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Éditorial

Cette transition qui n’en finit pas

éditorial ,Haiti

« Backfire »

Alors que les injonctions à la démission du président Jovenel Moïse, dépassé par les événements comme la police nationale, se multiplient et que les manifestations-grèves foisonnent depuis plus de quatre semaines, nombreux sont ceux qui se demandent si le dialogue (inter-haïtien) a encore droit de cité. Sans confiance mutuelle, pas de négociation. Après plusieurs rencontres et tentatives d’ouverture entre le président de la République et quelques chefs de partis politiques, chaque camp se montrait méfiant extrêmement vis-à-vis de l’autre. En réalité, cette question n’a pas beaucoup de sens car les protagonistes nationaux restent « incapables » de négocier en dépit des appels répétés au dialogue et au compromis réitérés par la Communauté internationale. Cela est d’autant plus vrai quand il existe une forte opposition interne contre un accord de compromis soit pour « sauver le soldat Moïse » soit pour l’aménager un « départ planifié ou ordonné ». Les causes de cette situation de blocage ponctuée par la crise des carburants au quotidien peuvent s’expliquer de manière diverse.

Relayés et amplifiés par les nouvelles technologies de l’information, les décisions impopulaires comme la hausse des prix des carburants en juillet 2018, l’activation des bandes armées, la dépréciation de la gourde, l’accélération du taux d’inflation (20%) et les nombreux scandales à caractère financier qui ont émaillé la gestion du pouvoir exécutif et ses rapports avec le Parlement et le Secteur privé des affaires vilipendés pour de présumés actes de corruption institutionnalisée (trafics d’influence, concussions, évasions fiscales, contrebande, surfacturations, contrats léonins) ont entraîné un mécontentement sans précédent au cœur de la société, toutes couches confondues, et le dossier (du procès) PetroCaribe dans sa nature sulfureuse a servi de porte-drapeau aux opposants les plus aguerris. L’utilisation de réseaux sociaux et les mouvements de protestations sporadiques, notamment, ont accru la portée du champ d’action alloué à la finalité de l’opposition plurielle et de l’opposition institutionnelle ou parlementaire. Les nouvelles technologies de l’information ont en effet permis une proximité directe des opposants avec l’ensemble de la société, et les dirigeants dont l’immobilisme et l’inexpérience ont souvent servi de cache-sexe à leur incompétence et à leur amateurisme n’ont pas pu se mettre totalement – ou pas du tout – à l’abri de l’exigence de transparence et de reddition des comptes ou de bonne gouvernance qui mobilise désormais notre pays, notre jeunesse en particulier, en guerre contre ce système fondé sur la dilapidation des fonds publics et le conservatisme le plus rétrograde.

Outrancièrement mercantiles et dépouillées de tout souci patriotique aux yeux de l’opinion publique, la fonction et la nature du Parlement dans sa participation envahissante dans les gouvernements successifs des Premiers ministres Jacques Guy Lafontant et Jean Henry Céant (sans compter Michel Lapin et Fritz William Michel) est donc tenue comme étant incompatible avec les impératifs de séparation des pouvoirs, de transparence et de lutte contre la corruption qui sont censés guider, sanctionner, améliorer l’action gouvernementale. On hésite à en rire ou en pleurer. On a débouché sur un pays chaotique en pleine banqueroute avec une population affamée aux abois, un appareil judiciaire moribond, une jeunesse estudiantine prisonnière de la violence des manifestants des rues et des échéances électorales à l’horizon qui ne seront pas respectées en octobre 2019. Si tel était le plan, il a marché en tous points. C’est le retour du bâton ! C’est cette collusion entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif qui a plombé, perverti, sacrifié la présidence de Jovenel Moïse : face à des adversaires et aspirant-dirigeants capables de tout, très expérimentés en termes de pouvoir de nuisance et d’agitation, solidaires et déterminés dans les actions de déstabilisation, il n’a pas su faire preuve d’esprit d’anticipation, d’ouverture d’esprit, d’humilité et de promptitude avisée dans ses décisions.

Pierre-Raymond DUMAS

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