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Stéphanie Jean Pierre ou l’histoire d’une héroïne en quête de justice depuis 12 ans

Stéphanie Jean Pierre ou l'histoire d'une héroïne en quête de justice depuis 12 ans
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Les lignes qui suivent dessinent les souffrances quotidiennes vécues par une adolescente de 15 ans, maintenant adulte, qui raconte avoir été séquestrée, violée et torturée par le pasteur et le diacre de son église, anvant de s’enfuir trois ans plus tard. Pour obtenir justice, elle étudie le droit et poursuit son violeur huit ans plus tard. C’est le témoignage glaçant mais plein de dignité et de courage de Stéphanie Jean Pierre, avocate, aujourd’hui âgée de trente-et-un ans, qui décide de passer du statut de victime à celui de témoin en traduisant en justice, le pasteur Armel Lafleur et le diacre Jean Michael Lissaint de l’église Mission évangélique indépendante de la porte étroite de Delmas 33 qui, accuse-t-elle, pour la violer, ont fait croire à tout le monde qu’elle était possédée par des démons puissants.

À 15 ans, Stéphanie Jean Pierre, à l’instar de toutes les adolescentes de son époque, aimait bien se perdre dans les pages des romans à l’eau de rose de la célèbre romancière anglaise Barbara Cartland ou les pages intrigantes des romans du célèbre écrivain français Guy Des Cars, sans se douter qu’un mauvais tour du destin allait lui ravir ce loisir et bien plus encore, son identité. Pendant trois longues années, elle déclare avoir été l’objet de séquestration, d’agressions et de plusieurs stratagèmes aboutissants à des viols perpétrés par le pasteur Armel Lafleur et le diacre Jean Michael Lissaint.

« L’instinct de survie, c’est tout ce qui me permettait de tenir durant ces trois années d’enfer », songe Stéphanie, dont la voix résonne dans le silence de la petite salle de réunion, assez modeste de la firme d’avocats Expertus, aménagée pour la circonstance. D’une sérénité indéniable, Stéphanie revient, sans langue de bois, sur les atrocités dont elle a été victime 16 ans plus tôt.

12 juin 2006, le début d’une sombre et interminable nuit

En 2003, sous l’invitation d’une amie, la mère de Stéphanie Jean Pierre a commencé à fréquenter la Mission Eglise Indépendante de la Porte Étroite (MEDIPE), à Port-au-Prince précisément à Delmas 33, dirigée par le Pasteur Armel Lafleur. Ce dernier lui a fait savoir qu’il était obligatoire que toute la famille Jean Pierre fréquente la même église au risque qu’elle se voit refuser l’accès aux cultes. C’est ainsi que Stéphanie Jean Pierre, cadette d’une famille de trois enfants, ainsi que sa famille sont devenus des fidèles de la MEDIPE. Si pour les autres membres de la famille le processus d’adaptation était automatique, pour Stéphanie, c’était tout le contraire. « Dès le départ, j’ai dit à ma mère que je n’aimais pas leur mode de fonctionnement. Les cultes étaient trop longs et je détestais cette habitude du pasteur Lafleur de m’enlacer », décrit Stéphanie.

Trois années se sont écoulées et Stéphanie a toujours du mal à trouver sa place à la MEDIPE. Sa mère a décidé d’exposer la situation à son pasteur qui lui a expliqué que cette réticence est due au fait qu’elle est possédée par des esprits sataniques très puissants. Il a alors convaincu sa mère de venir avec elle à l’hebdomadaire veille de nuit. « C’était le 12 juin 2006, deux jours avant mon anniversaire. Durant le service de veille de nuit, le pasteur a déclaré à ma mère que l’Esprit Saint lui révèle que je suis possédée par plusieurs démons et que si je rentre chez moi, je mourrai à coup sûr. Ma famille aussi. Sans poser de question ni entendre ce que j’ai à dire, mes parents y ont ajouté foi et ont convenu de me laisser avec lui après le service. Uniquement pour le lendemain. Du moins, c’est ce que croyait ma mère. Mais le plan du pasteur était tout autre », raconte Stéphanie.

Stéphanie Jean Pierre ou l'histoire d'une héroïne en quête de justice depuis 12 ans

Il a convaincu tout le monde que j’étais possédée… Même un commissaire du gouvernement !

« Le lendemain, soit le 13 juin, au lieu de me laisser rentrer chez moi, il m’a emmené chez le Diacre Lissaint à Delmas 75. J’ai été installée dans une petite pièce de moins de 3m2, sans fenêtre, avec seulement “un tatami” faisant office de lit », poursuit la jeune femme.

« Dans la soirée, il a envoyé quelqu’un dévisser la lampe de la chambre sous prétexte que les démons peuvent la dévorer. C’est cette nuit-là qu’il m’a violée pour la première fois. Et depuis, les autres nuits étaient ponctuées d’abus sexuels et de violences de toute sorte », se souvient l’avocate stagiaire au barreau de Port-au-Prince.

