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Les prostituées de Port-au-Prince en détresse face à l’insécurité croissante.
Depuis la fin du mois de février, Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, est plongée dans une situation chaotique sans précédent à cause de la violence des gangs. Cette crise sécuritaire impacte durement tous les aspects de la vie quotidienne des habitants, y compris les activités nocturnes. Certaines prostituées du Centre-ville, qui dépendent de leur travail pour survivre, témoignent sous le couvert de l’anonymat de leurs difficultés à subvenir à leurs besoins en raison de l’absence de clients.
En effet, les prostituées de Port-au-Prince sont parmi les nombreuses victimes de l’insécurité croissante. Leurs témoignages, recueillis par la rédaction de Juno7, mettent en lumière la détresse d’une profession déjà stigmatisée et précarisée. Habituellement, ces femmes attendent les clients dans les boîtes de nuit et les rues du centre-ville, mais la peur et la violence omniprésentes les ont forcées à suspendre leurs activités.
« En raison de l’insécurité, nous avons suspendu nos activités de prostitution. Beaucoup de femmes ont quitté le centre-ville de Port-au-Prince pour Pétion-Ville à la recherche d’une vie meilleure, mais j’ai décidé d’arrêter temporairement en attendant une amélioration de la situation dans le pays », a déclaré Jeannette, une jeune femme de 27 ans qui exerçait cette activité dans les environs du Champ de Mars.
Les boîtes de nuit, lieux où les prostituées trouvent la majorité de leurs clients, sont devenues des zones désertées par les hommes en quête de divertissement nocturne. L’insécurité dissuade les clients potentiels de sortir la nuit, rendant impossible le travail des femmes prostituées. L’économie informelle, dont dépend une grande partie de la population, est paralysée par cette atmosphère de terreur.
Carole se plaint que les hommes ne viennent plus en grand nombre pour se divertir comme avant. “Depuis le début des violences en février dernier à Port-au-Prince, les clients se font rares. En tant que prostituées, nous souffrons beaucoup de cette situation », critique Carole, ajoutant que cette activité n’a toujours pas de statut légal en Haïti.
Ces témoignages poignants révèlent l’ampleur des difficultés rencontrées par les prostituées. Déjà marginalisées, elles se trouvent maintenant sans aucune source de revenus, luttant pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. La suspension de leurs activités ne les affecte pas seulement financièrement, mais aussi moralement, alors qu’elles tentent de survivre dans des conditions de plus en plus précaires.
« La prostitution, c’est notre quotidien. J’ai une famille à nourrir et c’est grâce à mes clients que j’ai pu faire quelques économies. Chacun travaille pour subvenir à ses besoins, et nous, c’est notre métier. Nous ne sommes ni des voleuses ni des membres de gangs. Nous sommes simplement des prostituées qui offrent des services sexuels en échange d’argent. Nous ne faisons de mal à personne, » a déclaré Barbara avec amertume.
La crise sécuritaire à Port-au-Prince n’est pas seulement une question de violence et de criminalité ; elle a des répercussions humaines profondes et dévastatrices. Les prostituées, souvent invisibles dans les discours politiques et sociaux, sont parmi les plus durement touchées. Ces femmes souvent marginalisées appellent à l’aide, espérant que la situation s’améliore pour pouvoir reprendre leurs activités et retrouver une certaine stabilité.