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En Haïti, les gangs armés utilisent les médias sociaux pour se promouvoir et élargir leur portée, note Washington Post
Dans un long papier paru ce samedi 11 juin, le journal américain Washington Post met en lumière une stratégie utilisée par les gangs armés en Haïti pour étendre leur pouvoir et se développer : l’utilisation des médias sociaux. Des experts appellent à mettre fin à cette dérive.
Pour arriver à leurs fins, ces bandes criminelles utilisent les médias sociaux les plus populaires. Elles se servent ainsi de WhatsApp, Instagram, Tik Tok, YouTube, Twitter, entre autres pour embrigader leurs recrues, intimider leurs rivaux, terroriser la population, menacer et se moquer des policiers et des journalistes, selon Washington Post.
« Les gangs utilisent les médias sociaux pour se promouvoir, montrer leur force, délégitimer les institutions étatiques et recruter des adhérents. Dans certaines publications, les chefs de gangs affichent des liasses de billets, des chaînes en or et des montres : symboles d’un style de vie hors de portée de la grande majorité de cette nation appauvrie », analyse le journal.
Interrogé sur ce phénomène, Yvens Rumbold qui codirige un think thank en Haïti, estime que ces bandes criminelles ne seraient pas aussi puissantes sans les médias sociaux. « Nous avons toujours eu des bandits en Haïti, mais sans ces plateformes, ils ne seraient pas aussi célèbres », a-t-il signalé.
Et ce n’est pas Jimmy Cherizier alias Barbecue, le chef de gang de G9 an fanmi e alye, qui dira le contraire. « Je remercie ceux qui créent ces technologies », a-t-il déclaré dans une interview sur YouTube. « Aujourd’hui, la technologie nous donne l’occasion de nous vendre au public. […] Je ne fais pas 99% de ce qu’ils ont dit que j’ai fait. La technologie m’a donné l’occasion de me défendre », selon les propos rapportés par Washington Post.
Aussi, pour le politologue James Boyard ces plateformes ont une part de responsabilité dans ce qui se passe en Haïti aujourd’hui. « Les médias sociaux sont pour beaucoup dans le climat d’insécurité que nous avons ici en Haïti », a déclaré M. Boyard, qui croit que ces plateformes doivent prendre leurs responsabilités en vérifiant leurs utilisateurs, analysant les images sur les comptes et en censurant ceux qui prônent la violence.
Plusieurs de ces plateformes ont agi en ce sens, selon Washington Post. À plusieurs reprises, des contenus publiés par ces malfrats et signalés aux plateformes ont été censurés. Certains comptes faisant l’apologie de la violence ont été également bannis. À titre indicatif, un compte Tik Tok du chef de gang Izo a été banni après que le journal ait interrogé la plateforme à ce sujet. Le même criminel a vu Meta supprimer une vidéo à travers laquelle il menaçait de tuer 30 personnes. La vidéo a été publiée sur Facebook et Instagram.
Les gangs armés font de nombreuses victimes en Haïti ces derniers temps. Pour le seul mois de mai, au moins 200 cas de kidnapping ont été recensés en Haïti principalement à Port-au-Prince. Entre le 24 avril et le 16 mai 2022, au moins 180 personnes ont été tuées lors d’attaques armées à Port-au-Prince, selon l’ONU.
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