Stéphanie raconte que le pasteur Armel Lafleur et l’Évêque Lissaint ont convaincu, en plus de ses parents, tout le monde à l’église, et même un commissaire du gouvernement qui était un fidèle de l’église à l’époque, qu’elle était possédée par des démons. « Pour prouver à tous qu’ils avaient raison, ils me battaient en plein culte prétextant chasser les démons et vu que je répondais par la violence, c’était selon eux la preuve que les démons agissaient en moi », explique-t-elle.

Séquestrée et traitée en démon

Aucun contact avec l’extérieur, jeûnes forcés, surveillance optimale, intimité brisée, viols…, Stéphanie affirme avoir été traitée en tant que “démon”. Le pasteur Lafleur a même changé son prénom. Il l’a rebaptisée ‘’Esther’’, arguant que son prénom ‘’Stéphanie’’ est un prénom diabolique. « En plus des tortures, je regardais, impuissante, mon intimité brisée et mon identité volée. J’étais jours et nuits surveillée par des “gardes spirituels”, tous des hommes, qui me suivaient même à la douche. Je ne pouvais pas manger à ma faim ni boire à ma soif. Dans le regard des autres, que de la haine, je pouvais lire. Personne ne me croyait. Pas même mes parents à qui le Pasteur Lafleur avait dit de ne pas faire attention à ce que je racontais. D’ailleurs, je ne pouvais même pas leur parler sans la présence du pasteur ou du diacre. C’est ainsi que mes déclarations de viols n’avaient pas été prises au sérieux. Même lorsque j’avais dit à ma mère, lors d’une rencontre, que l’évêque Lissaint m’avait fait avorter après m’avoir mis enceinte, elle ne m’avait pas cru » avance l’avocate sous un ton de désolation.

La fuite…

« Ce jour-là, les gardes spirituels qui, comme d’habitude, m’accompagnaient à la douche étaient absorbés dans une discussion et par chance, la barrière était ouverte. J’en ai donc profité pour m’échapper. Je me suis rendue chez ma tante par peur qu’en allant chez moi, ma mère me ramène au Pasteur », se souvient Stéphanie.

Stéphanie signale cependant avoir essayé vainement de s’échapper à maintes reprises. La tentative qui l’a marquée le plus était cette fois où en rentrant de l’église, elle a appelé à l’aide à la vue d’une patrouille de police. « J’avais profité d’un embouteillage et de la présence des policiers pour crier à l’aide. J’avais ouvert la portière de la voiture et m’apprêtais à courir quand, une fois de plus, les agents de police m’ont retenus, convaincus par le pasteur Lafleur que j’étais possédée par le diable ».

Le choc de la famille Jean Pierre

Tandis que Stéphanie, à l’insu de ses parents, s’est réfugiée chez sa tante, le pasteur Armel continue de leur faire croire qu’elle est chez le diacre. Sa mère explique : « il nous laissait croire que Stéphanie était trop saccagée par les démons pour se présenter à l’église les dimanches. Nous l’avons cru ».

Les appels téléphoniques répétés de sa sœur lui demandant des nouvelles de Stéphanie allaient cependant intriguer Mme Jean Pierre et son mari. « Un jour, ma sœur m’appelle pour une énième fois dans le mois, chose qui n’était pas courante, pour me demander des nouvelles de Stéphanie. Elle m’a dit qu’elle a fait un mauvais songe et que je dois aller voir si Stéphanie va bien. Paniqués, mon mari et moi, nous nous sommes rendus chez le pasteur et avons insisté pour la voir. Devant notre insistance, il nous a dit que Stéphanie était partie. Que le diable a eu gain de cause sur son corps, mais qu’elle reviendra dans peu de temps. Et c’était tout. Nous étions effondrés, mais nous avions tout de même continué à garder espoir.

Nous nous sommes par la suite rendus chez ma sœur qui a envoyé quelqu’un nous chercher de chez le pasteur », explique la mère de Stéphanie qui était responsable de faire la lessive pour le pasteur Armel deux fois par semaine.

« Peu de temps après que nous sommes arrivés chez elle, elle nous fait une surprise à la fois agréable et choquante. Tandis qu’on discute, elle appelle Stéphanie qui nous raconte toutes les violences qu’elle a subies. C’est alors qu’on a compris que depuis le début, Armel Lafleur nous manipulait. Ça a été le choc de notre famille ».

Après avoir découvert les stratagèmes du pasteur, les parents de Stéphanie ont décidé d’aller le voir. Il les a menacé de mort si jamais ils s’avisèrent d’en faire un scandale. C’est ainsi qu’en 2009 le couple Jean Pierre a décidé de déposer une plainte au parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince contre le pasteur Armel Lafleur, pour menaces de mort et abus de confiance. Quelques mois, plus tard, survient le séisme meurtrier du 12 Janvier et l’affaire sera classée sans suite.

