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Ce samedi marque le 20ème anniversaire de la tragédie du World Trade Centrer effondré sous les coups d’une attaque terroriste orchestrée par la nébuleuse Al-Qaïda, scellant funestement ainsi le destin de 2977 citoyens américains etétrangers. Toutefois, outre le drame humain directement lié à cet acte terroriste, celui-ci de par sa nature inédite, n’aura pas tardé à occasionner des bouleversements majeurs dans la gouvernance démocratique mondiale qui nous restent en héritage jusqu’à ce jour.
A preuve, depuis le 9/11, on assiste à une suppression des frontières entre sécurité interne et sécurité internationale, remettant ainsi en question le paradigme dominant des études stratégiques axé autour de l’ennemi rationnel, militaire et étatique.
En effet, en raison de la nature asymétrique des attaques du 9/11, quatre (04) changements fondamentaux sont survenus consécutivement dans le champ de la sécurité internationale, dont :
(1) La “Démystification” du territoire: elle désigne l’échec de la stratégie de dissuasion nucléaire qui était destinée à sanctuariser les territoires face aux attaques d’ennemis étrangers de type symétrique ;
(2) La “Désétatisation” de l’objet-référent de la sécurité: elle renvoie au fait que l’individu se substitue désormais à l’Etat comme principale cible des menaces de sécurité ;
(3) La “Déterritorialisation” de l’ennemi ou de la menace: elle se réfère au fait que les ennemis ou les menaces ne sont plus forcément localisés sur un seul territoire ou rattachés à une entité gouvernementale ;
(4) La “Démilitarisation” des enjeux de sécurité: elle se rapporte au fait que les menaces de sécurité sont de plus en plus de nature non militaire, lesquelles exigent de ce fait de recourir moins à des mesures armées qu’à des parades d’action ou des réponses plus politiques, économiques et sociales.
En outre, sur l’échiquier international, le 9/11 a consacré des pratiques certainement questionnables dans la géopolitique mondiale, notamment avec l’introduction de la doctrine du droit de légitime défense préemptive ou anticipative qui permet à certaines puissances de légitimer une intervention militaire réalisée en dehors du cadre légal du Chapitre VII des Nations unies. Ce fut justement cette doctrine introduite par l’Administration Bush qui a permis à Washington de justifier l’intervention de l’armée américaine contre l’Irak de Saddam Hussein à partir du 20 mars 2003.
Cependant, ce qu’on oublie souvent c’est que le 9/11 a eu aussi des conséquences négatives sur la gouvernance démocratique des puissances occidentales elles mêmes. Ainsi, l‘image des attaques terroristes ont permis à ces gouvernements de construire un “Discours de risque”” ou un “Discours de menace” pour porter leurs propres populations à légitimer des mesures d’exception en matière de sécurité qui sont devenues malheureusement la norme, même lorsque celles-ci porteraient atteinte à certains droits et libertés publics.
Ce fut dans ce contexte grâce au triomphe dans l’opinion publique nationale de ce « Discours de risque ou de menace »que la sécurité intérieure de ces Etats a été profondément ‘militarisé’, à travers les pratiques tels que la maximisation des pouvoirs de la Police, l’établissement de tribunaux spéciaux, le blindage des frontières, l’incursion des services de renseignements dans la vie privée des citoyens, l’octroi de missions de Police à des unités militaires dans la juridiction interne de l’Etat (les aéroports, les lieux publics ou de grands rassemblements, les zones stratégiques, etc.)…En claire, les normes de “gouvernance démocratique” ont cédé la place aux pratiques de ‘ gouvernance du risque’, c’est-à-dire un modèle de gouvernance politique qui s’accommode au quotidien des mesures d’exception.
Au tant dire, ce sont pour ainsi dire tous ces changements induits par les attaques du 9/11 tant dans le système international que dans la gouvernance politique des grandes sociétés dites démocratiques qui portent la littérature politique à baptiser le monde contemporain de « Monde Post-9/11 ».
Prof. James Boyard
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