), qu’il allait ” y réfléchir sérieusement…. “.
Tout ceci, sans s’imaginer que c’était en réalité notre dernier Conseil des ministres…

Si l’insécurité représentait un grave défi, chez Jovenel Moise, le maitre-mot s’appelle la communication. Pour Jovenel Moise, tout ce qui n’est pas dit , n’existe pas. Il faisait sienne ainsi, cette formule d’un chef d’Etat ou d’un intellectuel francais contemporain qu’il reprenait à cor et à cri, qu’il citait tout le temps pour nous au Conseil des ministres.

C’est devenu pour lui une seconde nature de communiquer, de raconter, de dénoncer, d’expliquer, de justifier, de projeter. Or, en Conseil des ministres, un jour, au lendemain du carnaval de Port de Paix, je lui avais précisé que la communication peut être aussi parfois, une arme à double tranchants.

Pour me justifier, je lui ai dit alors que si le carnaval de Port de Paix a été un succès, cette année, 2021, malgré les critiques acerbes, les menaces et les appréhensions, c’est tout simplement parce que le ministère de la culture et de la communication avait fait le choix stratégique de ne pas communiquer (théorie de la non- communication) sur l’organisation du carnaval 2021 et sur ses différentes étapes techniques.
Surprises…

L’expérience nous a montré en effet que dans la vie, dans notre pays, dans ce monde de toutes les méchancetés, si l’on expose trop souvent ses projets et ses plans, on ne reçoit pas nécessairement des encouragements et des bravos. Au contraire, en communiquant trop sur ses plans , on fournit aux méchants (es) sans le savoir, les clés, les codes et le timing , qui leur permet ainsi de mieux nous détruire, de mieux nous bloquer et de boycotter nos rêves.

Or, la communication chez Jovenel Moise est une seconde nature. Personne ne peut le dissuader d’agir parfois sans communiquer , encore moins un ministre de la communication dont le Job est bel et bien de communiquer.

Est-ce pour cela qu’ il m’arrivait souvent de me présenter carrément, plutôt comme un MINISTRE DE L’ECOUTE, lol…
Juste pour faire un peu de provocation….

De fait, j’adore provoquer, polémiquer…

Tout compte fait, avec Jovenel Moise que certains nous campent comme un dictateur, moi, ministre , j’étais absolument libre de dire ce que je veux autour de Jovenel Moise.
Exactement, comme cette autre ministre, pour ne pas la nommer, était tout aussi libre de piquer des crises de colère en présence du Président de la République. Celui-ci se montrait toujours tolérant. Sans oublier ces nombreux débats contradictoires, passionnés et houleux . Tout se passait sous l’oeil généreux du Président de la république. Ce dernier prenait toujours par ailleurs, le soin de nous rappeler , durant chaque Conseil des ministres, que la cohésion et la solidarité gouvernementales étaient incontournables pour que l’équipe gouvernementale puisse être toujours capable de réagir en bloc solide à toutes les attaques et à toutes les hostilités.

De fait, si Jovenel Moise a perdu la guerre de l’insécurité, n’en déplaisent à ceux qui ont fait beaucoup d’efforts en ce sens, j’ose ici affirmer que, contre toute espérance, Jovenel Moise mine de rien, a gagné la bataille de la communication. En tant que NON- VIOLENT dans l’âme, Il est, on ne peut plus, resté accroché toute sa vie à la philosophie dialectique.

Monsieur le Président, en ce dimanche 4 juillet 2021, de votre dernier Conseil des ministres virtuel, je reste encore fier de vous, de votre retour en arrière à François Rabelais et à sa formule magique :

” Science sans conscience n’est que ruine de l’âme “…

Quand vous avez cité Rabelais lors de ce Conseil des ministres du 4 juillet, notre tout dernier rendez-vous avant votre mort insoutenable, c’était plus qu’un retour à Rabelais ou au 16e siècle de la Renaissance , en réalité. C’était une nécessité philosophique urgente pour notre époque actuelle qui a tout perdu ou presque, en terme de valeurs morales, institutionnelles et professionnelles.
Vous, Président, qui avez été tout un pan de votre vie politique, victime d’un certain mode de dénigrement qui tue tout vivant l’homme moderne, et aussi, l’homme historique vous avez voulu être, j’assume avec vous François Rabelais pour rester solidaire de votre mémoire.