Stéphanie souligne que depuis qu’elle s’est enfuie de chez le Diacre Lissaint jusqu’à ce jour, elle n’est jamais tombée malade et qu’aucun psychologue ne l’a diagnostiquée d’aucun trouble mental. Sa mère confirme qu’elle n’a remarqué aucun comportement étrange chez sa fille depuis.

« De cette histoire, ma famille est sortie brisée », s’attriste Stéphanie. « Le quotidien à la maison devenait difficile, j’adressais à peine la parole à mes parents, car je leur tenais pour responsable de tout ce que m’avaient fait subir Lafleur et Lissaint.» Avec son père, Stéphanie a été moins sévère, car, selon elle, celui-ci a déjà été puni. En apprenant la nouvelle, son père a fait un AVC qui lui a laissé hémiplégique droite. Il est mort quelques années plus tard.

Stéphanie Jean Pierre ou l'histoire d'une héroïne en quête de justice depuis 12 ans

De la victime au témoin

Les années se sont écoulées et la seule chose qui, pour Stéphanie, importait était de rattraper le temps perdu. Elle n’avait surtout pas droit à l’erreur, car elle devait à tout prix prouver qu’elle n’a jamais été possédée par un quelconque démon. C’était devenu le nouveau challenge de la jeune femme. C’est ainsi qu’en 2009, elle a repris ses études, arrêtées trois ans plus tôt alors qu’elle était en classe de troisième, pour les boucler en 2012. Elle dit adieu à son rêve de devenir médecin et opte pour les sciences administratives économiques et sociales, puis les sciences juridiques à l’École de Droit et des Sciences Économique des Gonaïves (EDSEG). En 2020, elle a été lauréate du concours de droit « Mes Idées En 180 Secondes». Aujourd’hui, elle est avocate stagiaire au barreau de Port-au-Prince, et à la firme Expertus.

Avec le temps, Stéphanie, dans le silence, s’est enfermée. « Comment en parler quand, dès le départ, tu sais que tu te heurteras au jugement des autres qui t’accuseront de blasphème », pense la débatteuse qui est ainsi restée six ans sans oser toucher mot sur ce qui lui était arrivé. « Il m’arrivait parfois d’en parler à certaines personnes, tout en leur laissant croire qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Jusqu’à ce qu’en 2014, après avoir suivi un cours sur la liberté de religion et la liberté de conscience, j’ai pris la décision d’en parler ouvertement. C’est alors que j’ai avoué à Me Jeanty Emmanuel qui était mon professeur que l’histoire que je lui ai racontée sur ma cousine est en réalité la mienne » avoue la jeune femme.

Le désir d’être réhabilitée

Le membre de la basoche avoue qu’au départ, elle ne pensait pas à traduire en justice le pasteur Lafleur et le diacre Lissaint. Elle voulait tout simplement que le révérend Lafleur déclare publiquement qu’elle n’a jamais été possédée. « Tout ce que je voulais, c’est qu’il me présente des excuses et reconnaît avoir fait un mauvais diagnostic de ma situation ». Dans ce contexte, elle a convié le pasteur Lafleur à une réunion. Celui-ci s’est fait représenté par deux autres pasteurs et un homme qui se faisait passer pour son avocat.

« À la réunion , ils ont reconnu m’avoir séquestrée et torturée mais, soutiennent-ils, c’était pour mon bien vu que j’étais possédée. Encore cette horrible phrase qui aujourd’hui me hante encore et m’a poussé à les traduire en justice » déclare la victime devenue témoin.

Sept années d’attente

Me Emmanuel Jeanty, avocat à Expertus firme d’avocat, est l’un des avocats qui accompagnent Stéphanie Jean Pierre dans le cadre de cette affaire. Il raconte comment au départ, il était difficile d’intenter une action contre le pasteur, faute de preuves. « En 2013, quand Stéphanie est venue me voir, j’étais malheureusement obligé de lui dire que, fautes de preuves, on ne pouvait rien contre le pasteur. Jusqu’à ce qu’en 2014, il m’est venu l’idée ingénieuse de convier le pasteur à une réunion autour de la question, en prenant le soin de mentionner dans la lettre d’invitation, quelques infractions relevées dans les faits que m’a racontés Stéphanie. Le pasteur Lafleur a répondu affirmativement à l’invitation, mais s’est fait représenter par deux pasteurs et un faussaire se faisant passer pour son avocat qui, pour prouver que le pasteur est nickel dans le dossier, nous ont remis en présence d’un juge de paix les documents prouvant que Stéphanie Jean Pierre, déclarée possédée, a bel et bien été confiée par ses parents au Pasteur Lafleur qui devait chasser ses démons », étale Me Jeanty.

