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Les salaires de misère et l’insécurité poussent des journalistes haïtiens vers d’autres cieux

Les salaires de misère et l'insécurité poussent des journalistes haïtiens vers d'autres cieux
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Les salaires de misère et l’insécurité poussent des journalistes haïtiens vers d’autres cieux

Pendant ces 15 dernières années, de nombreux journalistes ont tourné le dos à la profession. Parfois ce sont les plus expérimentés ou des jeunes frappés de désillusion. Malgré une prolifération des médias dans le pays, et le respect de la liberté de la presse, les journalistes ne sont pas mieux lotis. La profession ne fait-elle plus autant rêver ? Le témoignage de certains travailleurs de la presse montrent qu’ils sont à la recherche d’autres horizons plus cléments.

Précarité, salaire de misère, absence de couverture sociale, insécurité… Le journalisme lui aussi comme corps de métier n’est pas exempt des dernières situations chaotiques qui rongent le pays rendant ce métier beaucoup plus précaire. Pour sauver leur peau face à l’insécurité grandissante, ceux qui le peuvent ont quitté le pays, d’autres cherchent des débouchés au niveau de la fonction publique. Une autre catégorie jette définitivement l’éponge pour embrasser d’autres carrières.

Delva Kimberly qui vit actuellement au Brésil, a longtemps déposé son dictaphone et son carnet de notes. Ce jeune professionnel fougueux a fini par laisser tomber le métier après deux ans et demi. Ce reporter et également présentateur d’une édition de journal télévisé a travaillé dans un média très écouté dans la capitale haïtienne. Désabusé, il a laissé le pays dit-il pour des raisons d’insécurité et le phénomène “Peyi Lòk” qui a bouleversé le pays entre 2018 et 2019.

Les journalistes se plaignent d’être sous-payés?

Les journalistes perçoivent parfois une pitance qui est loin de leur permettre de joindre les deux bouts, encore moins de gagner leur vie. La plupart des journalistes ont un salaire moyen de 10 000 gourdes [moins de 100$ us par mois]. Ils se plaignent de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins. En face, les patrons des médias se la coulent douce.

Sherley Joseph Duperoy elle aussi a fini par tirer un trait sur ce métier. Actuellement, elle est responsable d’une agence de propreté et de ménages.

Pour Sherley:  “les journalistes qui ont abandonné cette voie”. C’est impossible qu’on consacre tout à la profession et qu’on arrive pas à se nourrir et prendre soin de sa famille, déplore-t-elle.

Ce problème de sous-paiement selon Laguerre Djenika qui a laissé Haïti en 2019 pour s’installer en République Dominicaine, est pour beaucoup dans la fuite des journalistes. Madame Djenika Laguerre, mère d’un garçon travaille avec des touristes étrangers en territoire voisine. Elle croit que le maigre salaire d’un journaliste ne peut répondre à ses besoins. “Imajine w ap travay ou pa ka peye yon bon kay, byen manje, regle afè w”, lâche la jeune femme désespérément.

Laguerre Djenika n’a pas mis sa langue dans sa poche pour décrire la réalité. “Je connais des journalistes qui ont un salaire de 5000 jusqu’à 10 000 gourdes. Pour bien vivre à partir de ce métier, il faut que vous ayez un autre boulot ou faire des concessions afin de bénéficier des largesses de certaines personnes”.

Des journalistes contraints de laisser la profession

Si plusieurs journalistes ont décidé de laisser ce métier pour des raisons de salaire, le cas de Jean Dany Danis est différent. Il a été obligé de faire une pause en raison des difficultés économiques auxquelles est confrontée la chaine de télévision pour laquelle il travaillait qui n’avait pas la possibilité de prendre en charge ses employés faute de ressources au moment du “Peyi Lòk”.

Étant au chômage, il s’est rendu en République Dominicaine, et est en train de produire du café pour les supermarchés.

Par ailleurs, Doumy Laguerre qui a prêté ses services à un certain moment à une station de radio, a décidé de faire une pause en raison de l’insécurité et des difficultés de recevoir son salaire convenablement.

Avec sa copine, le jeune journaliste a réfléchi sur d’autres activités. Ensemble, ils ont fondé une école professionnelle située à Delmas.

Dans la même veine, Snayder Pierre Louis qui a collaboré par le passé avec trois médias en ligne fait à présent du freelance. Son refus de s’attacher à une rédaction en particulier est motivé par un instinct de survie.

“Ti jèn yo anvi jounalis men 3 lane aprè yo oblije pral kite”, a indiqué le jeune confrère qui s’est installé en République voisine. Pour Snayder Pierre Louis, cette décision est due aux mauvaises conditions existant dans le secteur de la presse, le manque d’encadrement de certains patrons de médias. “Lavni metye a pa sèten pou ti jèn, bagay yo pa fasil”, a-t-il conclu.

De jeunes journalistes prometteurs tournent le dos à la profession

Pas d’association qui puisse conduire à une enquête, sur les statistiques relatives a la quantité de journalistes qui ont quitté le métier pour des raisons diverses. On peut quand même citer: Peterson Chery, Berminda Henry Frooz , Davidson Saint Fort, Fanel Delva, Stéphanie Charles, Edlene Vernal, John Wesley Delva , Ludger Jules, Orpha Dessources Barthelemy entre autres.

Peterson Chery, un ancien de Radio Ibo et de la RTVC estime que l’impact négatif de l’économie dans le monde a des répercussions négatives sur le métier. De ce fait, Peterson Chery encourage les journalistes à entreprendre d’autres activités qui peuvent générer des revenus additionnels. Le lauréat du prix Philippe Chaffanjon qui, lui aussi, a quitté le pays, souligne que les raisons qui pourraient contraindre certains confrères et consœurs à abandonner le métier résultent du manque criant des moyens financiers des médias.

“Les médias se tournent vers des jeunes avec moins d’expérience, moins de compétence et moins de qualité”, a-t-il souligné. “Anpil patwon pito fè viraj k ap koute mwens kòb la”, a précisé l’ancien journaliste reporter de la RTVC.

Peterson Chery a profité de cet entretien pour critiquer le manque de rigueur et de responsabilité chez certains journalistes. “Je vois une génération de journalistes aujourd’hui qui aime le tremplin facile”, dit-il. “On donne la priorité au buzz et non au décryptage de qualité”, déplore t-il. Face à ce problème, il plaide en faveur d’une redynamisation du ministère de la communication , cette structure aura pour mission de contrôler qui pourrait devenir journaliste et qui possède les qualités intrinsèques pour être journaliste.

En dépit du désintéressement de certains, on observe chaque année un nombre croissant de aspirants candidats aux écoles de journalisme qui pullulent à Port-au-Prince comme dans le reste du pays. Si le baromètre continue ceux qui se désintéressent seront majoritaires.

Les salaires de misère et l'insécurité poussent des journalistes haïtiens vers d'autres cieux

En savoir plus:

Michelot Exavier, lauréat de la catégorie de la presse du concours sur les droits humains de l’OPC

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