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Martissant: l’enfer quotidien des oubliés de l’État depuis une année

Martissant: l'enfer quotidien des oubliés de l'État depuis une année
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Martissant ou l’enfer quotidien des oubliés de l’État depuis douze mois

1er juin 2022: 12 mois déjà depuis que des bandits armés se disputent les territoires de l’entrée Sud de la Capitale. Cette guerre territoriale qui se déroule sous l’œil passif de l’État a coûté la vie à environ 30 personnes sans compter le nombre des personnes déplacées qui dépasse les 60000 selon le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme.

Des familles détruites, endeuillées, appauvries et divisées, des rêves assassinés, quatre départements bloqués, plusieurs centaines de milliers de gens aux abois depuis douze longs mois, les impacts de la guerre des gangs à Martissant sont plus considérables qu’on ne le saurait penser.

Une année de souffrance

Voilà aujourd’hui une année depuis que, le 2 juin 2021, les gangs de Gran Ravin et 5 Secondes ( village de Dieu) ont fait alliance et attaqué le gang de Tibwa, membre de G9, dans le but de reprendre les territoires conquis par ce dernier: de Martissant 1 à Martissant 25, en passant par Martissant 2A jusqu’à Martissant 6. Pont Breyard, donnant accès directement à Gran Ravin, étant la jonction entre Martissant 1, Martissant 7 et la rue Manigat, perpendiculaire à Martissant et donnant accès à Fontamara.

Disputée par ces gangs rivaux, l’entrée Sud de la capitale est depuis le 1er juin 2021 une véritable zone rouge, un cimetière à ciel ouvert que pourtant chauffeurs et passagers fréquentent au péril de leur vie. C’est le cas de Junior, un jeune chauffeur qui malgré l’attaque qu’il a subie, continue d’effectuer tous les jours le trajet.

Les faits se sont déroulés le mardi 17 mai 2022 alors que le bus se dirigeait vers Carrefour. Après environ un mois de calme apparent, le dimanche 8 mai, les bandits sont sortis de leur trou et durant tous les jours qui ont suivi, vols, Kidnapping, blessés et morts ont été au rendez-vous. Junior, 27 ans, qui, quotidiennement effectue le trajet Carrefour – Centre Ville, a échappé de justesse à une attaque des membres du gang “5 secondes.” Il a abandonné le mini bus qu’il conduisait à Martissant 23 avec les passagers à bord et a pris la fuite. Sous le choc, il déclare avoir passé le reste de la journée à boire.

“Arrivé à martissant 7, c’était comme s’ils guettaient notre arrivée, les “soldats de Izo” me font signe de m’arrêter. Je fais semblant de ne pas les voir et continue, en toute vitesse, ma route. L’un d’entre eux s’est tout de suite lancé à ma poursuite avec sa moto et s’est mis à tirer en l’air. Je ne faisais pas attention car tout ce que je voulais, c’était de gagner le territoire des hommes de ” Kris la” parce que je sais qu’ils ne pourront pas me poursuivre jusque là. Mais la route étant en très mauvais état, je craignais un accident. J’ai donc abandonné le bus avec les passagers à Martissant 23 et pris la fuite”, explique Junior qui a eu ce jour là, une chance que beaucoup n’ont pas eu.

Les témoignages des victimes des attaques de ces jeunes garçons armés ne manquent pas. Le 30 mai 2022, les bandits armés ont attaqué un bus de transport en commun de la compagnie la voix des anges qui assure le trajet Cayes – Port-au-Prince. Cette attaque a causé la mort d’un passager et deux autres ont été grièvement blessés.

Il est important de souligner que ces atrocités ont lieu tandis que les chauffeurs paient régulièrement les gangs armés. Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme écrit dans un rapport : “un frais mensuel de 5.000 gourdes et 2500 gourdes par semaine. Les chauffeurs d’autobus ont bloqué la circulation et manifesté contre ces tarifs. L’État n’est toujours pas intervenu.”

Ti Kajou, Tara’s, Saint Jude…, des alternatives difficiles à la route de Martissant

Depuis que les guerres ont éclaté à Martissant, une bonne partie de la population de Carrefour, Gressier, Léogane et du Grand Sud sont obligés d’emprunter les routes cahoteuses et poussiéreuses de Ti Kajou, Saint Jude ou Tara’s pour se rendre en ville ou vice versa. Le trajet Fontamara – Centre ville varie entre deux cents gourdes à mille gourdes.

“Ceux qui préfèrent passer par St Jude ou Tara’s payent généralement entre sept cent cinquante gourdes et mille gourdes la course qui est assurée par des taxis motos. Mais moi, à l’instar de beaucoup d’autres personnes qui n’ont pas les moyens pour le faire, je passe par Ti kajou”, nous a expliqué Nadine, une marchande qui dépense au moins 400 gourdes tous les jours pour se rendre en ville, à la rue des miracles où elle vend des fruits.

Martissant: l'enfer quotidien des oubliés de l'État depuis une année

Le laisser-aller complice de l’État

Abandonnée, envahie par des eaux malodorantes, des herbes, déchets de toutes sortes, et parfois même des cadavres humains, la route de Martissant se trouve dans un état déplorable.

Depuis douze mois, l’État qui est censé garantir les droits des citoyens, se tient en spectateur passif de la violation de leurs droits. Le directeur général ai de la police nationale, Frantz Elbé, a promis, lors de la présentation du bilan de ses six premiers mois, que la police interviendrait à Martissant pour y rétablir l’ordre. Des promesses qui comme beaucoup d’autres n’ont pas été respectées.

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