La nature a contraint la plupart des grands commerçants, des propriétaires des grands magasins du Centre Ville de Port-au-Prince à abandonner le centre commercial de la Capitale au lendemain du 12 janvier 2010 pour ne plus y revenir 9 ans après, car les promesses de reconstruction de cette ville fondée par les colons français en 1749, plan à l’appui, n’ont pas été tenues.
En 2019, ce n’est pas une nouvelle catastrophe naturelle, qui, parce que nous continuons de construire en dehors des normes, paralyse, empêche le bon fonctionnement des activités notamment commerciales au niveau des différents marchés publics, magasins et boutiques au Bas de la Ville. Les marchands de légumes en provenance de Kenscoff, Paillant…, les producteurs et marchands de denrées alimentaires de plusieurs régions du pays ne peuvent plus écouler leurs produits au marché de la Croix-des-Bossales à cause des violences armées entretenues par des Chefs, de grands Chefs.
Des commerçants des départements du Sud et du Sud-est ont récemment fermé les portes de leurs magasins, fui le pays, manifesté dans les rues, porté plainte contre l’Etat Haïtien pour dénoncer des bandits armés qui les tuent et détournent leurs marchandises au niveau de Martissant, à l’entrée sud de Port-au-Prince. Les chefs de gangs font la loi. Les habitants de Port-au-Prince et les communes avoisinantes dont Carrefour, Delmas sont sur le qui-vive, dans l’attente de la prochaine attaque armée.
Un simple coup d’œil au Champ de Mars un après-midi vous permettra de comprendre la douleur et l’inquiétude des Carrefourois et Carrefouroises après une longue journée de travail. Lorsque les gangs armés de La Saline s’affrontent, donnent leur concert de tirs d’armes automatiques, écoliers, professionnels, toutes catégories confondues risquent de rentrer chez eux vers 2 heures du matin et ceci dans un mouvement de sauve-qui-peut. Port-au-Prince et ses quartiers populaires où règnent la violence, se meurent. Ce qui pousse plus d’uns à se demander à quand la fermeture de Port-au-Prince, la Capitale d’Haïti ? Une ville livrée aux gangs armés qui sont de plus en plus confiants dans leur métier de tuer, de créer la panique; une ville où la criminalité et le banditisme s’imposent.
A chaque remontée des actes de banditisme et des violences armées dans les quartiers populaires comme c’est le cas cette semaine à La Saline et à Tokyo où des dizaines de maisons ont été incendiées par des individus armés, les dirigeants passent des instructions pour contrer les actions des bandes armées. Dans un tweet mardi, le Président Jovenel Moise dit avoir passé des instructions formelles en vue de prendre des mesures urgentes pour contrer les bandits armés qui menacent la paix dans les foyers et la sécurité publique. Ce n’est pas la première fois que le chef de l’Etat passe ce genre d’instructions. Mais rien, vraiment rien n’a changé sur le plan sécuritaire, la situation s’empire de jour en jour.
Pour le Premier ministre nommé, Chef du CSPN, Jean Michel Lapin qui a annoncé des dispositions pour combattre les actions des individus armés, l’Etat fait face aujourd’hui à une guerilla. De bandits armés à guerilleros, la tache devient plus compliquée pour la police nationale d’Haïti, en manque d’équipements et de moyens, qui doit faire face à ces hommes lourdement armés, très bien équipés malgré l’embargo sur les armes imposé à Haïti, politiquement bien protégés dit-on. La PNH dont la mission est de protéger et servir peut-elle combattre une guerilla ? A moins que l’administration de Jovenel Moise prépare l’entrée en scène de son armée qui commence à prendre forme et corps grâce à une coopération mexicaine spéciale et particulière.
En attendant des actions concrètes pour enrayer l’insécurité et la violence armée, des familles des quartiers déshérités de La Saline, Tokyo … sont tuées,pourchassées par des gangs armés, leurs maisons sont détruites. Le centre de Port-au-Prince qui abrite le plus grand marché public du pays, les institutions publiques et économiques les plus importantes du pays dont la Banque Centrale, le Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit, l’Autorité Portuaire Nationale, l’Administration Générale des douanes qui génère des milliers de gourdes quotidiennement pour faire fonctionner l’Etat, le Palais National, le Palais Législatif, la Primature, la Cour de Cassation … risque d’être fermée totalement.
MRP