A ce stade, l’on se souvient que le Président Jovenel Moise était tout le temps accusé de tous les maux du monde, de tous les maux contenus dans la Boite de Pandore. Il est justement intéressant de noter que si toutes les autres accusations formulées contre lui, sont peut -être vraies (personne ne sait), celles le présentant parfois comme un assassin, restent et demeurent largement fausses. Car, Jovenel Moise aurait été un assassin que celles et ceux qui l’ont assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet, auraient mille fois réfléchi en fait avant de se pointer dans les parages de sa résidence privée.

C’était plutôt un homme de parole, un amoureux de la communication humaine et dialectique. Il n’était pas né à dire vrai pour faire de la politique, encore moins, pour faire de cette politique à l’haitienne, cruelle, sauvage et impitoyable. Il croyait sans cesse aux pouvoirs de la parole et du dialogue. Ce qui, entre les déboires de sa campagne électorale, les premiers jours de son installation au Palais national , les débuts de sa prise de pouvoir, la grande bataille atroce de Petro Challenge, les guerres violentes du ” pays lock ” et du pays relock, les intrigues et coups-bas de certains de ses Premiers ministres et d’autres proches collaborateurs, ses déboires avec un parlement notamment un Sénat de la République qui n’a pas hésité à faire acquisition de matières fécales comme arme de combat contre les Premiers ministres choisis par Jovenel Moise, et tout ceci, sans oublier le coup d’Etat avorté du 7 février 2021, les échauffourées sur le code pénal et le référendum constitutionnel. Enfin, les sorties du groupe Fantom 509 illustrées par toutes sortes de terreurs et de spectacles violents. Etc…

Depuis la mort macabre du Président, des auteurs d’articles et de tweets à sensation ne cessent de tenter de justifier l’assassinat de Jovenel Moise , d’oser jusqu’à démontrer parfois le bien fondé du crime. Sans vouloir les classer eux-mêmes par exemple, dans une catégorie d’auteurs ” intellectuels ” de ce meurtre inqualifiable, quel que soit le prétexte, je voudrais prendre le temps d’attirer ma propre attention sur le fait que Jovenel Moise est installé le 7 février 2017 au Palais National et qu’au cours de la même année 2017, il échappait déjà à une tentative d’assassinat tandis que son cortège se trouvait sur la route nationale # 1, la route Nord du pays.
Ma question :
Si le coup avait réussi en 2017, quelle explication , quelle justification, allait-on donner alors à la société ?

Bref…

Il faut finalement admettre que la classe politique et les élites en général ont besoin de se ressaisir. Elles doivent comprendre que la violence et le radicalisme traditionnels dont elles font montre trop souvent, ne conduiront nulle part un pays oû les décideurs refusent de faire des concessions. La classe politique en bloc doit comprendre aussi que l’intolérance en Haiti est en train d’atteindre des proportions inacceptables. Cette intolérance généralisée fait une course effrénée à une autre intolérance qu’on peut appeler une intolérance politique qui elle-même a déjà franchi la ligne rouge. Presque tous les crimes commis dans notre pays au cours de ces 35 dernières années post- Duvalier peuvent être facilement mis sur le compte de notre intolérance à la fois générale et politique. L’assassinat de Jovenel Moise constitue ce pic de toutes les intolérances réunies et nous place d’emblée sur une pente descendante dangereuse. En même temps, que cet assassinat doit du coup nous amener à prendre conscience de la gravité de l’heure actuelle et de la nécessité de chercher , de trouver en nous un certain sens du compromis à partager autour de nous.

Ce sens de l’autre a permis en définitive au Président Jovenel Moise d’échapper à sa manière, à tous les pièges, de surmonter tous les obstacles, de traverser tous les océans, toutes les mers, de déconstruire , puis, autant que possible, de construire, grâce à la magie de la (sa) communication.

Tant il inventa les Dialogues communautaires, tant il échoue par contre à réaliser son fameux projet de dialogue national. Mais, son souci, à n’en pas douter, c’est le “dialogue ” quand même. La voie normale quand même. Les élections quand même. Le référendum quand même afin que la postérité, au delà de la catastrophe constitutionnelle de 1987, puisse bénéficier d’une toute nouvelle charte adaptée aux goûts de la modernité et que le pays soit mieux géré au bout de compte. Pour réussir à faire tout cela, Jovenel Moise n’avait jamais cessé de nous convaincre, au Conseil des ministres que c’est par le biais de la communication qu’on y arriverait. Non, par la force brutale.

