Élections, gang armé, kidnapping, dysfonctionnement de la justice, violations des droits humains , l’ONU fait son rapport sur la situation du pays
Le secrétaire général de l’organisation des Nations-Unies, Antonio Guterres, en application de la résolution 2547 du Conseil de sécurité, prolongeant le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a présenté son rapport sur la situation d’Haïti qui se prépare à franchir plusieurs étapes politiques majeures prévues en 2021, notamment la tenue d’un référendum constitutionnel et d’élections législatives, municipales, locales et présidentielles.
Dans ce contexte, estime l’ONU, les divisions du corps politique se sont encore creusées pendant les derniers mois de la période considérée. “Le Président Moïse a continué de gouverner par décrets en l’absence d’un pouvoir législatif opérationnel, tandis que certains groupes politiques et groupes de la société civile lui ont demandé à plusieurs reprises de démissionner le 7 février 2021 au plus tard. Malgré la polarisation persistante de la classe politique, différents acteurs politiques, sociaux et économiques qui souhaitent trouver un terrain d’entente ont continué de s’employer à parvenir à un consensus, sans résultats concrets jusqu’ici”, précise ce rapport.
S’ajoutant à ces tensions politiques, la dégradation de la situation de sécurité et
notamment l’incapacité du Gouvernement à lutter contre les enlèvements et la montée de la criminalité ont suscité l’inquiétude de la population et alimenté les manifestations antigouvernementales. L’insécurité s’est aggravée, notamment sous l’effet d’une vague d’enlèvements et de plusieurs meurtres impitoyables, ce qui a exacerbé l’indignation de la population : il y a eu en moyenne 84 manifestations par mois au deuxième semestre de 2020. Cette situation a contraint les autorités haïtiennes à prendre des mesures énergiques pour contrer l’escalade de la criminalité liée aux bandes organisées, a ajouté Antonio Guterres.
Bien que les activités des groupes criminels armés aient été perturbées par les efforts de la police nationale et de la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réintégration, qui s’est employée à négocier une désescalade avec les bandes, 70 enlèvements ont été signalés entre septembre et décembre (dont les enlèvements de 13 femmes et de 6 mineurs). Le regain d’intérêt du Gouvernement pour les questions de sécurité publique a eu peu d’effet sur le système de justice pénale haïtien. Pendant la période considérée, le mécontentement des acteurs du système judiciaire ne s’est pas dissipé, le renforcement de la police a été limité et la population carcérale a augmenté, peut-on lire dans ce rapport.
Droits de l’homme
La situation des droits humains en Haïti est restée marquée par l’activité des bandes organisées et l’incapacité persistante des autorités de l’État à bien protéger le droit des citoyens à la vie et à la sécurité. De plus, les conditions de détention, que le Comité des droits de l’homme a déjà qualifiées de traitement cruel et inhumain, demeurent très préoccupantes. La mission a constaté que les violations des droits humains et les atteintes à ces droits se poursuivaient en Haïti, principalement dans le contexte des affrontements entre bandes rivales dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Le BINUH a observé une augmentation du nombre d’atteintes aux droits humains, principalement liées aux enlèvements perpétrés par les bandes organisées.
Comme observations, l’ONU avance que l’année 2021 est l’occasion pour les dirigeants du pays de mettre fin à la période préoccupante de gouvernement par décrets, de restaurer la démocratie et d’accroître la stabilité à long terme. Le bon déroulement des différents processus électoraux prévus au cours des 10 prochains mois ainsi que la perspective d’une passation de pouvoir pacifique du Président à son successeur dûment élu aideraient grandement le peuple haïtien à s’engager résolument sur la voie du développement durable et de l’amélioration des possibilités économiques.
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