Les avocats de Stéphanie ont donc porté plainte contre le pasteur Armel Lafleur pour séquestration et détournement de mineure suivis d’agressions sexuelles. « L’instruction de l’affaire qui légalement devait durer 3 mois a duré 3 ans », souligne Me Jeanty qui se plaint de la lenteur de l’appareil de justice en Haïti.

En 2017, le juge d’instruction en charge de l’affaire, Jeudilien Fanfan, estimant qu’il y a suffisamment d’indices concordants susceptibles d’établir leur culpabilité, a rendu une ordonnance de renvoi devant le tribunal criminel siégeant sans assistance de jury, conformément à l’article 300 du code pénal.

“Voilà quatre années se sont écoulées et les avocats du pasteur Lafleur et du diacre Lissaint, tandis qu’ils ont été régulièrement signifiés, ont demandé à la cour, après deux audiences, 8 jours de plus pour préparer leur défense. La cour n’a pas fait droit à leur demande. En conséquence, ils ont effectué une action en dessaisissement de la cour d’appel de Port-au-Prince par-devant la Cour de Cassation”, explique Me Jeanty qui reste très confiant dans la justice haïtienne.

Les avocats du pasteur Armel Lafleur rejettent les accusations de Viol

Le 28 décembre en cours, au micro du journaliste Jean Ismael Valestin, notamment à l’émission Boukante Lapawòl diffusée tous les soirs sur les ondes de la radio MEGA, le Pasteur Armel Lafleur, 60 ans, a reconnu que Stéphanie Jean Pierre a passé effectivement trois années chez le diacre Lissaint et “qu’elle s’est enfuie suite à une défaillance de leur système de sécurité.”

« Les parents de Stéphanie me l’ont confiée parce qu’elle était possédée par des démons. Mais sa mère, étant ma lessivière, en profitait pour la rendre visite chaque semaine », raconte l’homme de Dieu qui signale que Stéphanie commençait déjà à se rétablir lorsqu’elle s’est enfuie, trois ans plus tard.

Par ailleurs, l’avocat du Pasteur Lafleur, Me Guy Alexis rejette toutes accusations de viol contre son client. « Dans ce dossier, il peut avoir toute autre infraction, sauf le viol », défend l’avocat qui accuse Stéphanie d’être manipulée par “un secteur politique” qui veut s’en prendre au pasteur.

Et d’ajouter, faisant référence aux propos de Stéphanie relatifs à sa première nuit chez le pasteur : « si viol il y avait, il serait tout de même impossible pour la jeune fille d’identifier son violeur dans le noir. Aussi, reproche-t-il à Stéphanie de n’avoir jamais présenté, après s’être enfuie de chez le diacre, un bilan médical attestant qu’elle a bel et bien été violée ».

Relativement à leur action en dessaisissement de la cour d’appel de Port-au-Prince par devant la Cour de Cassation, Me Guy Alexis a évoqué le fait que les droits de son client ont été bâillonnés et que la Cour ne leur offrait pas de “sérénité.” L’homme de loi reproche à la Cour d’être partiale pour ne pas avoir donné une suite favorable à leur demande.

En dépit cette longue procédure, Stéphanie Jean Pierre déclare qu’elle est toujours prête à laisser tomber l’affaire en échange des excuses du pasteur

Par le biais de son avocat, Me Jeanty, Stéphanie invite le pasteur Armel à lui faire son mea-culpa et promet en conséquence de laisser tomber l’affaire. « Nous invitons le pasteur Armel Lafleur à mettre de côté son orgueil, reconnaître ses fautes et présenter ses excuses et nous laisserons tomber l’affaire », a déclaré Me Jeanty.

Un double message

À travers ce procès, Stéphanie veut lancer un double message. Aux parents, elle exhorte de faire preuve de vigilance et de ne pas confier leurs enfants à n’importe quelle personne sous la base d’une quelconque autorité. Aussi, invite-t-elle les victimes de viols ‘’hommes et femmes’’ à briser le silence, car, dit-elle, « on ne se fait pas violer, on est violé ». Des séquelles, il y en aura et les cicatrices toute une vie, mais il faut en parler et demander de l’aide. « On n’oublie pas un viol, on apprend à vivre avec » affirme Stéphanie.

Pierre Emmanuella TANIS (journaliste)

Carlos Faustin (vidéographe)

En savoir plus:

Le taux de référence calculé par la BRH pour ce vendredi 31 décembre 2021

1 Comment

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  1. shokee ahmed

    5 janvier 2023 at 10h05

    It is really horrible. The best solution is to sodomize the pastor with
    a cock of 15 inches repeatedly. His anus must be torn by very strong penises.

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