Or, du moment oû l’on commence à gagner les batailles dialectiques, il ne reste qu’une seule alternative à certains adversaires médiocres , c’est celle de recourir aux insultes et aux violences. C’est celles de se référer au couteau, au révolver, au fusil, à la machette, aux poignards, aux complots.
A tout adversaire qui constate qu’il est en train lentement mais surement, de perdre l’argument dialectique, il reste on dirait l’argument du bâton comme recours. Il reste l’argument de la violence aveugle et sans pitié.
Il reste l’argument de la propagande mensongère. Il reste l’argument du chaos. Il reste l’argument du crime instrumentalisé , plannifié, justifié, vulgarisé, plébiscité par des intellectuels et des leaders d’opinion comme certains le font encore, de nos jours, sur le cadavre de Jovenel Moise.
On eût dit ce livre intitulé :
LE CRIME EXPLIQUÉ AUX ENFANTS

A cela, nos intellectuels, les réseaux sociaux et certains de nos journalistes sont brillants pour convaincre.
Au fait, des étrangers (es) se demandent chaque jour, mais comment faites -vous, comment faisons-nous en Haiti pour assassiner notre propre Président ?

Certains de nos intellectuels ( es) ont déjà la reponse selon leur degré de cynisme.

Je crois même avoir lu quelque part que Jovenel Moise a tout fait pour mourir. Comme si, sur cette triste terre, il y en a qui possèdent les vertus d’échapper à la mort.

Ainsi, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, la violence contre Jovenel Moise s’est tout simplement transformée en assassinat physique et monstrueuse qui révèle du coup les limites intellectuelles et morales des assassins, de leurs complices et des tous les auteurs financiers et intellectuels de ce crime horrible. Celui qui finance un crime est un assassin. Celui qui commandite un crime est un assassin. Celui qui éxécute un crime est un assassin. Celui qui a l’intention de tuer est un assassin. Celui qui fuit la justice quand il est présumé assassin risque de paraitre pour un assassin. Un assassin est un assassin….

En résumé, pour bien comprendre le crime perpétré contre Jovenel Moise, il s’agit de retenir que c’était bel et bien l’unique porte de sortie de tous ces/ses adversaires coincés, traqués, menaçants et violents, de tous ses / ces adversaires-ennemis qui soudain, se sont rendus compte qu’ils ont lamentablement perdu le combat dialectique .

L’histoire retiendra donc que ces lâches n’avaient, en fin de compte, d’autre choix que d’assassiner physiquement Jovenel Moise croyant en finir ainsi avec ses idéaux et sa mémoire. Encore sont- ils trop médiocres en effet pour savoir qu’on n’efface pas ainsi la mémoire d’un chef d’État élu, encore moins au 21e siècle, la mémoire d’un Jovenel Moise. Celui-ci de son vivant avait bel et bien déjà prévu de survivre en restant, on dirait un os de poisson, une arête de poisson, éternellement coincé dans la gorge de ses adversaires violents, de ses ennemis radicaux, de ses assassins et de tous les des Oligarques corrompus qu’il avait combattus de son vivant.

Ainsi, Jovenel MOÏSE est donc assassiné
– à l’instar de tous ces leaders politiques de la planète,
– à l’instar de tous ces chefs d’Etat martyrs du monde entier,
– à l’instar de tous ces innocents massacrés chez nous, en Haiti, de toute notre époque contemporaine, pour assouvir la soif de sang de certaines de nos femmes et de certains de nos hommes politiques .
– à l’instar enfin, de Jean Jacques Dessalines, le Père de notre patrie et de tous nos autres chefs d’État martyrs, du 19e et du 20e siècle,
il est assassiné, Jovenel MOÏSE…

Et que justice soit faite.

Pradel HENRIQUEZ
10 août 2021
New Jersey, USA

Pradel Henriquez exige justice pour Jovenel Moïse qui n'avait pas ses mains souillées de sang

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Accusé de viol, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, annonce sa démission

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